Les importations textiles de l'UE, notamment en France, sont restées quasiment stables en valeur au premier trimestre 2005, mais avec une forte hausse en provenance de Chine au détriment du Maghreb et du reste de l'Asie, selon le dernier bilan de l'Institut français de la mode (IFM).

Usine Chinoise de Huaibei - Photo : China Newsphoto/Reuters

Au premier trimestre, les importations européennes venant de Chine ont doublé à quintuplé en volume, surtout pour les produits où jusqu'ici la Chine était moins présente. L'augmentation en valeur est un peu moindre, entre le double et le triple pour les produits les plus vendus, en raison d'une chute des prix.

Désormais sur les neuf grandes catégories actuellement examinées par Bruxelles (T-shirts, pulls, pantalons, chemisiers, chaussants, manteaux pour femme, soutiens-gorge, fils de lin et tissus de lin), la Chine représente 20 à 54% des approvisionnements de l'UE. Elle livre ainsi la moitié des arrivages de manteaux et de soutiens-gorge en Europe.

Pourtant, tous pays d'origine confondus, les importations textiles totales de l'UE ont baissé de 0,1% en valeur sur les deux premiers mois 2005: il ne s'agit donc pas d'une hausse globale des importations mais d'un rééquilibrage entre fournisseurs non-européens.

Toutefois, en volume, les importations globales en Europe ont augmenté de 15% sur le bimestre, car les articles chinois ont considérablement baissé leurs prix, parfois divisés par deux: pour le même prix, les importateurs obtiennent davantage de pièces.


Par exemple, le nombre de pull-overs chinois importés a été multiplié par 6,5 (65 millions de pièces contre 10 millions), celui des pantalons par 5 (104 millions contre 20 millions) et les T-shirts par 3 (150 millions contre 57 millions). Ces articles sont aussi beaucoup moins chers, avec des baisses de 15% à 47%.

Usine Chinoise de Dongguan - Photo : Kin Cheung/Reuters

Parmi les fournisseurs, le Bangladesh et le Vietnam sont en baisse sensible, et encore plus la Tunisie et le Maroc.

Ainsi, pour les pantalons, l'UE n'a importé que 20 millions de pièces du Maroc au premier trimestre contre 25 millions un an plus tôt, et de Tunisie 18 millions contre 23 millions, soit une perte globale de part de marché de 4 points, à 13% contre 17% un an plus tôt.

Gildas Minvielle, responsable des études de l'IFM, a souligné que la baisse des exportations de vêtements de la Tunisie et du Maroc menace l'emploi dans ces deux pays où le textile représente 45% des emplois industriels.

De plus, comme le Maroc et la Tunisie sont les premiers clients des tisseurs européens et surtout français, le déclin des livraisons du Maghreb pèsera directement sur eux, a-t-il expliqué.

"Vu l'avantage prix des tissus et vêtements chinois, les taxes envisagées n'auront que peu d'effet en ne corrigeant que légèrement l'écart", a aussi jugé M. Minvielle.

A noter que les prix chinois présentent des écarts allant jusqu'à 2 euros par pièce en moyenne par rapport à d'autres pays pour les neuf catégories de produits étudiés: un gouffre quand on considère qu'un T-shirt chinois coûte en moyenne 1,8 euro à l'importation (contre 2,5 euros un an plus tôt) et un pull ou un pantalon environ 3,5 euros (contre respectivement 6,7 euros et 4,4 euros un an plus tôt).

Usine Chinoise de Dongguan - Photo : Kin Cheung/Reuters

La tendance est identique en France, avec des importations d'habillement de 1,9 milliards d'euros au premier trimestre, quasiment stables (à peine +1%), note l'IFM. Ces importations ont toutefois progressé bien plus en volume, compte tenu de la baisse des prix chinois.

Ainsi, la France a diminué de 6% ses importations provenant de l'UE et accru de 4% de celles extérieures à l'UE.

Pour les seuls tissus, les arrivages de Chine en France ont bondi de 52% en valeur au premier trimestre au détriment du Maghreb, alors que les importations globales françaises de tissu sont restées quasiment stables.