9 003
Fashion Jobs
Publicités
Par
AFP
Publié le
16 nov. 2006
Temps de lecture
2 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Anorexie : "ne valorisons pas la minceur dans ses extrêmes" (Pr Jeammet)

Par
AFP
Publié le
16 nov. 2006


PARIS, 16 nov 2006 (AFP) - La mode "n'a pas créé l'anorexie" mais peut "favoriser" le trouble en valorisant l'extrême minceur, met en garde le professeur Philippe Jeammet, interrogé par l'AFP au lendemain de l'annonce à Sao Paulo du décès d'une jeune mannequin anorexique d'une vingtaine d'années.

Le Pr Jeammet dirige un des rares services spécialisés à Paris dans les troubles alimentaires de l'adolescent et du jeune adulte, à l'Institut mutualiste Montsouris.

Q - Y a-t-il une responsabilité des milieux de la mode dans l'anorexie ?

R - L'anorexie a existé indépendamment de la mode. Quand elle a été individualisée à la fin du 19e siècle ce n'était pas la mode "maigre".

Ce n'est donc pas la mode qui crée l'anorexie, mais c'est l'ambiance générale qui peut la favoriser en valorisant ce mode d'expression.

La mode, la danse, les gymnastes sont des milieux à risques. Chez les garçons ce sont les culturistes.

Ce serait bien que ces milieux se montrent vigilants en disant "Voilà on n'a pas besoin d'avoir des mannequins maigres, il suffit qu'elles soient belles, qu'elles soient minces, qu'elles soient normales. Mais on n'a pas besoin qu'elles descendent à une maigreur anormale".

Et on connait les normes: c'est l'indice de masse corporelle (IMC, calculé en divisant le poids par la taille au carré).

En dessous de dix huit, c'est problématique. Donc ne valorisons pas la minceur dans ses extrêmes.

Q - Y a-t-il une augmentation des cas d'anorexie ?

R - On s'accorde pour penser que depuis cinquante ans il y a une montée de la fréquence de l'anorexie, surtout dans sa variante boulimique, avec des vomisssements pour maintenir le poids normal.

On compte un garçon pour dix filles anorexiques. L'incidence dans la population est de 1 % environ pour l'anorexie, 3 % pour la boulimie.

Cela fait quand même en France 40 000 à 50 000 anorexiques, et 10 % vont mourir sans le vouloir.

Q - Comment expliquer la mort de cette jeune mannequin de dix huit ans ?

Ce n'est pas un suicide, ces jeunes anorexiques ne veulent pas mourir, je dirais même que l'anorexie est une lutte par rapport à leur doute sur elles-mêmes, leur manque de confiance en elles.

Elles ont l'impression que par cette conduite, elles se rassurent sur leur pouvoir de modeler leur corps.

Elles meurent des conséquences de leur anorexie, pas d'une volonté de mourir. Elles font comme cette jeune fille, elle font une infection dont elles ne se relèvent pas.

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.