Guglielmo Olearo (Première Vision) : «Nous maintenons nos positions en Turquie»

Auteur :

Matthieu Guinebault

Publié le
14 déc. 2016

Deux ans après son déploiement en Turquie, Première Vision Istanbul a tenu sa cinquième édition du 19 au 21 octobre. Le salon réunissait 111 exposants dans un cadre diplomatique et sécuritaire délicat. Directeur des salons internationaux de Première Vision, Guglielmo Olearo évoque pour FashionNetwork ce contexte difficile et le devenir du rendez-vous, à l'occasion de Première Vision Blossom, qui se tenait à Paris les 13 et 14 décembre.

FashionNetwork : Au regard du contexte turc, la tenue de PV Istanbul est-elle mise en question ?

Guglielmo Olearo : Nous maintenons nos positions en Turquie. Première Vision Istanbul est un salon qui a très bien fonctionné au mois d’octobre. Avec une ampleur qui m’a même surpris. Pour le dire clairement, j’étais inquiet pour cette édition. Non pas pour les questions de sécurité, mais pour la réussite du rendez-vous dans ce contexte. Mais j’ai été agréablement surpris par le nombre de visiteurs qui sont venus au final. Et surtout du nombre de visiteurs étrangers. Nous avons même dépassé le nombre habituel d’acheteurs russes, ukrainiens, bulgares et roumains. Notamment parce que qu’il y a ce phénomène de reshoring à l’œuvre en Europe de l’est, avec des marques cherchant à rapprocher leur production. Car si les prix vis-à-vis de la Chine deviennent de plus en plus compétitifs, cela permet, en plus du gain de flexibilité, de se rapprocher d'une stratégie fast fashion. Il y a également eu une belle confirmation de l’intérêt des professionnels iraniens du textile. Honnêtement, j’ai été étonné par le niveau de succès de cette édition, qui a frôlé les 7 000 visiteurs. Avec un retour très positif de la part des exposants. La commercialisation de la prochaine édition est désormais ouverte, et les sociétés reviennent et augmentent leur surface d’exposition.

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FNW : Comment réagissent vos partenaires locaux ?

GO : Certes, la Turquie a connu beaucoup de turbulences depuis l’année dernière jusqu’à très récemment. Mais, pour les Turcs, l’incertitude est devenue un élément du quotidien. Et notre collaboration avec les fédérations et partenaires locaux se passe très bien. Ils sont convaincus que l’outil Première Vision fonctionnait déjà avant dans le reste du monde. D’où les partenariats engagés autour des salons de Paris, textile comme denim, ainsi qu’à New York. Nous gardons toujours la main sur l’organisation et sur les supports de communication. Et l’ITKIB (association turque du textile et de l’habillement, ndlr) est très volontaire avec notre salon, et très ambitieuse. Avec toujours cet objectif pour 2023 d’atteindre les 100 milliards d’euros d’exportations tous secteurs confondus. Et la mode et le textile étant la 2ème plus grande industrie du pays, de grands efforts sont fait en ce sens.
                     
FNW : Quelle place prend désormais Istanbul parmi les salons Première Vision ?

GO : Nous croyons à ce marché et à notre salon sur place. Il y a un potentiel fort et sensible, au niveau de la confection, des marques de mode, des usines qui se développent. Et ces productions gagnent progressivement en qualité. Nous sommes sûrs qu’Istanbul est la plateforme qu’il faut pour toucher tous les pays en allant de l’Europe de l’est jusqu’à la péninsule arabe et l’Afrique du nord. C’est une certitude. Il y a naturellement une inquiétude. C’est humain. J’étais personnellement sur place lors de quatre attentats. Exposants et visiteurs nous ont posé des questions. Et nous nous en sommes posés aussi. Mais pas de savoir si nous maintenions ou pas le salon. Nous avons pris un engagement fort avec nos exposants, visiteurs et partenaires. Nous avons renforcé sur place tous les processus de sécurité, avec une zone d’accès contrôlée élargie. Car il faut garder à l’esprit que la vie continue, à Istanbul. Les Turcs sont très réactifs et continuent de faire des affaires.