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6 avr. 2018
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Jean-Christophe Garbino (Fashion3) : "Reconstruire un modèle de prêt-à-porter masculin rentable"

Publié le
6 avr. 2018

Comme nous vous l’annoncions jeudi, le groupe d’habillement nordiste HappyChic (Jules, Brice, Bizzbee, La Gentle Factory) s’apprête à vivre plusieurs bouleversements. Jean-Christophe Garbino, le dirigeant de Fashion3, qui est l’écosystème mode de la famille Mulliez, regroupant les enseignes Pimkie, Orsay, Grain de Malice, Rouge Gorge ainsi que le groupe HappyChic, explicite à FashionNetwork.com les changements en cours. Avec ses 730 magasins et ses 700 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, HappyChic se morcèle puisque Jules et Brice se rapprochent, tandis que Bizzbee s’émancipe et que La Gentle Factory va être cédée.  


Jean-Christophe Garbino a dirigé Kiabi entre 2007 et 2014, avant de rejoindre en 2016 le pôle mode de la famille Mulliez. - DR

 
FashionNetwork.com : Le groupe HappyChic est-il sur le point de disparaître ?

Jean-Christophe Garbino :
HappyChic continue d’exister, c’est la structure de tête de nos enseignes sur le plan juridique. Mais il faut aujourd’hui évoluer pour relancer la machine, au regard du contexte du marché de l’habillement et de la santé de nos marques. On ne peut pas continuer à faire la même chose pendant cinq ou dix ans en espérant un résultat différent, ce serait illusoire.

FNW : Que comptez-vous mettre en place ?

JCG :
Mon souhait est d’impliquer tous les collaborateurs, de mobiliser autour d’un projet commun pour définir quelque chose de nouveau. En s’unissant. Les équipes de Jules et de Brice vont revêtir le même maillot. L’objectif est de reconstruire un modèle de prêt-à-porter masculin rentable. Réfléchir ensemble et réinventer le business model, mais pas chacun dans son coin. D’ici l’été, nous aurons établi les premières pistes en termes d’organisation et les grandes idées.

FNW : Jules va-t-il absorber Brice ?

JCG :
Pour l’instant non, rien n’est encore acté. Les deux enseignes continuent d’exister, mais l’on va désormais travailler ensemble et plus comme avant en silos distincts. La décision de la fusion n’est pas encore prise. Des études et tests sont et vont être menés sur ce nouveau socle que l’on appelle en interne Jules & Co.

On réfléchit aussi à un nouveau concept, plus digital, ayant pour but de recruter une clientèle masculine plus large que celle concernée par Jules et Brice. Ce projet, nommé pour l’instant « One stop shop », sera développé à moyen terme.

FNW : Quels problèmes rencontrent Jules et Brice ?

JCG :
Les deux enseignes font face aux mêmes difficultés que les autres acteurs du secteur, à savoir une baisse du trafic en magasin et l’émergence de nouveaux concurrents, dans un environnement du retail en mutation. Le début d’année a été particulièrement difficile. HappyChic ne s’est pas transformé suffisamment tôt. Le monde a complètement changé depuis sa création en 2009.

FNW : Les deux enseignes présenteraient chacune un certain nombre de magasins non rentables. Peut-on s’attendre à des fermetures si elles s’unissent ?

JCG :
C’est la vie des réseaux d’ouvrir et de fermer des magasins si les zones de trafic changent. Vous dire que les magasins non rentables fermeront tous, ou pas, ce n’est pas encore possible. Savoir si on conservera telle ou telle adresse dans une ville, cela n’est pas défini non plus. Ce qui compte, c’est de trouver, comme je le disais, un nouveau modèle rentable et la mutualisation des deux enseignes peut donner de nouvelles opportunités.

FNW : Quel est votre rôle dans ce bouleversement ?

JCG :
J’étais le directeur général d’HappyChic, mais à partir de maintenant, je prends plus particulièrement la direction de la nouvelle entité Jules/Brice, en étant beaucoup plus dans l’opérationnel. C’est un projet d’union managériale. C’est grâce à l’engagement humain des équipes que j’ai par le passé transformé Kiabi, en misant sur les talents internes. Je crois au pouvoir de l’intelligence collective.

FNW : Un nouveau dirigeant de Prosphères vous rejoint pour opérer cette transformation ?

JCG :
Hervé Chabrerie, du cabinet Prosphères, qui œuvrait chez Jules, termine sa mission. Philippe Favre arrive, mais pour m’accompagner, sans mandat social. Il sera surtout un soutien méthodologique. On définira ensemble, par le biais de groupes de travail impliquant les salariés, ce qu’il faut arrêter, ce qu’on doit créer ou maintenir.

FNW : Qu'en est-il des deux autres marques d’HappyChic que sont Bizzbee (mode urbaine pour homme et femme) et La Gentle Factory (mode responsable, fibres bio ou recyclées) ?

JCG :
Bizzbee, qui réalise des performances stables, va désormais vivre sa vie. Elle serait peut-être allée plus loin et plus vite si elle n’avait pas été dans la même structure que Jules et Brice. Il faut lui donner de l’autonomie, en conservant son mode start-up car nous avons pour elle des ambitions au-delà du retail. On va d’autre part se séparer de la marque La Gentle Factory puisque nous l’avons mise en vente. C’est un business tout petit dans une grosse machine, elle aura de meilleures capacités de développement avec d’autres investisseurs. Nous devons arrêter de nous disperser et nous focaliser sur notre cœur de métier, à savoir Jules et Brice. La Gentle Factory est un projet RSE intéressant, mais la RSE, elle doit être mise en œuvre partout, à l’intérieur de chaque marque, ne pas être une caution.

FNW : Vous conservez aussi votre rôle de leader de l’écosystème Fashion3 ?

JCG :
Tout à fait. D’autres enseignes de ce groupement ont réussi leur mue comme Grain de Malice, chez qui tout se passe très bien maintenant, tandis que Pimkie, qui poursuit sa transformation, montre de premiers signes encourageants sur les premiers modèles de la nouvelle collection.

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