Dominique Muret
17 avr. 2012
Le site de production de Ferré menacé de fermeture
Dominique Muret
17 avr. 2012
Convoqués lundi par Paris Group, la société de distribution de Dubaï qui a racheté Gianfranco Ferré l’an dernier, les syndicats du site de Bologne et la société ITC qui produit la première ligne (femme) de la griffe, ont été mis devant le fait accompli. Le repreneur leur a annoncé son intention de suspendre une grande partie du personnel jusqu’en décembre. "Etait concernée toute la partie du développement du produit, modélisme, dessins, construction des prototypes, etc. Les nouveaux propriétaires nous ont dit qu’ils voulaient confier ces activités à des fournisseurs externes jusqu’en décembre… Autant démanteler tout de suite l’établissement ! Ce choix viole clairement les engagements pris par Paris Group lors de son rachat de la griffe qui s’accompagnait d’un plan biennal de relance. Il est évident que l’objectif final est d’exploiter uniquement le nom de Gianfranco Ferré avec un produit moyen de gamme, qui ne sera plus italien", dénonce Roberto Guarinoni, syndicaliste CGIL en charge du dossier.
Collection Ferré automne-hiver 2012/2013. Photo Pixel Formula |
La démarche est d’autant plus curieuse, qu’en novembre, ce groupe qui appartient à la famille Sankari, avait annoncé vouloir investir 100 millions d’euros et créer un "pôle de Luxe Mode", tout en confirmant sa volonté de "maintenir la production en Italie", à travers "le développement du site de production ITC".
Sur les 63 employés que comptait le site au moment du rachat, huit cadres, tous responsables d’activités fondamentales pour les prototypes, ont démissionné sans être remplacés. Six personnes ont été placées au chômage technique et 23 autres devraient suivre à leur tour. Le personnel de Bologne s’est donc mis en grève pendant deux heures ce mardi. Dans la journée, "les propriétaires ont fait savoir qu’ils suspendaient leur décision", indique Roberto Guarinoni. Sollicité, Paris Group n’a pas souhaité s’expliquer.
Après avoir été placé par le gouvernement pendant deux ans sous une procédure de tutelle administrative en raison de graves problèmes financiers, Gianfranco Ferré avait été racheté en mars 2011 à certaines conditions. L’accord de vente prévoyait en effet un plan de relance, dont aucun point n’a été appliqué jusqu’ici. Alarmés, fin 2011, les trois commissaires nommés par le gouvernement pour gérer l’entreprise lors de sa mise sous tutelle, ont demandé à la justice "la saisie préventive de la marque". En mai, le tribunal d’Isernia devra statuer sur cette requête. En attendant, une rencontre est prévue cette semaine avec les syndicats à propos cette fois du siège milanais de Ferré, semble-t-il, lui aussi en proie aux difficultés.
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