AFP
22 janv. 2010
"Opulence et effusion de sang": Josephus Thimister renoue avec la couture
AFP
22 janv. 2010
Josephus Thimister - Photo : AFP |
"J'ai voulu un mélange d'ultra-sophistication et d'ultra-brut", ajoute ce Néerlandais parisien qui parle cinq langues, dans un atelier qu'il a loué pour la circonstance sur les bords de Seine.
Visage rond barré de grandes lunettes carrées, regard bleu et boucles blond vénitien, le couturier présente une trentaine de modèles féminins et quinze masculins. L'ensemble intitulé "1915 - Opulence et effusion de sang" est déjà sur cintre, prêt à être présenté aux acheteurs et à la presse en amont du défilé prévu dimanche soir.
Une collection unisexe en rouge, kaki et écru, inspirée de la Première guerre mondiale mais qui évoque curieusement aussi les campagnes napoléoniennes, notamment certaines vestes aux épaules étroites et col haut.
M. Thimister montre un manteau en drap militaire serré, doublé en soie, avec une capuche. "On pourra le décliner en trench ou caban" dit-il, prévoyant de vendre le gros de sa collection dans de grands magasins multi-marques "à l'exception de certaines pièces faites sur mesure".
Il présente aussi des pulls tricotés en biais sans coutures, une robe en mousseline rouge avec cape intégrée qui peut se transformer en traîne ou encore deux robes qu'il qualifie de "tartes".
Ayant nécessité respectivement 300 et 500 heures de travail, ce sont des pièces fragiles "qu'on ne peut pas porter dans le quotidien", en moustiquaire militaire tissée de rubans argentés travaillés à l'acide, chauffés puis patinés au spray.
Pourquoi ce retour à la couture ? Pourquoi maintenant ? "L'an dernier, dans un esprit art contemporain, j'ai travaillé sur une installation avec des vêtements. Au fur et à mesure, c'est devenu presque une collection", explique-t-il.
"Je me suis laissé convaincre, j'ai rajouté quelques pièces pour compléter. C'est très excitant", ajoute M. Thimister, qui travaillait depuis dix ans en "freelance", notamment pour la diffusion, tout en continuant à produire ponctuellement des pièces couture pour une clientèle privée.
"La mode m'a bien eu, j'ai encore claqué tout mon argent", plaisante-t-il, affirmant être à la recherche d'un financier pour la suite.
Formé à l'Académie des Beaux-arts d'Anvers (Belgique), il a été directeur artistique chez Balenciaga dans les années 1990, avant de fonder sa propre maison et de défiler à trois reprises déjà comme "invité" en haute couture.
"Là, je ne présente rien de nouveau, c'est du Thimister retravaillé. Mais quand on me dit ça, c'est le plus grand compliment que l'on puisse me faire: ça veut dire que ça a une identité et une âme".
Par Gersende RAMBOURG
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