Il Bisonte affiche ses ambitions

Auteur :

Dominique Muret

Publié le
26 juil. 2017

Il Bisonte veut se remettre à courir. La marque au logo représenté par un bison au galop, connue pour ses sacs en cuir de vachette réalisés par des artisans florentins, a tous les atouts en main pour renouer avec son succès d’antan. Détenue depuis juin 2015 par le fonds d’investissement britannique Palamon Capital Partners, elle a débauché en janvier l’ex-vice-directrice générale de Salvatore Ferragamo, Sofia Ciucchi, pour la placer à sa tête.

La nouvelle CEO n’a pas perdu de temps, s’attelant d’emblée à un plan de relance. « Nous voulons dépoussiérer Il Bisonte, en reprenant les ingrédients qui en ont fait sa force, tels le produit, le cuir, les matières. L’idée est de moderniser l’offre en lui donnant une connotation plus urbaine, afin de gagner une clientèle plus jeune et sophistiquée qui apprécie notre made in Toscane », explique-t-elle à FashionNetwork.com.

La marque, fondée à Florence en 1970 par Wanny Di Filippo, qui n’est plus actionnaire mais est resté président de la société, veut se délester un peu de son image "country" au profit d'un esprit plus "casual chic". Elle a donc fait appel à la collaboration de la designer anglaise Emma Hill, l’ex directrice créative de Mulberry, et lancé un master avec les étudiants de l’Académie du costume et de la mode de Rome.

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L’idée est de compléter les modèles intemporels, qui représentent 80 % des ventes, par des produits saisonniers, en poussant sur les sacs aux côtés d’une petite maroquinerie qui marche très fort. Ont été introduits notamment des accessoires en tissu, des sandales et des objets de papeterie.

« Nous ne sommes pas qu’un fabricant de sacs et représentons un art de vivre et un savoir-faire à 360 degrés », poursuit Sofia Ciucchi, qui est repartie du produit pour s’attaquer désormais à la distribution et au marketing.

Après avoir restructuré sa boutique historique de Florence en juin, Il Bisonte inaugure ces jours-ci un magasin amiral à Milan, dans la très chic via Santo Spirito au numéro 14, en plein quadrilatère du luxe. Il s’agit d’un espace de 90 mètres carrés aménagé par l’agence Vudafieri Saverino Partners, faisant appel au bois, au cuir et au bronze, avec des dessins de l’artiste Filippo Falaguasta.

Cet espace porte à sept le nombre de points de vente monomarques du label (par ailleurs distribué auprès d’une centaine de multimarques) :  Milan, Florence, Londres, inauguré en décembre dernier sur Neal Street, Rome (2) et Paris (2). A cela s’ajoutent 38 magasins en franchise ouverts au Japon, le premier débouché du maroquinier italien où sont réalisées 60 % des ventes mondiales de la griffe. Son partenaire asiatique, Look, l’est aussi pour la Corée du Sud, où il a ouvert trois boutiques.

« Nous voulons maintenir notre position au Japon, accélérer aux Etats-Unis avec l’ouverture d’un showroom à New York, et nous renforcer en Europe. Nous devons, en particulier, nous relancer sur le marché français, où nous avons perdu de notre élan », souligne le CEO.

La marque a implanté il y a quelques décennies deux boutiques à Paris : l'une galerie Véro-Dodat et l'autre rue du Cherche-Midi. La première, qu'Il Bisonte détient en propre, va être restructurée comme un petit showroom. Pour la deuxième adresse, l’entreprise cherche un nouvel emplacement.

Le futur s’annonce intense pour le maroquinier, qui emploie 90 personnes et dont le chiffre d’affaires s’élève à 21 millions d’euros. « La maison a un grand potentiel sur les nouveaux marchés. Ses marges sont élevées, sa structure est agile. Elle génère par ailleurs beaucoup de trésorerie. Nous tablons sur un plan de croissance autour de 20 à 25 % par an », conclut Sofia Ciucchi.