La mode pakistanaise à l’honneur à Paris

Initiée et parrainée par l’Ambassade du Pakistan à Paris, l’idée de mettre à l’honneur six créateurs de mode pakistanais a germé il y a 5 mois. Organisé par Mannan Ibrahim, dont l’agence, Maison Moulin de l’Est, coordonne la promotion des "nouveaux créateurs d’art contemporain et de mode des pays émergents" (Pakistan, Iran…), et l’agence de RP Totem, l’événement "a permis de faire la promotion de la mode pakistanaise en France et à l'international, expliquait l’organisateur. Si les médias parlent exclusivement de la guerre ou du terrorisme, nous souhaitons, nous, sortir des clichés et montrer que la mode existe aussi au Pakistan. Depuis des années, nous organisons des fashion weeks et une bridal week, les créateurs de mode sont de plus en plus talentueux, et tout cela explique le sens de cet événement".

Si l’émergence de la mode au Pakistan reste récente - on compte 5 fashion weeks et 2 bridal weeks organisées jusqu’à présent - sa promotion semble en marche. Pendant 45 minutes, 6 marques de luxe pakistanaises, toutes soutenues (et sponsorisées en partie) par le Pakistan Fashion Design Council (PFDC), ont donc été présentées. Parmi elles, Muse des créateurs Faryal Aftab et Moeed Yousuf, une ligne de prêt-à-porter inspirée de l’élégance parisienne, déclinant tuniques et pantalons recouverts de pierres, de perles ou robes scintillantes.

Déjà distribuée au Pakistan, - notamment au Mall 1 Main Boulevard à Lahore - la marque s’adresse "aux femmes comprenant déjà la mode, explique la styliste Faryal Aftab. Les femmes pakistanaises adorent la mode, et souhaitent pouvoir acheter des marques de luxe du pays, comme Muse, les voir émerger à l'étranger, au même titre que Louis Vuitton ou Hermès".

Autre créateur promu il y a 3 ans par le PFDC, Mohsin Ali présentait, lui, une ligne pour femme très graphique, superpositions de matières et coupes mêlant héritage et création. Une marque désormais célèbre au Pakistan, vendue à Lahore et Karachi, mais aussi à Londres dans le multimarque asiatique Onitaa, ou encore à Dubaï. "On croit souvent que la mode est compliquée au Pakistan, explique le créateur. Mais les écoles de mode existent. Aujourd’hui ma marque est distribuée dans le pays, je suis reconnu comme designer et tous mes vêtements sont fabriqués au Pakistan… La preuve que les choses sont possibles et que les esprits changent aussi grâce à la mode".

Quatre autres créateurs, Munib Nawaz, Tapulicious, The House of Kamiar Rokni ou HSY, label de Yassin Hassan Sherheryar aujourd’hui présent aux Etats-Unis, à Singapour ou Dubaï, défilaient également, au son du violon, des tablas pakistanais mais aussi d’ "I Follow Rivers"… Démonstration d’un ancrage modéré dans la modernité, le défilé Paris-Lahore-Karashi devrait renouveler l’expérience deux fois par an à Paris.

Alexis Chenu