Primark réaffirme son intention de lutter contre l'exploitation au travail

La chaîne de mode à bas prix Primark, qui souhaite combattre l'idée que des coûts de production bas sont toujours synonymes d'exploitation des travailleurs, a déclaré ce mercredi 30 novembre qu'elle restait à l'affût de tout signe de recours à l'esclavage au sein de sa chaîne logistique.

Paul Lister, chargé de l'éthique commerciale chez Primark, a déclaré que l'enseigne, connue pour sa fast fashion bon marché, arrivait à maintenir ses coûts à un bas niveau en réduisant ses dépenses de publicité et en achetant en grandes quantités.

Après avoir été accusé pendant plusieurs années d'avoir recours à des ateliers clandestins pour produire des t-shirts à 4 euros seulement, Primark a cette année commencé à communiquer publiquement concernant les efforts entrepris par la marque pour s'assurer de l'éthique de sa chaîne logistique.

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Paul Lister – tout en précisant que le modèle de développement de Primark consistant à produire des articles à bas coût, sa chaîne logistique dans le textile est compliquée à gérer – a tenu à affirmer que l'entreprise restait attentive en permanence pour identifier les problèmes pouvant se présenter.

"Il s'agit d'être toujours vigilants, d'être constamment sur place et de savoir précisément ce que l'on recherche", a ainsi déclaré ce dernier lors de Trust Women, une conférence dédiée à la lutte contre le trafic d'êtres humains et pour les droits des femmes, organisée par la Thomson Reuters Foundation.

L'Organisation internationale du travail estime qu'il y a environ 21 millions de victimes de travail forcé à travers le monde, dont 56 % dans la région Asie-Pacifique, qui accueille un grand nombre d'ateliers textiles utilisés par les grandes marques internationales.

Paul Lister a précisé, qu'en commençant par ses propres magasins et en remontant la chaîne de production, il est facile pour Primark de savoir avec confiance ce qui se passe dans les 1 700 usines qui fournissent le groupe ainsi que dans ses 290 magasins répartis entre le Royaume-Uni, l'Europe et les Etats-Unis.

Il a toutefois ajouté qu'il est plus difficile de contrôler les pratiques éthiques des ateliers sous-traitants, dits de 2e niveau, qui produisent des articles tels que boutons ou crémaillères, ou même de 3e niveau, comme les ateliers de teinture.

"Plus vous descendez dans la chaîne logistique, plus cela devient compliqué", selon Paul Lister, qui a rejoint Associated British Foods, la maison-mère de Primark, en 2001.

Il a précisé que Primark mène chaque année des audits indépendants et impromptus dans toutes les usines, et que l'enseigne a par ailleurs entrepris cette année des vérifications supplémentaires dans les quelque 100 usines turques avec lesquelles elle travaille, en raison du risque d'exploitation de migrants syriens.

Primark a aussi mis en place une ligne téléphonique permettant aux travailleurs de dénoncer d'éventuels manquements éthiques, et a organisé des groupes de discussion sur des sujets comme la santé, qui ont permis aux travailleurs de parler avec franchise de leurs conditions de travail.

"Nous cherchons et nous trouvons et quand nous trouvons, nous savons quoi faire car nous n'avons pas peur", a-t-il ajouté, tout en précisant qu'il est important que les enseignes et les ONG travaillent ensemble pour combattre le travail forcé et l'exploitation.

"Nous portons une attention particulière sur la Turquie et nous avons changé notre manière d'opérer afin de tenir compte des circonstances particulières dans le pays."

Paul Lister a déclaré qu'il est difficile de connaître l'origine du coton et qu'en conséquence Primark a mis en place en 2013 un projet de culture durable dans la région indienne du Gujarat, connu sous le nom de Cotton Connect, qui recrute notamment de petites exploitations dirigées par des femmes.

"Nous nous sommes développés et nous avons maintenant 10 000 agriculteurs indiens qui produisent du coton [dans le cadre de Cotton Connect]."

Il a ajouté qu'il est important de reconnaître les bénéfices apportés par l'emploi de travailleurs dans les pays en voie de développement. Les usines avec lesquelles Primark travaille emploient environ 750 000 personnes, et celles-ci font vivre près de 2,4 millions de personnes, si l'on tient compte des familles des travailleurs.

Face à la question de savoir s'il est possible de vendre des vestes à 21 euros sans avoir recours à l'exploitation, Paul Lister a répondu que cela est possible grâce au modèle commercial de Primark.

"Nous ne faisons pas de branding ni de publicité sophistiqués, et tout cela contribue au prix des vêtements que vous achetez", conclut-il.