AFP
19 juil. 2006
La filière textile provençale résiste grâce au dynamisme de ses créateurs
AFP
19 juil. 2006
MARSEILLE, 19 juil 2006 (AFP) - La filière textile-habillement provençale, confrontée comme les autres régions françaises à la concurrence asiatique, a su mieux résister à la crise grâce à un réseau de petites entreprises axées sur la création, souvent haut de gamme.
Collection printemps-été 2006 Sessùn |
Là où le Nord ou Rhône-Alpes, à tradition manufacturière, ont souffert de la délocalisation de la production, Marseille et sa région, qui misent depuis le milieu des années 1980 sur la création, maintiennent l'emploi.
Selon les derniers chiffres publiés (2004), la région compte 26 800 salariés (- 1 % sur dix ans) pour 4,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Elle regroupe 11 317 établissements, soit 10 % des établissements nationaux, pour 5,2 % des emplois du secteur.
"Beaucoup de bureaux de style et une soixantaine de marques sont installés ici", dénombre Annie Carrai, déléguée générale à la chambre syndicale régionale de l'habillement. Des marques comme Sessùn, Pain de sucre, Didier Parakian, Sugar, Madame Zaza of Marseille, connues à travers la France et de plus en plus à l'étranger.
Collection printemps-été 2006 Pain de sucre |
Selon Eric Ammar, directeur général du groupe familial GilClaude et vice-président de l'Union patronale des Bouches-du-Rhône, c'est la culture marchande de Marseille, ouverte sur l'étranger, qui lui a permis de sentir plus tôt que les autres le vent tourner.
"Les commerçants saisissent plus vite les évolutions du marché que les industriels. Ils ont rapidement investi sur la marque, l'image", juge cet entrepreneur dont la société a subi la première vague de délocalisations des années 1980 et qui aujourd'hui travaille avec la grande distribution.
Cette tendance est soutenue depuis le début des années 1990 par l'Institut mode Méditerranée, qui "donne une cohérence à une action désordonnée", juge M. Ammar, et par les collectivités locales.
Sous l'impulsion de la Datar, le pôle textile-habillement provençal s'est structuré en 2003 autour d'un Système productif local (SPL), sorte de pôle de compétitivité qui travaille sur trois axes: développement à l'export, innovation et services.
Collection été 2006 Didier Parakian - photo : Laurence Jeanson |
"Ce réseau d'entrepreneurs mutualise les besoins pour créer une force", résume Mme Carrai. Le SPL organise par exemple des conventions d'affaires réunissant marques du sud-est et acheteurs (la prochaine est prévue le 26 juillet). Il prévoit de mettre en place début 2007 une plateforme logistique commune.
Pour asseoir leur succès, les créateurs marseillais visent le haut de gamme et jouent la carte de l'identité régionale. Couleurs, tissus, formes: les vêtements inventés à Marseille ne ressemblent à nuls autres, se nourrissant de soleil, de Méditerranée, de l'Orient proche.
Chargée de mission export à la chambre syndicale, Alexandra Boissinot résume: "Les couleurs sont chaudes, il y a beaucoup d'imprimés. Les matières sont fluides comme les boubous, amples: il faut que cela respire, il n'y a pas de coupe étriquée".
Le jean, dont Marseille a été la spécialiste dans les années 1970, est présent aussi avec des marques comme Kaporal, le Temps des cerises ou Kulte.
"Cette recherche d'identité est très appréciée à l'étranger", affirme Mme Carrai qui table, retour de balancier, sur le ralliement au "made in Marseille" des Chinois, dont le pouvoir d'achat en hausse commence à faire saliver, et des Japonais. "Là-bas, on ne s'habille pas encore sexy mais cela va venir: ils vont aussi avoir envie de porter des jupes à volants".
Déjà Didier Parakian a ouvert une boutique à Pékin. Le groupe Garella y est présent chez nombre de détaillants.
Par Ouerdya AIT-ABDELMALEK
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