Par
AFP
Publié le
29 juin 2012
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Du tutu à Yves Saint Laurent, la métamorphose du costume de scène

Par
AFP
Publié le
29 juin 2012

PARIS, 28 juin 2012 (AFP) - Ce justaucorps géométrique et sa cape bleue égayeraient les silhouettes en ce début d'été gris à Paris. Créés par Yves Saint Laurent, ils font partie des costumes de scène transfigurés par les créateurs et costumiers de théâtre auxquels rend hommage l'Opéra Garnier. Une soixantaine de costumes de scène et de nombreux accessoires ainsi que les croquis, gouaches, aquarelles et maquettes qui ont servi à leur création, sont exposés entre la bibliothèque et les fastueux espaces publics de marbre et d'or de l'édifice, inauguré en 1875 et conçu par l'architecte Charles Garnier.



Intitulée "l'Etoffe de la modernité", cette exposition est "une histoire en creux de la maison et met en lumière le savoir-faire des ateliers de l'Opéra de Paris", répartis aujourd'hui encore sur ses deux sites (Garnier et Bastille) et qui emploient 150 personnes en permanence, explique à l'AFP Christophe Ghristi, directeur de la dramaturgie à l'Opéra de Paris et l'un des commissaires de l'exposition. Au XIXe siècle, ces ateliers sont célèbres dans toute l'Europe et déploient, autour des oeuvres de Gounod, Wagner, Verdi, Massenet ou Saint-Saëns, un faste qu'aucune autre scène ne peut concurrencer mais qui reste "assez conservateur" dans sa conception générale (costumes, décors, mise en scène), ajoute-t-il.

C'est Jacques Rouché, théoricien de la modernité théâtrale et directeur des Arts de 1910 à 1913 dont il fait une scène d'avant-garde, qui va révolutionner l'ensemble en prenant la direction de l'Opéra de 1914 à 1945.

Kenzo, Lacroix

"C'est l'arrivée des Ballets russes et Rouché, visionnaire, va réunir autour de lui les plus grands artistes de son temps pour faire de l'opéra un art total: Darius Milhaud, Maurice Ravel, Francis Poulenc, Stravinsky... côté compositeurs, Léon Bakst, Natalia Gontcharova, Fernand Léger, André Masson, Jean Cocteau, Marc Chagall, Giorgio De Chirico, Paul Colin ou Pablo Picasso, côté peintres", poursuit M. Ghristi.

Tutus et pourpoints font place à de simples académiques peints comme ceux imaginés par Chirico pour "Bacchus et Ariane" en 1931. Diadèmes et perruques se métamorphosent en couronnes végétales. Les silhouettes s'allègent et se libèrent des codes académiques. Rouché demande à Maurice Denis de concevoir les costumes et les décors de "La légende de saint Christophe", à Masson ceux de "Médée" en 1940 et à Cocteau ceux d'"Antigone" trois ans plus tard.

A la fin des années 60, les couturiers entrent à l'Opéra. Le premier d'entre eux est Yves Saint Laurent qui crée les costumes du ballet de Roland Petit "Notre Dame de Paris" dont celui de Phoebus qui rappelle sa "robe Mondrian". "Il trouve immédiatement le mélange subtil entre histoire et modernité tout en respectant les codes du théâtre", commente M. Ghristi. Kenzo Takada en fera de même pour "La flûte Enchantée" à la demande de Bob Wilson.

Christian Lacroix et d'autres continuent de concevoir les costumes de scène comme un art à l'égal de la haute couture. L'Arlésien a conçu ceux des "Anges Ternis" de Karole Armitage en 1987 et, plus récemment, ceux de "La Source",un ballet de Guillaume Bart.

("L'étoffe de la modernité", Palais Garnier, jusqu'au 30 septembre)

Par Sandra LACUT

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.