Publicités
Publié le
18 mai 2010
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Tunis a des envies de mode

Publié le
18 mai 2010

Mi-avril, la ville a livré la seconde édition de sa "Fashion Week". Objectif, sortir de son statut de sous-traitant de l’Europe pour basculer vers la co-traitance et mettre en avant ses créateurs locaux. Si le propos n’est pas neuf, pouvoirs publics et privés commencent enfin à s’organiser.


De gauche à droite: looks 1 et 2 : Salah Barka, look " : bijoux du couple français Alex et Vero installé à Tunis (Photo PixelFormula)

Cinquième fournisseur textile dans le monde, deuxième en France, la Tunisie semble aujourd'hui décidée à élargir son périmètre d'action et se faire une place sur la scène mode. Une envie autant qu’une nécessité depuis la fin des quotas textile en 2005 qui a vu le départ de nombreux donneurs d’ordre, lui préférant la Chine et plus largement l’Asie où le coût de la main d’œuvre est moins cher.

"Nous sommes trop longtemps restés dans une logique de sous-traitant", interpelle Becem Jallouli, PDG d’Ulysse Fashion, un bureau de style implanté à Tunis qui a profité de la manifestation pour présenter sa marque Platinium. "Nous disposons d’une main d’œuvre qualifiée qui doit s’épanouir, pour être capable d’offrir une réponse globale, de la création au produit fini."

Et le propos fuse de toutes parts, des couloirs du Ministère de l’Industrie à ceux du Cettex, le centre technique du textile de Monastir, en passant par les bancs de l’école Esmod Tunisie. Le Ministère du tourisme, qui souhaite rebondir sur l’événement pour ôter à la Tunisie l’étiquette de parent pauvre du Maroc, est également de la partie.


De gauche à droite : Omar Njeh, Zeineb Karoui, Ismmm (école de mode de Monastir)

Encore embryonnaire, cette deuxième "Fashion Week",qui s'est tenue du 13 au 18 avril dernier, a essayé de mettre les petits plats dans les grands. "Le temps est venu de supporter la création tunisienne, explique Sarra Soussi en charge de l'événement. Nous nous sommes donné entre 3 et 5 ans." Et de préciser que d’une année sur l’autre, elle avait déjà "constaté un mieux".

Rendez-vous était donc pris au théâtre municipal de Tunis, une imposante construction du début du XXe dans le style Art Nouveau en plein centre-ville, clôturé avec la présentation Cacharel. Un défilé qui a conquis l’assemblée avec la première collection de Cédric Charlier printemps-été 2010.

Ainsi, sur quatre jours, près de 30 défilés ont été organisés, révélant à regret quelques incohérences en mélangeant couture, prêt-à-porter et bijoux. N'empêche, "des créations sont intéressantes et les savoir-faire magnifiques. Mais il est certain que pour séduire le marché européen, il va falloir s’adapter", souligne un acheteur français.


De gauche à droite : Fred Sathal, Cacharel, Soraya Ouelasti (accessoires)

De belles surprises aussi, comme le défilé de Salah Barka. Mannequin, puis costumier pour le cinéma et le théâtre avant de devenir styliste, fil d’argent du concours "L’Afrique est à la mode" de Niamey en 2008, ce créateur d’une trentaine d’années a vitaminé la scène en jouant avec les matières traditionnelles et en détournant les coupes. A l’instar d’Omar Njeh et ses créations fantaisistes de noir et blanc, ou des étudiants du collège Lasalle, Salah Barka souhaite d’abord et avant tout "créer ce que les Tunisiens pourraient porter". Car c’est bien cela le défi pour cette jeune - et moins jeune - garde baignée aux enseignes mode européennes, habiller la rue et voir leurs créations portées chez eux.

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com