LONDRES, 14 fév 2007 (AFP) - De la lingerie fine aux sacs à mains en passant par des bijoux et des chaussures, la mode éthique gagne du terrain, et la Semaine de la mode de Londres lui fait la part belle cette semaine, avec un vaste espace ad hoc.

Une robe signée du Danois Peter Ingwersen pour Noir le 12 février 2007 lors de la Semaine de la mode à Londres Photo : John D McHugh/AFP

Estethica se trouve au coeur de l'exposition de la London fashion week, installée jusqu'à vendredi dans les jardins du musée d'Histoire naturelle dans le centre de la capitale britannique, pour les collections automne-hiver 2007.

Vingt-et-un créateurs, jeunes pour la plupart, y sont présents, contre 12 en septembre pour les collections printemps-été 2007.

Pour être admis, il faut appliquer au moins une des trois règles de la mode écolo : utiliser des produits issus du commerce équitable, produire de manière responsable et employer des matériaux recyclés.

L'objectif est de montrer qu'il est possible de faire de la création contemporaine tout en protégeant l'environnement.

"Pour l'instant, cela vient surtout des petits créateurs mais on pense que les grands stylistes vont y venir dans les prochaines années", déclare une porte-parole d'Estethica.

"J'ai été commerciale pour une bijouterie pendant cinq ans et nous allions de plus en plus nous approvisionner en Chine et en Inde où les conditions de production ne sont pas bonnes pour l'homme et l'environnement", explique à l'AFP Vivien Johnston, créatrice de bijoux.

Son or, dit-elle, provient de mines d'Amérique du sud ayant des normes sociales et environnementales strictes, n'utilisant pas de cyanure par exemple, ce qui permet de réhabiliter les terrains au bout de trois ans au lieu de dix. Ses pierres sont issues du commerce équitable.

Des créations "vertes" qui coûtent, selon elle, seulement 10 % de plus.

C'est dans les pieds que Terra plana s'est spécialisé: tissus recyclé, teinture sans chrome, tannage et latex naturel, coutures à la main pour supprimer la colle, fabrication proche du lieu d'approvisionnement, la société fabrique depuis quatre ans chaussures (ville et sport) et bottes écologiques.

"En plus, elles sont légères, donc le transport --uniquement par bateau-- produit moins de gaz à effet de serre", explique Rosie Budhani, porte-parole de la société, soulignant que les émissions de dioxyde de carbone sont compensées.

Quand à Makepiece, c'est une maison de création-ferme : une gamme de chacune de ses collections utilise la laine de son troupeau de 60 moutons et 20 chèvres qui paissent à quelques mètres du studio. Le reste provient surtout d'Ecosse et l'ensemble des opérations de confection se fait localement.

"En plus, c'est lavable à la main donc pas besoin de nettoyage à sec et tout est naturel donc biodégradable", a souligné Nicola Sherlock, la styliste.

Terminée la vision du vêtement écologique façon hippie. Les vêtements et accessoires éthiques ressemblent à s'y méprendre aux produits non écologiques.

D'ailleurs, grandes marques et stylistes confirmés commencent timidement à s'occuper de leur empreinte sur l'environnement.

Créations du Danois Peter Ingwersen pour Noir le 12 février 2007 lors de la Semaine de la mode à Londres - Photo : John D McHugh/AFP

Le créateur danois Peter Ingwersen, styliste de Noir, a ainsi créé le coton Illuminati II, qui respecte des critères de développement durable : la fibre provient d'Ouganda, elle est biologique et issue du commerce équitable.

"Cette ferme produit le meilleur coton et, en plus, nous finançons des projets de lutte contre des maladies comme la malaria et le sida", a expliqué à l'AFP M. Engwersen.

70 % de la collection de Noir utilise des matières ayant des garanties en matière de développement durable et 35 % sont non polluantes, a-t-il ajouté. Le coton Illuminati devrait être disponible pour l'ensemble de l'industrie en 2008.

A Paris, l'espace consacré à la mode éthique existe depuis 2006 au sein du salon du prêt-à-porter et a rassemblé près de 70 marques en février 2007.

Par Elodie MAZEIN