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Sophie George (éd. Falbalas) : "Pour se différencier, une marque doit trouver la bonne idée marketing"

Publié le
7 déc. 2016

Sophie George s’occupe de mode depuis 30 ans. Elle a fondé en 2007 les éditions Falbalas, spécialisées dans ce secteur. Egalement enseignante en management de la mode, elle vient d’écrire et de publier Les Univers de la Mode, un livre offrant un panorama complet de cet univers à travers ses différentes facettes (histoire, création, fabrication artisanat, business, commerce et communication). Elle décrypte pour FashionNetwork l’évolution de la planète fashion cette dernière décennie.

Sophie George - dr


FashionNetwork : Qu’est-ce qui a radicalement changé dans le secteur de la mode cette dernière décennie ?

Sophie George :
Après des années de spectacle et de starification des créateurs, on est revenu au produit. L’autre tendance forte, c’est la concentration qui s’est avérée à tous les niveaux, notamment des marques au sein des groupes, avec une globalisation toujours plus importante.

FNW : Où sera la mode dans quelques années ?

SG :
Nous sommes arrivés à une limite, à une saturation physique. Je pense qu’il va y avoir un revirement radical. L’expansion retail des marques s’est tellement accélérée et étendue, que l’on trouve désormais les mêmes marques partout. Parfois, on trouve la même enseigne à quelques rues de distance. En fait, lorsqu’ils voyagent, les gens ont envie d’avoir quelque chose d’exclusif. Le sur-mesure et le développement durable, même dans le segment bas de gamme, vont prendre de plus en plus d’importance, tout comme ce qui est lié aux technologies, tel le textile connecté.
 
FNW : Comment voyez-vous les consommateurs du futur ?

SG :
Les personnes en ont assez de s’acheter des vêtements à bas prix, qu’elles jettent après six mois faute de qualité. Nous allons tous être plus locavores, à tous les niveaux !
 
FNW : Cela signifie un retour en force du made in France ?

SG :
Malheureusement, l'avenir du made in France est incertain. On nous parle souvent avec emphase de l’ouverture de petits ateliers ici ou là. Mais ce qu’il manque, c’est une véritable renaissance de l’industrie. Pour cela, il faudrait une politique économique plus favorable au secteur. Un changement radical.
 
FNW : Aujourd’hui, que doit faire une jeune marque pour s’en sortir ?

SG :
Pour se différencier, une marque doit trouver la bonne idée marketing. C’est triste, mais nous sommes désormais dans une logique purement marketing. Etre créatif, si l’on n’est pas extrêmement talentueux, ne suffit plus.
 
FNW : Que pensez-vous des nouvelles générations de directeurs artistiques ?

SG :
On starifie moins les créateurs par rapport au passé. On ne voit plus le profil du créatif avant-gardiste doté d’une vision allant au-delà du marché. Les maisons ne recrutent plus ce type de profil. Echaudées par les excès comportementaux de la génération précédente, elles préfèrent prendre moins de risques.
 
FNW : Où en est la mode aujourd’hui du point de vue de la créativité ?

SG :
La mode est supposée nous faire rêver… A regarder les propositions « BOMO » d’aujourd’hui, c’est-à-dire mêlant systématiquement le beau avec le moche, ainsi que les coupes volumineuses et informes, on peut avoir des doutes sur cette fonction première. Nous sommes aujourd’hui dans l’ère du conceptuel. La mode a suivi l’évolution de l’art, parfois au détriment de l’apparence.
 
FNW : Quelle est la tendance de cette décennie ?

SG :
Les stylistes ne sont plus à la recherche d’une ligne. Auparavant, on pouvait identifier une silhouette selon des périodes données. Depuis les années 2000, ce n’est plus le cas. Il y a une plus grande liberté. La notion de tendances n’a plus beaucoup de sens. Nous sommes plus dans des mouvements liés à tel ou tel créateur. Le diktat de la silhouette a été remplacé par le diktat du créateur. Les repères ont changé.

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