Susan Tabak - Photo : Amy Sussman/AFP

PARIS, 16 jan 2008 (AFP) - Pourquoi acheter ses vêtements soi-même quand quelqu'un peut le faire à votre place, et mieux : c'est le crédo des "personal shoppers", un service très personnalisé créé pour une minorité fortunée mais adopté aujourd'hui par certains grands magasins.

L'idée est, bien sûr, américaine. Ainsi la New-Yorkaise Susan Tabak est-elle devenue une figure incontournable de la mode parisienne, après sept ans de fréquentation des milieux les plus fermés et des adresses les plus branchées.

Elle tient son blog (http://chicinparis.wordpress.com/), a publié en 2006 un guide, "Chic in Paris". Et, cinq à six fois par an, elle conduit une clientèle triée sur le volet dans ses boutiques fétiches et dans les défilés les plus prisés. "C'est une passion qui est devenu un métier", explique-t-elle.

Parcours comparable pour Rachel Moukala, la trentaine, une passionnée d'art et de design installée dans le quartier de Montmartre et qui a commencé par donner de bons tuyaux à ses amis américains et à sa famille en matière de mode.

La voilà cinq ans plus tard installée comme "personal shopper", avec deux à trois clients à conseiller chaque semaine, pour des services facturés chaque fois entre 400 et 1.000 euros.

"Mon premier savoir faire, c'est d'être capable d'écouter les gens", estime-t-elle. "Comprendre leurs besoins. Il ne s'agit pas de suivre une mode qui ne convient pas forcèment à tout le monde, mais d'aider doucement les gens à améliorer leur style".

Et Paris conserve une cote à peu près inégalée pour cela. "Aux Etats-Unis nous sommes des consommateurs qui achetons un look dans sa globalité, tandis qu'en France les gens mélangent les styles", relève Susan Tabak.

Rachel Moukala se souvient avoir dû faire preuve d'une diplomatie toute particulière l'an dernier avec une starlette de Los Angeles à la recherche du chic français pour s'habiller avant le festival de Cannes. "Elle portait une bijouterie très +bling-bling+, elle forçait sur le maquillage et voulait avoir l'allure d'une Française", se souvient-elle en souriant.

La cliente type de ces conseillers à l'achat est âgée de 30 à 60 ans, elle peut être actrice comme épouse de diplomate, à la recherche d'une robe pour un soir, d'un renouvellement général de sa garde-robe ou simplement de temps à gagner.

Depuis plusieurs années déjà, le grand magasin Le Printemps a senti cette demande et offre un service gratuit sur rendez-vous baptisé "Le Shopping".

Enfoncés dans un fauteuil autour d'un café, avec une vue imprenable sur Paris, une douzaine de conseillers polyglottes discutent des besoins, des goûts et du budget de leurs clients avant de s'égailler dans les travées du magasin à la recherche de la pièce rare, dans un exercice que Bertrand Le Gal appelle "le picking".

"Je sais quelle marque ira bien sur une silhouette donnée. Nous choisissons les vêtements, nous les ramenons et les clients les essayent. Il n'y a aucune obligation d'achat", fait valoir ce conseiller à l'achat.

Après trois ans dans ce service, M. Le Gal gère un portefeuille d'une cinquantaine de clients qui l'appellent régulièrement, ou que lui-même contacte quand il croit avoir repéré un vêtement qui leur conviendrait particulièrement.

Parmi les clientes enchantées de l'expérience, Amanda Deseta, qui dirige une entreprise vidéo à Los Angeles. Avec son mari, elle a pris rendez-vous à Noël pour trouver des cadeaux pour 10 personnes. "Nous avons tout trouvé en deux heures", se réjouit cette femme pressée.

Par Claire ROSEMBERG