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Traduit par
Clémentine Martin
Publié le
28 mars 2018
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7 minutes
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Modesto Lomba (ACME) : "L’Espagne, là où se dessinent les tendances de la consommation de masse"

Traduit par
Clémentine Martin
Publié le
28 mars 2018

Faire une analyse pertinente du secteur de la mode en Espagne requiert une bonne dose de sincérité mêlée de connaissances de l’histoire de l’industrie, d’expérience et d’honnêteté dans l’autocritique. Une généreuse pincée de revendications, aussi, pour défendre la place d’un secteur qui représente 2,9 % du PIB de nos voisins ibériques. Alors qu’avait lieu la quatrième édition de l’événement organisé par l’Association des Créateurs de Mode d’Espagne (ACME) pour la promotion de la mode espagnole pendant la Fashion Week parisienne, son président, Modesto Lomba, est revenu pour FashionNetwork.com sur la création et la fast fashion en tant qu’éléments moteurs de l’industrie et sur la place que la mode espagnole occupe à l’échelle internationale. Il évoque aussi le soutien des institutions, la complexité de la situation catalane et les clés d’un secteur pas toujours estimé à sa juste valeur.


Modesto Lomba, le président de l'Association des Créateurs de Mode d'Espagne - ACME


FashionNetwork.com : Actuellement, comment se porte la mode espagnole ?

Modesto Lomba : L’Espagne est le pays où se dessinent les tendances de la consommation de masse aujourd’hui, même si les Espagnols ont souvent du mal à parler en bien d’eux-mêmes. Après la haute couture et le prêt-à-porter, nous vivons le règne de la fast fashion. Les grandes entreprises espagnoles, le groupe Inditex en tête, synthétisent les tendances de la consommation de masse. Nous sommes un pays très créatif, avec de nombreux créateurs diversifiés et très qualifiés. Après la France comme représentante du luxe et de la haute couture et l’Italie avec le prêt-à-porter, l’Espagne serait le troisième axe avec la fast fashion.

FNW : La reine Elizabeth II assistant au défilé de Richard Quinn pendant la Fashion Week de Londres, le président Emmanuel Macron invitant une centaine de personnalités du secteur à l’Élysée… Que pensez-vous du soutien des institutions espagnoles au secteur de la mode ?

ML : Sincèrement, je suis jaloux lorsque je lis les grands titres des journaux. Le fait que la reine d’Angleterre assiste à un défilé permet de mesurer l’importance du secteur dans l’industrie anglaise et consacre la Fashion Week comme outil fondamental. En Espagne, on n’ose pas faire ça, même si nous sommes un pays plus jeune avec une famille royale plus dynamique. Il nous manque la reconnaissance d’un chiffre essentiel : 2,9 % du PIB de l’Espagne viennent de la mode, avec le nombre d'emplois que cela implique. Et si les institutions de notre pays, qu’il s’agisse de la famille royale ou du gouvernement, n’ont pas compris cela, on ne va pas dans la bonne direction. Je serais ravi que la mode soit reconnue avec l’importance qu’elle mérite, avec ce qui nous rend compétitifs et nos richesses culturelles qui nous permettent d’avoir une identité et une présence solide sur les marchés internationaux.

FNW : En parlant d’autocritique, qu’est-ce que l’Espagne devrait changer pour être plus compétitive et pour renvoyer une meilleure image à l’étranger ?

ML : En Espagne, historiquement, nous nous trompons de modèles. La mode française, ce ne sont ni les Italiens ni les Américains qui l’ont faite. Ce sont les Français. La mode anglaise et sa Fashion Week, qui était en stand-by depuis quelque temps, reprennent aujourd’hui du poil de la bête parce que les Anglais ont su valoriser leurs spécificités. Si notre reine assistait à un défilé ou que notre Premier ministre faisait un geste pour une plus grande reconnaissance de la mode espagnole, d’autres institutions du pays s’intéresseraient de plus près au secteur.

FNW : Quelle serait la façon la plus appropriée de valoriser la mode espagnole dans les médias ?

ML : De nombreux médias se trompent lorsqu’ils parlent de nos créateurs, parce qu’ils ne les considèrent pas comme une grande puissance économique pour le secteur, mais il faut bien comprendre que l’ensemble de la mode espagnole représente 2,9 % de notre PIB. Ce qu’il nous manque, c’est une implication à l’échelle du pays pour valoriser tout le secteur. Garder une bonne dynamique dans le temps ne va pas être facile si nous ne prenons pas des décisions importantes. Selon les chiffres publiés en 2015 par ACME, avec 56 membres seulement, nous représentons la sixième entreprise espagnole en ajoutant les chiffres d’affaires de tous nos affiliés.

FNW : Quelle serait la stratégie à mettre en œuvre pour que l’Espagne arrive à se faire une place dans l’agenda des Fashion Weeks, dominé aujourd’hui par les quatre grandes capitales ?

