Matthieu Guinebault
24 avr. 2015
Ethiopie : France 2 montre la face cachée de "l'Edorado textile"
Matthieu Guinebault
24 avr. 2015
Le magazine Complément d’Enquête s’est penché le 23 avril sur les conditions de production textile en Ethiopie, « nouvel eldorado » de la filière. Non-respect du droit du travail, brimades physiques et pollution massive contraste après les engagements pris par les marques suite au drame du Rana Plaza.
Voir le reportage de France 2 Complément d'Enquête (à 49m35)
L’effondrement meurtrier de l’usine bangladaise devait être le « réveil » des marques. L’enquête menée par France 2 indique le contraire. De l’usine d’un industriel chinois produisant pour Hilfiger et Guess, en passant par un producteur turc indiquant travailler pour Carrefour, Tesco ou H&M, le reportage montre des travers décidément tenaces.
Si les ouvriers éthiopiens sont 10 fois moins chers que des ouvriers chinois, ils sont aussi cinq fois moins productifs, selon l’industriel chinois. Entrepreneur qui déploie des dortoirs à même les manufactures pour pouvoir produire jour et nuit. Les semaines seraient de 66 heures, quand la loi les limite à 48. Et une fois qu’ils ne sont plus épiés par un superviseur, les employés parlent de brimade (renvoi pour pause sanitaire) et sévices physiques.
Quid des contrôles ? Le reportage en suit un. Loin d’être inopiné, la visite se fait de manière légère, plaçant le contrôleur, « grassement payé » par les marques, dans l’embarras lorsque le journaliste s’étonne de son manque de minutie. Se contentant de croire sur parole une employée interrogée sur son âge, il ne s’inquiète pas de voir des ouvrières manipuler des produits sans protection. Contactées, les marques concernées ont refusé de réagir à la consternante séquence.
A cela s’ajoute la pollution. Seul point d’eau situé à moins de 2h, le lac voisin a déjà causé des maladies chez les habitants, et tué plusieurs animaux. L’Etat, qui invite la population à ne pas boire l’eau, promet que les usines devront bientôt retraiter leurs eaux usées, ce qu’elles ne font pas d’elle-mêmes.
« Tant qu’on aura toutes ces grandes marques qui imposeront leur loi sur les prix, on recherchera les prix les plus bas », indique au téléphone un patron de marque produisant depuis peu en Ethiopie. « Aujourd’hui, c’est le Bangladesh. Demain, on n’est pas à l’abri qu’une usine s’effondre à Addis-Abeba. Le monde du business a peu de mémoire, malheureusement. Et peu d’éthique. »
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