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29 mars 2018
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Donald Trump expose les maux d'Amazon, sans annoncer de mesures imminentes

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Reuters
Publié le
29 mars 2018

Donald Trump a accusé Amazon jeudi de ne pas payer suffisamment d'impôts, de profiter du service postal américain et d'acculer certains petits distributeurs à la faillite, sans pour autant avancer de preuve à l'appui de ses accusations ni proposer des mesures spécifiques.


Le président américain, Donald Trump - Reuters


La Maison-Blanche a précisé par la suite qu'aucune mesure n'était imminente, ce qui a entraîné un rebond du titre en Bourse après deux séances difficiles.

Le président américain a une hostilité connue pour le PDG d'Amazon, Jeff Bezos, et ses dernières critiques sur Twitter sont publiées au lendemain d'un article de presse lui prêtant la volonté de limiter la puissance du géant commerce électronique en s'appuyant sur la réglementation fédérale antitrust.

L'action Amazon, qui avait déjà perdu 5 % mercredi, a encore cédé jusqu'à 4,5 % dans les premiers échanges à Wall Street avant de rebondir après les déclarations d'un des porte-parole de la Maison blanche. Le titre avance de 0,66 % à 1.440,90 dollars vers 18h15 GMT.

« J'ai exposé mes motifs d'inquiétude concernant Amazon bien avant l'Election. A la différence des autres, ils paient peu ou pas d'impôts aux Etats et collectivités locales, ils utilisent notre Système Postal comme Garçon de courses (avec des pertes énormes pour les Etats-Unis) et ils poussent à la faillite des milliers de commerçants », a écrit Donald Trump dans un message publié sur Twitter.

Amazon s'est refusé à tout commentaire.

Mercredi, le site d'information Axios, citant cinq sources, a rapporté que Donald Trump était obsédé par Amazon et souhaitait limiter son essor, notamment en modifiant le régime fiscal auquel le groupe est soumis.

La Maison-Blanche avait réagi en déclarant n'avoir aucun projet en cours concernant le groupe. Il n'était pas possible de savoir dans l'immédiat sur quoi étaient fondées les déclarations de Donald Trump.

Amazon a été accusé par le passé de chercher à échapper à la fiscalité des Etats sur ses ventes mais, depuis avril dernier, le groupe a volontairement collecté l'impôt sur les articles qu'il vend directement aux clients dans tous les 45 Etats qui ont mis en place une telle taxe. Il n'est pas tenu de collecter les taxes sur les vendeurs tiers.

Les Etats et collectivités locales pourrait récolter entre huit et 13 milliards de dollars par an s'ils pouvaient exiger des distributeurs en ligne de collecter cette taxe sur les ventes, selon le Government Accountability Office qui surveille les finances publiques.

La question reste débattue au niveau fédéral, avec une audition prévue le 17 avril à la Cour suprême dans une affaire qui pourrait invalider une décision de 1992 et autoriser les Etats à exiger que les distributeurs en ligne collectent la taxe.

Washington et la Pennsylvanie ont récemment instauré des lois exigeant la collecte des taxes sur le chiffre d'affaires des vendeurs tiers et d'autres Etats devraient suivre.

Jeff Bezos est propriétaire à titre personnel du Washington Post, l'un des principaux journaux américains. Celui-ci a reçu l'an dernier l'un des prestigieux prix Pulitzer pour une enquête sur Donald Trump montrant que les affirmations de l'ex-homme d'affaires sur ses dons à des organisations caritatives étaient parfois exagérées et que certains ne concernaient en fait pas des organisations caritatives.

Raj Shah, secrétaire adjoint à la presse de la présidence, a assuré jeudi que les critiques du président n'avaient rien à voir avec des griefs personnels visant Amazon ou son fondateur.

« Il s'agit bel et bien de politique », a-t-il assuré sur la chaîne de télévision Fox News. Il a ajouté que les critiques de Trump n'impliquaient aucun changement de politique.

« Il y a un certain nombre de propositions qui ont fait leur chemin à la Chambre et au Sénat ou ont été envisagées par la Chambre et le Sénat. Il soutiendrait des efforts de ce genre », a-t-il dit.

« Nous pensons que, pour l'essentiel, il serait difficile pour l'administration actuelle de modifier de manière substantielle le paysage dans lequel opère Amazon », écrivent les analystes de Deutsche Bank dans une note publiée jeudi.

« Nous ne sommes pas naïfs. Le gouvernement pourrait tout à fait poser problème à Amazon, distraire son équipe dirigeante, décourager la prise de risque chez ses salariés et/ou faire baisser sa valorisation à court terme. Mais nous pensons que le risque potentiel lié à la colère du président est bien moins important, au moins à court terme, que celui que Cambridge Analytica représente pour Facebook. »

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