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23 janv. 2018
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BATX : des GAFA chinois qui serrent les rangs

Publié le
23 janv. 2018

Il fut un temps pas si lointain où les investisseurs étudiaient les "dragons" et "tigres " asiatiques, avant de se pencher sur les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et PPICS (Pérou, Philippines, Indonésie, Colombie et Sri Lanka). Désormais, le monde économique se pense en termes de GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) et de BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi), leurs jumeaux chinois en croissance effrénée qui, davantage que leurs équivalents américains, avancent en groupe.


La Chine mise sur ses géants de l'Internet pour concurrencer les GAFA - DR


Une cohésion née de la nature même du quatuor. D’un côté, le Google chinois, Baidu, et ses 10 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2016, qui sert à 80 % des recherches menées dans le pays. Un territoire où l’Internet passe plus qu’ailleurs par les mobiles, domaine que domine Xiaomi, l’Apple local, qui aurait vendu 80 millions d’appareils en 2016, le tout uniquement en ligne. En matière de vente en ligne justement, règne en maître Alibaba, l'Amazon oriental, qui dépassera les 1000 milliards de dollars de biens vendus d’ici 2020.

Les ventes en ligne reposent grandement sur les réseaux sociaux en Chine, et notamment sur WeChat, application star de Tencent, utilisée par 500 millions de Chinois et qui se paie le luxe d’être tout à la fois, Facebook, Twitter, Instagram, Paypal, WhatsApp et même Tinder. Ainsi, ce n’est pas de leur origine que les BATX tirent leur spécificité, mais de l’imbrication étroite de leurs activités respectives en un ensemble cohérent.

« Des individus comme Pony Ma (Tencent), Lei Jun (Xiaomi) et Jack Ma (Alibaba) ont construit leurs empires différemment de la génération précédente d’entrepreneurs chinois, en se concentrant sur le développement de leur cœur de métier en écosystèmes collaboratifs, pointe ainsi Marc Lolivier, vice-président d’E-commerce Europe, et délégué général de la Fédération de la vente en ligne (Fevad). Les BATX révolutionnent aujourd’hui presque toutes les industries, à commencer par le e-commerce, qui est le cœur de métier d’Alibaba, mais aussi au centre de la stratégie d’investissement de ses trois concurrents ».

Convergence et concurrence

Pendant que, côté GAFA, Google et Apple luttent pour dominer le marché des systèmes d’exploitation sur mobile, et qu’Amazon et Google tentent de s'imposer sur le marché des assistants vocaux, les BATX affichent un visage différent. Tencent et Alibaba se sont naturellement rapprochés sur la question du portefeuille électronique, dont ils entendent s’assurer le leadership en Asie du Sud-Est. Dans un premier temps, en tout cas. Xiaomi, qui prépare son introduction en Bourse, a lui développé l’intelligence artificielle Ali Xiaomi pour répondre aux questions des clients d’Alibaba. Un domaine où le ministère chinois des Sciences et Technologies demande lui-même à ce que les deux acteurs forment une « équipe nationale » avec Tencent.

Les exemples sont nombreux, mais n’effacent pas une réalité : de grandes proximités d’activité sont autant de points de frictions possibles. Alibaba en a plusieurs fois fait la démonstration. Au fil des années, le géant a par exemple lancé ses propres outils connectés, concurrençant ceux de Xiaomi. En s'étendant au-delà du champ des produits à vendre, il est aussi devenu un outil de recherche faisant face à Baidu. Tencent est, de son côté, le principal actionnaire de JD.com, premier challenger d’Alibaba pour la vente en ligne (49,5 milliards d’euros de chiffre d'affaires en 2016), et a récemment investi dans le leader chinois du déstockage en ligne Vipshop.

A la conquête de l'Occident

Reste que les BATX, à l’instar des GAFA, ne nourrissent pas que des ambitions nationales ou régionales. Tencent s’est notamment illustré l’an passé en achetant 5 % du constructeur automobile américain Tesla, 10 % de Snapchat, et même 10 % de Spotify. Si le groupe chinois a investi dans une vingtaine des plus grosses licornes d’Asie, il a aussi pris des parts dans une cinquantaine de structures américaines, inquiétant Facebook et Apple.


Bruno Le Maire et Emmanuel Macron avec Jack Ma, début janvier 2018 - Alibaba Group


En Europe, le concurrent du service américain Uber, Taxify, a lui reçu le soutien financier de Tencent et d’Alibaba. L’e-commerçant ne faisant pour sa part plus mystère de son intention de se confronter au leadership croissant d’Amazon sur le Vieux Continent. Enfin, Xiaomi, après s’être longtemps concentré sur la Chine et l’Inde, lorgnerait désormais sur l’Amérique, tandis que son concurrent Huawei se focalise sur l’Europe.

Après les passerelles construites par les marques occidentales pour accéder au marché chinois, ce sont des ponts que les BATX veulent établir en retour. Avec des géants du web chinois qui viennent à la rencontre des entreprises, voire de chefs d’Etat. Alibaba et consorts disposent pour cela de la meilleure carte de visite : 1,3 milliard d’habitants ayant dépensé en 2016, rien que sur Internet, 700 milliards d’euros. De quoi placer l'empire du Milieu au centre du futur marché mondial de la consommation.

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