Carrefour confiant dans sa "croissance durable"

Carrefour a vu ses résultats semestriels légèrement grevés par des éléments exceptionnels, qui ont pesé sur le bénéfice net sans toutefois handicaper la croissance des ventes, mais estime avoir retrouvé « une croissance durable », tout en indiquant vouloir poursuivre sa transformation.

Entre janvier et juin, le bénéfice net recule de 40,2 %, affecté par une plus-value de cession exceptionnelle réalisée l'an dernier lors de la création de sa foncière Carmila et par les coûts d'intégration des magasins Dia en France. Une fois retraité de ces éléments, le bénéfice net pro forma progresse de 17,5 %, à 233 millions d'euros.

Le bénéfice opérationnel courant (ROC) ressort en hausse de 1,3 % (+13,5 % en données pro forma hors changes), à 726 millions d'euros, avec une marge commerciale quasi stable, à 23% contre 22,5 % l'an dernier.

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Les ventes semestrielles, déjà publiées, sont de 42,3 milliards d'euros, en hausse de 5 %, et le chiffre d'affaires hors taxes progresse de 5,2 %, à 37,73 milliards.

« Il s'agit de l'une de nos plus fortes croissances depuis 2008. Nous poursuivons ainsi notre dynamique de croissance pour la troisième année consécutive », s'est félicité le directeur financier, Pierre-Jean Sivignon.

« Grâce à ses capacités d'adaptation (...), Carrefour a retrouvé ses fondamentaux et une forme de croissance durable que nous avions un peu perdu », a estimé le PDG Georges Plassat. Le dirigeant a notamment jugé que « la diversification géographique » du groupe, désormais maîtrisée, représentait « une force », de même que son passage d'un modèle centré sur les hypermarchés à un autre basé sur la multiplication des formats de magasins.

Le groupe a de nouveau jugé « raisonnable » le consensus d'Ebit (résultat avant intérêts et impôts) annuel prévu par les analystes, situé entre 2,51 et 2,53 milliards d'euros.

A la Bourse de Paris, le titre Carrefour s'appréciait de 0,32 % à la mi-journée, à 31,03 euros.

La France enregistre son cinquième semestre de croissance organique d'affilée, avec un chiffre d'affaires hors taxes de 17,58 milliards d'euros (+1,8 %) malgré une croissance moindre au deuxième trimestre par rapport au premier (+3,3 % contre +7,9 %).

Le ROC hexagonal ressort toutefois en repli de 20,9 % (-2,2 % en pro forma), à 321 millions d'euros, avec une marge opérationnelle qui recule légèrement (-60 points de base), affectée par l'intégration des pertes de Dia et l'augmentation de la TASCOM.

« Je suis extrêmement confiant [quant à] l'évolution de la France », a déclaré Georges Plassat, jugeant que l'intégration de Dia serait « à terme une bonne affaire pour le groupe ».

L'Europe voit sa rentabilité fortement progresser (+244 %), à 122 millions d'euros, grâce au redressement de l'Espagne et à une amélioration des marges opérationnelles (+90 points de base), couplés à une maîtrise accrue des coûts d'exploitation. La zone enregistre « sa première croissance organique depuis deux ans » et « redevient ainsi une source de profits », s'est félicité le PDG.

Le ROC de l'Amérique latine est également en croissance de 20 %, à 296 millions d'euros, porté par la persistance d'une bonne dynamique des ventes au Brésil (+6,2 % au deuxième trimestre) malgré le ralentissement économique du pays, qui n'entrave pas la capacité du groupe à « y dégager de la croissance ».

L'Asie reste en revanche dans le rouge aussi bien en termes de ventes (-9,7 % en organique) qu'en opérationnel (-40,2 %), plombée par la Chine. Carrefour compte cependant continuer à y investir, avec notamment des ouvertures d'hypermarchés ou de magasins de proximité, et poursuit ses plans d'adaptation logistique.

Pour la fin de l'exercice, Carrefour indique vouloir « garder son cap », en poursuivant ses actions sur l'offre et l'amélioration de l'image-prix, « sur laquelle nous ne lâcherons plus sous prétexte de restaurer les marges », et en accélérant son expansion multiformat tout en renforçant l'attractivité de ses sites par des rénovations.

« La deuxième partie de l'année (...) va générer sa part de fruits dans la croissance du groupe », a jugé le PDG.

Les perspectives d'investissements annuels entre 2,5 et 2,6 milliards d'euros sont maintenues, de même que les chantiers autour de la logistique et des systèmes informatiques pour maintenir une discipline financière stricte.

« Carrefour n'a pas à rougir. Mais je pense qu'on a encore beaucoup à faire », a conclu Georges Plassat, précisant que la transformation du groupe « va se poursuivre », notamment au niveau de l'intégration des nouvelles technologies.

Par Delphine PAYSANT