PEKIN, 17 août 2008 (AFP) - La Chine a employé les grands moyens pour étouffer la dissidence et éclaircir la circulation à Pékin pendant les jeux Olympiques, mais elle semble avoir plus de mal à atteindre une autre cible prioritaire, les marchands de contrefaçons.

Photo : Philippe Lopez/AFP

La répression policière est bien présente, mais elle semble ne s'exercer qu'à moitié. Les vendeurs ont plutôt tendance à se féliciter de leur chiffre d'affaires, les visiteurs des Olympiades n'étant pas venus seulement pour le sport mais aussi pour faire leur marché.

Aux habituels articles contrefaits, Louis Vuitton ou Hugo Boss, s'ajoutent même des copies des chemises des volontaires, bleues et blanches.

"Le commerce va bien. Nous avons beaucoup de nouveaux clients en raison des jeux Olympiques", explique Mme Wu, une jeune femme qui vend des vêtements Dolce & Gabbana et Polo au marché de la Soie, un haut lieu des contrefaçons dans la capitale chinoise.

Les articles vendus sont moins nombreux et davantage dissimulés qu'avant. Ils s'écoulent pourtant.

"C'est pareil qu'avant, sauf que les vendeurs semblent un peu plus polis. Mais les prix sont plus élevés", estime Kristian Joergensen, un Danois de 28 ans dont le beau-frère participe aux compétitions de tir à l'arc.

Il a acheté dix slips Dolce & Gabbana pour 175 yuans (25 dollars), avant de s'apercevoir plus tard qu'un autre marchand les proposait à 50 yuans.

La contrefaçon est l'un des griefs traditionnels des partenaires commerciaux de la Chine, accusée de ne pas faire assez pour éradiquer une industrie qui lui rapporte gros.

Fin juin, à l'occasion de la 12e journée mondiale anti-contrefaçon, le monde olympique et les équipementiers sportifs avaient dénoncé à Paris les contrefaçons de baskets ou de maillots qui inondent le marché à chaque compétition importante, essentiellement en provenance de Chine.

Selon des vendeurs, beaucoup d'ateliers ou d'usines produisant les contrefaçons ont été fermés avant les jeux. Mais d'autres ont continué à tourner ou bien les stocks étaient importants.

"Vous voulez des Adidas? Pas de problème", déclare une femme en sortant d'une boîte une paire de chaussures de sport, avec les trois bandes, au prix de 250 yuans.

La scène se passe dans le marché Yashow, à 200 mètres d'un magasin officiel Adidas flambant neuf, le plus grand au monde.

Un magasin de DVD copiés a dû déménager du premier au sixième étage. Ses bacs sont moins remplis qu'avant mais les films trouvent acquéreurs.

"Nous en aurons davantage la semaine prochaine. Revenez donc", dit la vendeuse.

Les familiers de Pékin ne sont pas étonnés de la poursuite du commerce illégal.

"Je savais qu'ils ne fermeraient pas cet endroit. Cela ramène trop d'argent", affirme Don Lessem, un Américain résidant en Mongolie, qui vient souvent en Chine et exhibe de son sac plusieurs chemises signées Armani et des baskets New Balance.

Par Dan MARTIN