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Publié le
27 juin 2017
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L'Oréal : Third Point souhaite que Nestlé vende sa participation

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Reuters
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27 juin 2017

Le fonds activiste américain Third Point a pris une participation de plus de 1 % dans Nestlé, mettant le groupe agroalimentaire sous pression pour qu'il améliore ses marges, lance des rachats d'actions et se sépare d'actifs non stratégiques, à commencer par sa part dans L'Oréal.


L'Oréal L'Oréal L'Oréal L'Oréal - L'Oréal


Cette prise de participation, qui totalise 3,28 milliards de francs suisses (3,02 milliards d'euros), est la plus importante jamais acquise par le fonds, propriété de l'investisseur Daniel Loeb, déjà actif dans le passé chez Sony et Yahoo!.

Third Point, qui a annoncé l'opération dimanche dans une lettre à ses investisseurs, préconise la vente de la participation de 23 % détenue par le groupe suisse dans L'Oréal - valorisée à plus de 24 milliards d'euros vendredi soir - et que le produit de cette cession lui serve à racheter ses titres.

Il juge aussi que Nestlé devrait se fixer pour objectif une marge de 18 % à 20 % d'ici 2020 (contre un peu plus de 15 % actuellement et plus de 16 % pour le concurrent Unilever) et recommande davantage de recours à l'endettement.

Donnant aux investisseurs l'espoir de voir les changements attendus prendre forme plus rapidement, Third Point a fait grimper l'action Nestlé, qui gagnait 4,3 % à 85,65 francs à la Bourse de Zurich à 15h50, après un record de 86,00 francs. Elle a aussi fait décoller le titre L'Oréal, qui prenait 4,12 % à 195,80 euros, après un plus haut à 195,35 euros.

Le marché parie sur un éventuel rachat de cette part par le groupe L'Oréal lui-même, via notamment la cession de ses 9 % dans Sanofi. Le groupe de cosmétiques annulerait ensuite ces titres, une opération mécaniquement relutive sur le bénéfice par action.

Interrogé, un porte-parole de Nestlé a dit que le groupe « poursuit comme toujours un dialogue constructif avec ses actionnaires » et « reste engagé dans une stratégie visant à créer de la valeur à long terme », sans plus de précisions. L'Oréal s'est quant à lui refusé à tout commentaire.

Importants défis

« Nestlé fait face à d'importants défis, il est en retard dans beaucoup de ses divisions et rendre du cash aux actionnaires ne serait pas opportun d'un point de vue stratégique », souligne Pierre Tegner, analyste de Natixis.

Une éventuelle cession de la part dans L’Oréal, qui amputerait de 10 % les résultats du groupe suisse, devrait plutôt, selon lui, servir à financer une ou des acquisitions. Pour un autre analyste, qui a requis l'anonymat, Third Point anticipe peut-être qu'avec l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron, ancien banquier de Rothschild qui a été le conseiller de Nestlé, « il sera plus facile pour le suisse de vendre à L'Oréal dans l'optique de la préservation des intérêts français ».

Encore faudrait-il que l'Autorité des marchés financiers accorde à la famille Bettencourt, premier actionnaire de L'Oréal, la clause de « grand-père » permettant à un actionnaire de franchir les 33 % du capital sans avoir à lancer d'OPA.

Le nouveau PDG de Nestlé, Mark Schneider, a quant à lui déclaré en février que cette participation était stratégique, qu’il n’y avait pas de raison de la faire évoluer et que les acquisitions potentielles étaient chères.

« Pourquoi donc Nestlé vendrait-il maintenant puisque sa part est très liquide et qu’elle se revalorise chaque année ? » s'interroge Pierre Tegner.

« Agir sous une pression extérieure »

Pour Andrew Wood, analyste de Bernstein, « bien des points soulevés par Third Point font écho à ce que pensent de nombreux actionnaires de Nestlé depuis longtemps (...) face à un groupe qui sous-performe ». « Il pourrait maintenant être poussé à agir sous une pression extérieure. »

Nestlé, qui depuis quatre ans n'a pas atteint ses objectifs de croissance à long terme, est confronté au ralentissement des marchés émergents, aux pressions sur les prix et aux nouvelles exigences des consommateurs qui veulent des produits frais et plus sains.

« La direction précédente n'était pas très ouverte aux critiques (...) mais Mark Schneider écoute ce que les investisseurs ont à lui dire », note Jean-Philippe Bertschy, analyste de Vontobel pour qui il est possible que les suggestions de Third Point figurent déjà pour l'essentiel dans la feuille de route du dirigeant.

Arrivé à la tête de Nestlé en janvier, Mark Schneider, venu du groupe de santé allemand Fresenius, est le premier dirigeant de Nestlé non issu de ses rangs depuis près d'un siècle et les analystes estiment qu'il pourrait faire entrer le groupe dans une nouvelle ère. Il a déjà renoncé à publier des objectifs de croissance à long terme et annoncé qu'il pourrait vendre sa confiserie américaine (marques Baby Ruth et Butterfinger).

Il pourrait aussi tirer parti de l'activisme de Third Point pour « prendre des décisions délicates, comme de vendre les pizzas surgelées américaines rachetées par son prédécesseur pour 3,7 milliards de dollars », souligne Pierre Tegner.

Third Point est aujourd'hui le huitième actionnaire de Nestlé, selon des données de Thomson Reuters.

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