Par
AFP
Publié le
19 févr. 2004
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Le tricot et la broderie, ce n'est plus ringard

Par
AFP
Publié le
19 févr. 2004

PARIS, 19 fév (AFP) - Par Dominique AGEORGES = =

A New York, un café est dédié au tricot; les podiums des grands capitales de la mode déroulent le tapis rouge à la broderie depuis longtemps et au tricot depuis peu; Paris va bientôt leur dédier un salon : le tricot et la broderie sont non seulement devenus tendance mais on loue aussi leurs vertus sociales et thérapeutiques.

Les actrices Julia Roberts ou Sharon Stone, qui se sont érigées en activistes du tricot, ont largement contribué à redorer l'image de ces activités manuelles attribuées en général à des personnes moins "glamour".

Pendant les derniers défilés prêt-à-porter à New York, les mannequins ont été invités à une "models' knit party", (knit: tricot) organisée par le café-atelier tricot Knit pour les aider à se relaxer et ne pas fumer.

Des créateurs ont eux aussi succombé à la grosse maille, de Pierrot à Catherine Malandrino, de Donna Karan au label branché Imitation of Christ.

A Londres cette semaine, d'autres collections ont fait la part belle à la maille, depuis le jeune espoir turc Bora Aksu jusqu'au très confirmé Paul Smith.

Paris va accueillir du 27 au 29 février à la grande halle de la Villette le premier salon "L'aiguille en fête", dédié à "tous les piqués" de la broderie de la tapisserie, du patchwork ou encore du tricot.

Jean-Charles Durand, concepteur du salon, raconte à l'AFP avoir été "sidéré par le nombre de personnes qui manient l'aiguille". "En France, il y a 300 clubs de broderies, 400 clubs de patchwork, des sites internet à foison et même des scissions dans certains clubs de point de croix!", ajoute-t-il.

Le retour en grâce des aiguilles est dû, selon lui, a une envie "de devenir son propre créateur, le porte-drapeau de ce qu'on a fait soi-même". "Il y a une fierté, un amusement à +customiser+ ses vêtements avec des broderies par exemple mais avec le tricot, cela va plus loin. Il y a en plus cette relation sensuelle avec la laine", assure Jean-Charles Durand.

"Toute une génération de femmes a jeté les aiguilles avec les soutiens-gorge ou les livres de cuisine", explique Nadine Lefebvre, attachée de presse de Phildar.

Selon elle, la tendance cocooning a remis l'aiguille au goût du jour ainsi que la nouvelle mode des très gros fils qui permet "en deux soirées, de se faire un pull sympa".

"Les jeunes aiment la mode du fait main. Elles redécouvrent en plus le plaisir de tricoter autour d'une table", raconte Mme Lefebvre, selon qui les ventes de laine ont progressé de 30% en quatre ans.

L'école des broderies Lesage, spécialisée dans la haute couture, forme de futurs professionnels mais pas seulement. Un professeur en neurochirurgie new-yorkais qui voulait apprendre à réaliser de magnifiques coutures a fait le déplacement. Des femmes en pleine dépression aussi. "Tant que les mains sont occupées l'esprit est en veille", dit souvent François Lesage pour qui la broderie est "un métier, une passion et une thérapie".

Bernard Prat doit tout ou presque à la broderie. Cet ancien paysagiste de 53 ans a eu une rupture d'anévrisme il y a sept ans. En convalescence après une opération qui lui a sauvé la vie mais lui a laissé de grosses séquelles, il a rencontré une malade qui brodait et qui l'a convaincu par ce biais de "travailler la concentration et la sensibilité de la main".

"C'est un déstressant formidable. Cela m'a tellement aidé mais surtout tellement plu que je me suis mis à faire des broderies au point de croix de plus en plus petites - 300 points au cm2 - qui demandent l'utilisation de grosses loupes", explique à l'AFP M. Prat. Ce spécialiste de la reproduction de tableaux miniatures donnera des cours pendant le salon organisé à la Villette.Le tricot et la broderie, ce n'est plus ringard

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.