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9 avr. 2014
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Modesto Lomba (ACME): "Le luxe, en Espagne, a une définition différente"

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9 avr. 2014

Un cortège de 28 créateurs et marques de luxe espagnols, membres de l’Association des Créateurs de Mode Espagnols a investi la résidence de l’Ambassade d’Espagne à Paris le 3 avril dernier, pour rencontrer la presse et les décideurs. Les acheteurs des grands magasins Harvey Nichols, Neiman Marcus, Frank & Fils ou Bergdorf Goodman, entre autres, avaient fait le déplacement, comme Agatha Ruiz de la Prada, Nuria Sardá, Orlan, Arthur de Soultrait ou encore Blanca Li. FashionMag y a rencontré Modesto Lomba, à la tête de la marque Devota & Lomba et représentant de l’ACME.

Modesto Lomba (à droite) et les créateurs de l'ACME à Paris le 3 avril dernier



FashionMag: La crise que traverse l’Espagne impacte-t-elle sa création ?

Modesto Lomba: Les crises économiques, émotionnelles, sont toujours stimulantes pour la création. Les plus grandes œuvres d’art sont nées dans un environnement de crise, c’est donc la meilleure source d’inspiration pour un créateur, y compris de mode. "Avec un ventre trop plein, on pense mal", dit-on chez nous. Et avec le ventre vide, les idées viennent (rires). Mais je voudrais préciser que le luxe, chez nous, a selon moi une définition différente de la vôtre.

FM: … C’est-à-dire ?
ML: Le luxe en Espagne est synonyme de créateurs et de mode artisanale, plutôt que, dans le concept français, qui, lui, résulte d’une histoire longue et très claire, pleine de grandes maisons avec lesquelles nous ne pourrions jamais faire concurrence… même si nous le voulions (rires).

Davidelfin et Etxeberria (photo: O. Covian)



FM: Qu’est-ce qui distingue selon vous la création ibérique ?
ML: Je dirais que la mode espagnole est semblable à la mode en général, c’est-à-dire une mode globale et variée. Alors peut-être que nous avons un certain sens de la couleur mais nous avons également beaucoup, beaucoup de noir. Il faut savoir que nous avons inventé le noir avec Philippe II. Sous son règne, nous avons découvert le bois de Campêche au Mexique, qui était l'une de nos colonies. Ce bois permet de faire un noir intense, qui est une couleur très espagnole que s'est appropriée Philippe II. Un noir qu'a par la suite beaucoup utilisé Balenciaga.

FM: L’ACME vise-t-elle en priorité les marchés latins ?
ML: Nous visons l’international, parce qu’un créateur vit dans le monde et pas seulement dans un seul type de marché ou de climat. Si aujourd’hui nous sommes venus à Paris, c’est aussi parce que Paris est la capitale mondiale de la mode et de son commerce. Nous étions à Londres il y a quelques mois avec certains de nos créateurs et nous avons récemment signé un accord avec la Fashion Week de Miami. Pour moi il n'y a pas un style particulier qui peut définir la mode espagnole, tout comme il serait impossible de résumer la création française ou italienne sous l'ombrelle d'un seul style. Même s'il n'est pas impossible de trouver chez nous des disciples de Balenciaga, j'en suis sûr.

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