Le suisse Voegele frappé par un franc fort

Le détaillant de mode suisse Charles Voegele a annoncé mardi une perte de 62 millions de francs suisses (56,4 millions d’euros) en 2015, démontrant ainsi qu’un franc suisse fort exerce une pression sur les détaillants du pays.

Ces derniers ont été durement touchés par la décision de la banque centrale suisse d’éliminer le plafond sur le franc en janvier dernier, ce qui a augmenté du jour au lendemain le coût des marchandises suisses d’un cinquième par rapport à l’euro.

Charles Voegele, qui a perdu de l’argent cinq années consécutives, a été parmi les plus durement touchés, le contexte hostile ayant entravé ses efforts de modernisation et ses plans de redressement.

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« 2016 sera sans aucun doute une autre année compliquée. Le niveau des ventes désespérément bas et les secousses incessantes du marché de l’habillement nous obligent à ajuster nos coûts structurels », déclarait Charles Voegele.

Le Crédit suisse a estimé que le franc fort a généré des dépenses de 11 milliards de francs de la part des consommateurs suisses à l’étranger l’année dernière (soit un dixième des dépenses totales du commerce de détail).

Les ventes de chaussures et de vêtements en Suisse ont chuté de 5,3 % l’année dernière, et les économistes s’attendent à davantage de problèmes après les licenciements et les fermetures au sein de groupes de détaillants suisses de premier plan.

Les ventes de Charles Voegele ont chuté de 11 % en 2015, à 803 millions.

« Les principales raisons de cette baisse sont des effets de change négatifs, la concurrence intense et la pression sur les prix en Suisse, ainsi qu’un automne exceptionnellement doux », a déclaré Voegele.

L’enseigne commercialise sa propre marque de mode milieu de gamme dans près de 800 magasins à travers l’Europe centrale et génère un tiers de son chiffre d’affaires sur son marché domestique.

Elle prévoit un retour à l’équilibre cette année et espère réaliser des bénéfices en 2018.

« La nouvelle orientation est plus ambitieuse que nos estimations ; nous avions tout d’abord prévu un retour à l’équilibre en 2019 », déclaraient les analystes Zuercher Kantonalbank dans une note.

Les deux analystes ZKB et la Banque Vontobel affirmaient que les résultats décalaient les attentes, tandis que Vontobel précisait qu’un objectif d’EBITDA positif cette année était nécessaire pour permettre à l’entreprise de gérer sa dette.

La marque a déclaré que le prêt syndiqué à hauteur de 245 millions de francs a été prolongé au-delà de son expiration à la fin de ce mois, assurant le financement pour les deux prochaines années.