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Publié le
22 nov. 2021
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7 minutes
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Jacques-Antoine Granjon (Veepee): "Nous voulons être moins dépendants des stocks de marques"

Publié le
22 nov. 2021

Il y a vingt ans se lançait Vente-Privée. Au départ regardé avec méfiance par le secteur de l'habillement, alors largement persuadé que la mode ne se vendrait jamais en ligne, le site a progressivement séduit marques et clients en réinventant sur Internet l'activité d'écoulement des fins de stocks. Et si la crise sanitaire secoue encore aujourd'hui son activité, c'est à une transformation du marché que se confronte plus largement la licorne française, rebaptisée Veepee. Allant chercher dans marketplaces, seconde main et autres une indépendance croissante vis-à-vis des fins de stocks, comme nous l'explique son cofondateur et CEO, Jacques-Antoine Granjon.


Jacques-Antoine Granjon - Veepee



FashionNetwork: Quels ont été les impacts de la crise sanitaire dans l'activité de Veepee?
 
Jacques-Antoine Granjon : Quand nous nous étions parlé en mars 2020 (relire notre interview aux premiers jours du confinement), nous entrions dans une conjoncture assez unique dans l'histoire de l'humanité. La plupart des marques ont subi l’arrêt total de leur activité avec la fermeture de leurs points de vente physiques. Elles avaient pléthore de stocks, et besoin de canaux alternatifs pour écouler leurs produits. Et nous avons répondu présents. En parallèle, les marques se sont réorganisées pour être moins dépendantes de leurs réseaux physiques, mais également des plateformes digitales qui proposent leurs produits. Elles ont donc accéléré leur digitalisation là où souvent seule une partie de l'offre était proposée en ligne. Nous sommes dans une situation dont je ne saurais dire si elle est conjoncturelle ou structurelle. Bien sûr que la prise de conscience environnementale est immense. Je ne sais pas si elle se traduit dans les comportements, car on culpabilise souvent beaucoup le consommateur final, alors que les enjeux le dépassent souvent. On est dans un moment où, certainement, les marques réfléchissent à produire plus local.

En sortie de crise, cela veut dire moins de stocks. Les marques ont souffert, avec des problèmes de trésorerie, des collections parfois reconduites... Certaines vont même manquer de stocks pour elles-mêmes en 2022. Voilà le tableau. C’est un sujet central et préoccupant pour Veepee.
 
FNW : L'exercice 2021 sera donc une année de transition ?

JAG : Veepee subit le contrecoup de la crise. Nous le sentons dès maintenant: il y a moins de stocks à écouler. Or, c'est notre matière première, pour laquelle il faut lutter avec nos concurrents. Nous avons eu un très bon premier semestre 2021, mais le second est plus difficile. Moins de stocks: moins d'opérations. Et un sensible 'ras-le-bol' d'Internet à partir de fin-mai, avec un besoin pour les consommateurs d'aller en magasins. Depuis l’automne ce ras le bol a disparu. Nous aurons donc cette année un chiffre d'affaires légèrement inférieur à celui de l'année dernière, mais c'est normal.

Notre enjeu aujourd’hui, c'est que Veepee soit moins dépendante des stocks des marques. Nous avons conscience que cela constitue une fragilité. C’est pourquoi nous continuons à diversifier nos activités, grâce à la puissance de notre trafic récurrent, en ouvrant de nouveaux secteurs.

FNW : Nombre de marques entreprennent désormais de limiter leurs volumes pour éviter les fins de stocks. Redoutez-vous un changement structurel sur votre cœur de marché ?

JAG : C'est à partir de 2022 que nous verrons une stabilité des chiffres. Et que nous pourrons savoir si nous sortons d'une conjoncture, ou si nous sommes face à un changement structurel de l‘industrie. Les stocks ne sont pas infinis. Mais je ne pense pas qu'on les verra totalement disparaître. Cela fait 36 ans que je suis soldeur, cela fait 36 ans qu'il y a toujours eu plus de volumes. Les marques en croissance ont toujours besoin de gros stocks tampons pour alimenter leurs réseaux. Il est vrai que les marques tendent à maîtriser toujours mieux leur production. Nous devons donc travailler à être moins dépendants de stocks de marques. C’est le cœur de notre stratégie: continuer de rendre ce service d’écoulement qualitatif de leurs stocks, et développer en parallèle, grâce à notre trafic, des activités non dépendantes des stocks. C’est une question fondamentale pour Veepee de ne pas être tributaire du choix d'une marque d’écouler ou non ses invendus, de les vendre chez elle ou ailleurs, en outlet ou en ligne… C'est dans cette logique que nous développons la Brandsplace (la place de marché de Veepee, ndlr), le voyage, le vin, la gastronomie, la décoration, l’ameublement, les produits de grande consommation. Ou encore l’électronique reconditionné.

FNW : La "Brandsplace" marque une rupture avec la logique de vente événementielle des fins de stocks. Depuis son lancement en 2019, quels sont ses résultats ?
 
