Que se passe-t-il chez Esprit ? En 48 heures, deux départs de taille avec Ronald van der Vis, CEO depuis 2009, et Hans-Joachim Körber, président du conseil de surveillance et ancien patron emblématique du géant Métro. A chaque fois, les communiqués officiels invoquent des raisons personnelles et surtout rappellent aux actionnaires que ces départs ne signifient pas des désaccords internes. Mais, la chute de l’action à Hong Kong, une chute d'environ 22%, a de quoi inquiéter et la maison mère a d’ailleurs suspendu mercredi 13 juin la cotation avant d’annoncer le départ de son président du conseil de surveillance.

"Il a dû y avoir des désaccords dans les coulisses. Les deux étaient sur la même longueur d'ondes", commente un proche du dossier. Sur son blog, Profashionnals, Jürgen Müller, ancien rédacteur en chef du Textilwirtschaft, ajoute qu'avec une action en dessous d'un euro et donc une capitalisation inférieure à 1,5 milliard d'euros, le groupe est devenu "une petite prise" si des acheteurs chinois ou des fonds veulent l'acquérir. D'autant que les groupes chinois, voulant acheter des marques connues en Europe, ont là une proie facile, vue qu'elle est cotée à la bourse de Hong Kong.

Ronald van der Vis (Photo du dernier rapport annuel)

Questions clés vues de l’extérieur. Ces départs sont-ils liés à des performances moins bonnes que les prévisions du fameux plan 2014/2015. Celui-ci prévoit le départ, entériné à ce jour, de la marque des Etats-Unis, a limité le Vieux Continent aux marchés clés historiques, dont la France et l’Allemagne, et a ouvert un bureau de design à Shanghai.

Ou bien Esprit, née en 1968 aux Etats-Unis et qui a passé ses 20 dernières années en Allemagne, est-elle en train de devenir asiatique sur le plan opérationnel ?

Pendant de nombreuses années, l’équilibre était là. L’opérationnel mondial était piloté clairement en Allemagne, qui pèse encore la moitié de l’activité, et la finance était à Hong Kong. Un équilibre incarné par le patron, artisan du succès des années 2000, Heinz Krogner et Michael Ying, longtemps actionnaire de référence et en charge du sourcing d’Esprit depuis 1971. Mais, ce dernier ayant vendu ses parts au cours des années 2000, Esprit est suspendu au cours de bourse.

Ce mercredi 13 juin, la marque enseigne a nommé Raymond Or Ching Fai à la tête du conseil de surveillance. Depuis quelques semaines, les communiqués financiers sont signés depuis Shanghai et non plus Hong Kong. Et, dans le fameux plan de développement, la Chine est devenue prioritaire. Depuis février, c'est Holly Li qui est la PDG d’Esprit pour la Chine. La dirigeante a rejoint la marque après onze années chez Adidas.