Auteur :
Matthieu Guinebault
Matthieu Guinebault
Publié le
15 févr. 2012
15 févr. 2012
Contrefaçon: "L'ACTA est une avancée très forte"
Auteur :
Matthieu Guinebault
Matthieu Guinebault
Publié le
15 févr. 2012
15 févr. 2012
Hubert du Potet |
FashionMag - Quelles évolutions avez-vous perçues dans le domaine des produits contrefaits ?
Hubert du Potet - Le textile-habillement est un des secteurs industriels les plus touchés par la contrefaçon. Dans les saisies réalisées en France et en Europe, le secteur se situe à la deuxième place, juste derrière les cigarettes. C’est encore un secteur très touché. Le second constat que l’on puisse faire est que cela concerne non seulement les produits de luxe, comme c’était déjà le cas par le passé, mais aussi tous les autres types de produits. Le textile est surtout concerné par les copies de dessins et modèles. Jusqu'à présent, ce phénomène se limitait à quelques marques notoires.
FMP - Le poids de la Chine est-il toujours aussi imposant, dans le domaine ?
HDP - Oui, et cela depuis très longtemps. Ceci dit, nous avons des contacts très intéressants avec les autorités chinoises, qui commencent à prendre conscience du phénomène car elles sont elles-mêmes touchées. Le pays commence donc à mettre en place un système qui permet de plus en plus de réduire cette activité. Mais la Chine, c’est 1,3 milliard d’habitants, alors il y a beaucoup de travail à faire. Notamment pour changer les mentalités des acheteurs chinois. On commence à y venir.
FMP - Quels sont les autres pays à suivre de près, notamment dans le textile-habillement ?
HDP - Proche de nos frontières se trouve la Turquie, où il y a encore beaucoup de contrefaçons. Il y a plus loin l’Inde. Et, malheureusement, il faut également compter avec certains pays de l’Union Européenne, et certains pays de l’ex-bloc soviétique. La contrefaçon y demeure très présente, et le phénomène a même tendance à s’y accentuer avec la crise économique. On a des contacts fréquents avec nos homologues dans ces pays pour sensibiliser et mettre en garde les consommateurs.
FMP - Selon vous, est-ce qu’Internet a aggravé le phénomène ?
HDP - On constate qu’il y a beaucoup de produits contrefaits qui circulent en ligne. Et le consommateur est pour l’instant surtout sensibilisé aux produits qui touchent à sa santé et sa sécurité : médicaments, denrées alimentaires, cosmétiques… Nous essayons donc de mettre en avant le fait que l’achat d’une contrefaçon peut causer des disparitions d’emplois, dans des pays déjà menacés par la crise. Nous avançons également le risque de se retrouver face à des colorants nuisibles pour la santé, ou de participer au financement du crime organisé.
FMP - Comment percevez-vous le débat actuel sur l’ACTA ?
HDP - La France est leader dans la lutte contre la contrefaçon, puisqu’elle a instauré un Comité National Anti-Contrefaçon dont l’UIT est membre. Et, en ce moment, nous sommes en train de nous battre sur l’accord ACTA. Il soulève un certain nombre de polémiques, notamment pour les défenseurs du droit du consommateur sur Internet. Nous estimons, nous, que c’est une avancée très forte pour protéger les droits des consommateurs, des titulaires de marques, et des concepteurs de dessins et modèles. Non seulement sur Internet, mais également dans toute la filière industrielle et manufacturière.
FMP - En cas d’adoption du texte, combien de temps faudrait-il attendre pour en ressentir les effets ?
HDP - L’accord ACTA a pour l’heure été validé par l’Union européenne. Il y aura une première réunion le 1er mars avec les différents acteurs concernés pour discuter de ce projet. Et il devrait passer devant le parlement en théorie fin juin afin d’être voté. Je pense qu’il faudra attendre quelques mois, voire quelques années pour en connaître les effets. La lutte contre la contrefaçon est un combat très lent, mais nécessaire.
FMP - Au final, comme pour le Made in France, la sensibilisation du public reste donc la meilleur arme ?
HDP - On parle beaucoup de la notion d’authenticité, actuellement. Il faut savoir que l’on constate beaucoup de contrefaçons au niveau de l’origine. Des produits fabriqués en Chine arrivent ainsi sur nos marchés étiquetés en Made in France ou Made in Italy. L’authenticité sera donc une notion très forte à enseigner aux consommateurs, afin de lutter contre les faux produits.
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