JAG : La Brandsplace n'est pas un endroit où tout le monde peut vendre n'importe quoi. C'est un endroit où la marque a le contrôle et décide d'animer ses propres promotions sur ses collections actuelles. C’est leur boutique chez Veepee. En l’occurrence nous avons passé, après de longues négociations, un contrat avec 20 marques de quatre divisions du Groupe L'Oréal (soin du cheveux, pharmacie, luxe et grande conso), que nous pouvons proposer tous les jours et que vous pouvez commander dans le même panier. C'est unique.

La Brandsplace, c’est cette année 200 millions d’euros de chiffres d’affaires. Et nos ambitions sont très fortes. Nous ne sommes pas un site de search. Nous sommes un site événementiel. Notre Brandsplace propose des événements plus pérennes. Et subitement le membre se dit qu’il peut trouver de tout sur Veepee. A nous de le lui faire comprendre. Place ensuite au travail que nous menons sur la personnalisation, avec un algorithme qui permet de proposer à chacun les produits qu'il est le plus susceptible d'acheter. Sans oublier le serendipity (le hasard de la vie). C’est un axe très puissant de notre développement.


La Brandsplace de Veepee va cette année générer 200 millions d'euros de ventes - Veepee


 
FNW : Quelles sont vos ambitions pour In-shop, qui vend les stocks saisonniers des boutiques physiques, et Re-cycle, votre aventure dans la seconde main ?
 
JAG : Le modèle de Veepee c’est d’abord de vendre les produits des marques stockés dans leurs entrepôts. Puis avec In-shop, nous vendons les produits qui sont dans les magasins. Maintenant, avec Re-cycle, nous allons vendre les produits qui dorment dans les armoires de nos membres. Nous avons créé Re-cycle, des ventes inversées, dont la première a eu lieu avec Aigle, suivie de nombreuses autres comme Villebrequin, Timberland, DCM Jennyfer, Hipanema, Petit Bateau... C’est en train de monter en puissance. Un vrai défi industriel. Nous avons récupéré en une trentaine d’opérations près de 150.000 pièces. Nous avons acheté des machines dédiées pour les trier, laver, repasser, photographier ; et bientôt les remettre en vente dans des ventes dédiées. Les marques donnent un coupon à dépenser dans leur réseau de distribution ou sur leur site à ceux qui renvoient les produits.

À terme, nous visons une vente Re-cycle par jour. Soit quelques millions de pièces récupérées. Certes c'est peu par rapport aux 125 millions de pièces vendues chaque année par Veepee, mais c'est un marché illimité, qui dépend surtout de l'engagement de nos membres. Beaucoup d’avantages par rapport à des offres rivales: produits propres à bas prix, paniers multimarques, et des frais de port offerts à partir d’un certain montant de panier.
 
FNW : La RSE est désormais au cœur de la communication des marques de mode. Quelles sont vos ambitions propres sur ce terrain ?
 
JAG : Nous allons compenser nos émissions dans le Voyage. Nous avons conclu un contrat d’énergie verte pour pallier à l’énergie de nos serveurs. Il y a évidemment tous les sujets de packaging pour lesquels nous nous allions aux partenaires pour diminuer notre impact; ce n'est pas nous qui allons inventer les packagings de demain, c'est le rôle des fabricants. Et il y a enfin le sujet du transport, sur lequel nous réfléchissons aussi avec nos partenaires de toujours. Nous travaillons ainsi avec La Poste qui nous demande par exemple de remplir différemment les camions pour augmenter les volumes transportés par trajet.

Et nos dernières innovations Re-turn et Re-cycle sont également une réponse. Re-turn permet aux membres de vendre des produits entre eux. Lorsqu’un membre veut retourner un produit, nous le remboursons, mais nous proposons que la pièce soit directement remise en vente sur la plateforme dédiée, avec une réduction supplémentaire. Puis le membre retourneur expédie gratuitement le produit au membre acheteur, directement. Cette année, ce sont plus de 250.000 produits qui n'ont pas transité une seconde fois dans nos entrepôts ou ceux des marques, grâce à Re-turn. C’est un début, et c’est une cadence que nous avons pour objectif d’accélérer très fortement, jusqu’à ce que 100% des retours soient ainsi remis dans le circuit.
 
FNW : Veepee se transforme en allant vers des marchés concurrentiels comme ceux des marketplaces ou de la seconde main. Est-ce à dire qu'Amazon, Zalando et autres deviennent progressivement vos concurrents ?

JAG : Comme toujours dans la distribution, c'est une question de parts de marché. Amazon n'est pas un concurrent direct. C'est du BtoC absolu, qui pense au client final en permanence, qui ne s'intéresse pas aux marques. Amazon c’est le besoin: on y trouve de tout, c’est la profondeur de l’offre, le modèle du search absolu. Nous ne faisons pas le même métier. Zalando, lui, est un distributeur de mode au prix boutique. Ce que nous ne sommes pas. Certes ils font Zalando Privé, des collections actuelles achetées aux marques pour les revendre en fin de saison, mais c'est là encore un autre modèle que le nôtre.

Notre modèle est clair: des marques, des stocks de qualité mis en scène dans un univers créatif, et des décotes fortes pour des raisons industrielles promotionnelles ou de trafic. Nous créons des événements quotidiens dont seule la qualité génère un trafic puissant au service des marques.

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