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27 juil. 2016
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Yuima Nakazato : « Le futur de l’industrie sera basé sur l’esprit de la couture »

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27 juil. 2016

Yuima Nakazato, créateur japonais qui a étudié à l’Académie d’Anvers et qui a fondé sa propre marque en 2015, a défilé cette année pendant la Semaine de la Couture en tant que membre invité par la Chambre Syndicale. Il revient pour FashionMag sur ses objectifs de développement, sur sa vision et de l’industrie et sur la place de Paris dans la mode.


Yuima Nakazato - Fall-Winter 2016 - Haute Couture - Paris - © PixelFormula


FM : Pourquoi vous êtes-vous lancé dans la Couture ?

YN : Je pense que la Couture est le système qui correspond le plus à mon style. J’ai déjà créé une centaine de costumes de scène pour des chanteuses. La personnalisation d’une pièce pour l’adapter au corps est exactement ce que je souhaite faire. Je voudrais développer ce concept en gardant l’esprit haute couture du sur-mesure, mais en le combinant au prêt-à-porter.

FM : Comment décrivez-vous l’ADN de votre marque ?

YN : Avant tout, le tissu hologramme est ma signature. Cette matière a été développée exclusivement pour ma marque, je continue à la développer pour l’améliorer et je l’ai utilisé pour créer des sacs. Cette matière offre un jeu de lumière qui représente pour moi la nature.

Ensuite, je travaille beaucoup en relation avec le corps humain. J’essaye de refléter dans mes collections le rapport entre le corps et la société à travers les vêtements. Par exemple, pour mon défilé parisien, j’ai choisi de chausser les mannequins avec de très hauts talons et j’ai demandé à certains mannequins de défiler avec des bras artificiels réalisés à partir d’une imprimante 3D pour exagérer et transformer le corps. Dans le passé, j’ai aussi habillé un homme avec un corset de femme pour remettre en question la sexualité.

Enfin, j’aime beaucoup avoir recours à la technologie. Pour cette collection, nous avons utilisé trois imprimantes différentes pour les imprimés des hologrammes, pour fabriquer les bras artificiels, mais aussi pour le recouvrir d’un imprimé qui représente vraiment le corps humain. Je souhaite continuer à introduire des technologies innovantes dans le monde plutôt conservateur de la mode.  

F.M : Est-ce important pour vous de promouvoir le savoir-faire japonais dans vos collections ?

YN : J’ai visité beaucoup d’ateliers au Japon, leurs créations sont magnifiques, je travaille avec certains pour mes accessoires. Néanmoins, ils ne peuvent pas suivre le rythme des collections et produisent en petites quantités. Je pense collaborer avec eux pour mes modèles Couture ou demi-mesure. J’aimerais aussi m’intéresser aux métiers d’art français. On pourrait penser que les savoir-faire traditionnels ne sont pas compatibles avec mon style plutôt futuriste, mais j’ai cette envie, qui caractérise mon style, de combiner des genres opposés.

FM : Qu’attendiez-vous de ce défilé pour votre développement international ? Et plus précisément pour la France ?

YN : Je souhaiterais encore défiler pendant la Semaine de la Couture tout en développant ma ligne de prêt-à-porter. Pour le moment, nous avons commercialisé ma ligne d’accessoires grâce aux showrooms de Tokyo et Paris. J’envisage aussi de développer mon concept demi-mesure, c’est-à-dire proposer des modèles de base et permettre aux clientes de personnaliser des détails des vêtements et de l’ajuster à leur taille.

Concernant les marchés clés, nous nous concentrons sur l’Asie et sur l’Europe. En Asie, je développerais plus le prêt-à-porter et les accessoires. Quant à l’Europe, et surtout Paris, je souhaiterais proposer mes lignes plus haut de gamme. Cependant, avec mon concept demi-mesure, je pense pouvoir toucher tous les pays, je compte sur mes défilés Couture pour montrer l’univers créatif de ma marque et pour développer ce concept à l’international.

Enfin, j’aimerais mettre au point pour le futur un protocole de personnalisation pour mes collections dans les boutiques multimarques, un peu comme NikeiD, en formant les équipes de vente à la prise de commandes personnalisées.

FM : Pour vous, Paris est toujours la capitale de la mode ?

YN : Oui. Pour moi, le futur de l’industrie sera basé sur l’esprit de la Couture et donc sur Paris. A la différence du prêt-à-porter, qui vise le plus grand nombre avec un modèle fixe, la Couture propose une pièce pour une personne. C’est essentiel pour la mode. Le seul problème est le prix, mais le développement des technologies les rendra plus accessibles dans le futur. C’est cette conviction qui me pousse à penser que Paris restera la capitale de la mode.

FM : Que pensez-vous de l’évolution de l’industrie de la mode ?

YN : Avec le développement d’Internet, et des réseaux sociaux, je pense que le changement est évident et naturel. Je le trouve positif. Concernant le débat sur la possibilité du « see now, buy now », en tant que marque indépendante, je ne vois pas trop l’intérêt. De plus, au Japon, on a déjà inventé les Fashion Weeks avec cette option comme la « Tokyo Girls Fashion Week », qui permet d’acheter tout de suite en ligne après le défilé, mais des produits plus commerciaux. A la Fashion Week de Tokyo, qui montre le côté plus créatif des créateurs, cela n’a pas été introduit donc je pense que cela n’arrivera pas tout de suite si cela devait se faire.

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