ML : Les dates et le calendrier international ne sont pas faciles pour Madrid, Barcelone et Londres. Il est difficile de se faire une place. Nous avons changé nos dates pour contrer la montée en puissance de Londres et son impact négatif potentiel. Il faudra voir sur les prochaines éditions si nous avons eu raison ou si nous devons repenser notre stratégie. La perte de vitesse d’autres Fashion Weeks peut aussi nous permettre de décrocher une meilleure place dans le calendrier.


Modèles d'Andrés Sarda et de Custo Barcelona dans la résidence de l'ambassadeur d'Espagne à Paris - ACME


FNW : Face au problème politique, économique et social actuel en Catalogne, quelle est la réaction du secteur et comment évaluer l’impact que peut avoir cette situation sur l’industrie de la mode ?

ML : Pour moi, cela remonte à bien plus longtemps. Malheureusement, la Catalogne a déjà vécu une étape bien pire pour le monde de la mode à la fin des années 1980. Le système en lui-même et les décisions erronées, selon moi, du système politique catalan ont détruit une industrie très importante. Il n’y a pas eu de fusion de l’industrie traditionnelle catalane avec les créateurs, comme cela a été le cas en Italie ou en France. La Catalogne a manqué une grande opportunité et nous avons vu s’effondrer de grandes entreprises de confection, de tissus appréciés dans toute l’Europe, alors que nous aurions pu avoir une industrie très puissante. Je ne peux attribuer la faute qu’à une mauvaise gestion politique et à des dirigeants qui n’ont pas su comprendre que la création était importante pour soutenir cette industrie. C’est la pièce de l’engrenage qui a manqué.

FNW : Les rythmes s’accélèrent, le « see now, buy now » s’impose comme modèle dominant et la fast fashion se hausse comme valeur fondamentale de la mode espagnole. Jusqu’où l’industrie continuera-t-elle sa course ?

ML : Les temps ont changé et la crise a précipité les changements dans la façon que nous avons de communiquer, d’acheter et de percevoir les messages dans la consommation. Le discours du créateur a évolué avec la fast fashion. Aujourd’hui, on parle d’identité de marque propre, de personnalité, et plus tellement des tendances en elles-mêmes. Actuellement, c’est le groupe Inditex qui les crée, c’est lui qui positionne la mode dans les capitales les plus importantes au monde.


Modèles d'Adolfo Domínguez présentés lors de l'événement organisé par ACME à Paris - ACME


FNW : Comment la figure du créateur peut-elle être compatible avec les ambitions de la grande distribution chez certaines entreprises de mode espagnoles ?

ML : Le développement entrepreneurial d’une marque d’auteur n’est pas facile, parlez-en à Armani. Nous ne proposons pas seulement une variété de styles, mais aussi différents business models, avec des formats comme celui d’Hannibal Laguna et son concept de luxe premium aux côtés d’Ángel Schlesser, Roberto Verino et Adolfo Domínguez, avec un prêt-à-porter beaucoup plus développé industriellement ; mais aussi des créateurs à l’identité plus typique du sud de l’Espagne comme Juana Martín ou des modèles comme celui de Devota & Lomba, avec une collection premium et d’autres plus grand public.

FNW : Dans le rapport 2017 d’ACME, « Le design de mode espagnol en chiffres », on lit que les ventes en ligne représentent 3,1 % du chiffre d’affaires total de la mode et atteignent 405 millions d’euros. Le développement du e-commerce est encore en cours ?

ML : Les grands groupes comme Inditex le font très bien. Je crois que c’est un modèle plus valide pour le développement massif que de penser qu’un costume de luxe, par exemple, sera un produit facile à vendre en ligne. C’est un bon outil de communication et de présentation produit, mais une collection premium requiert une attention spéciale que l’industrie de masse ne pourra pas lui donner.

FNW : Alors que l’événement « Made in Spain. La mode au-delà des frontières » a eu lieu à Paris, comment pensez-vous que l’industrie de la mode est vue depuis la France ? Pensez-vous qu’on verra plus de marques espagnoles défiler à Paris à l’avenir ?

ML : Quand des entreprises étrangères sont entrées au capital de nos marques, comme ça a été le cas pour Loewe, plusieurs personnes ont tiré la sonnette d’alarme. De notre côté, nous disions : « c’est ce qui doit arriver ». Chanel sera toujours une marque française, indépendamment de qui détient son capital. Loewe sera toujours espagnole. Et si les Français veulent s’approprier la mode espagnole, c’est aussi positif, parce que parfois, c’est plus facile de se défendre quand on a plus d’alliés. Pour les marques espagnoles, investir le marché français a toujours été compliqué. Et nous le voyons toujours dans les salons. Concernant les défilés, je ne sais pas bien non plus quelle est la marche à suivre. En Espagne, nous avons une Fashion Week qui fonctionne bien et qui est un très bon outil de communication. Maintenant, il faut que nous trouvions comment optimiser cette communication.

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