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1 avr. 2012
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"Sauve qui peut": Descamps, une entreprise au bord de la liquidation

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AFP
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1 avr. 2012

AFP - Entre stratégie industrielle, crise économique et combat humain, le documentaire "Sauve qui peut", diffusé mardi à 22h50 sur France 2, retrace la procédure de redressement du drapier Descamps, à l'heure où désindustrialisation et "made in France" animent le débat présidentiel.

Juin 2010: le fleuron du textile Descamps, exsangue, dépose le bilan au tribunal de Commerce de Paris. En moins de huit ans, ce spécialiste du linge de maison a perdu les deux tiers de son personnel, délocalisé l'ensemble de ses usines en Asie. Ne reste plus en France que le site historique de Régny (Loire) où fut inventée la serviette éponge au XIXe siècle, et quelque 430 salariés.





Février 2011: le tribunal de commerce de Bobigny approuve le plan de reprise de Descamps, filiale de l'italien Zucchi, par le fonds Astrance Capital, qui prévoit le maintien de 94% des effectifs.

Dans l'intervalle, la réalisatrice Clarisse Feletin a filmé le ballet mêlant administrateur et mandataire judiciaires, repreneurs, salariés et juges et leurs différentes logiques.

Au coeur de la procédure de redressement, menée sous l'autorité du tribunal de Commerce, le documentaire suit ces protagonistes aux intérêts souvent divergents. Sauver un village, bâtir un empire industriel ou restructurer pour revendre avec profit: l'arbitrage entre les trois plans de reprise reviendra aux juges.

"Pourquoi les entreprises industrielles qui entament une procédure au tribunal de Commerce connaissent le plus souvent une issue tragique ?", s'interroge la réalisatrice.

L'administrateur judiciaire, le mandataire - deux femmes - et le juge tentent "l'inconciliable", selon elle: "assurer la survie, maintenir les emplois, rembourser les dettes, résister (ou pas) aux pressions et choisir une stratégie pour l'avenir".

"L'avis des salariés est déterminant dans le dossier, il va nous déterminer aussi", explique le mandataire Valérie Leloup-Thomas.

Clarisse Feletin la suit, de même que l'administrateur, notamment lors de leur visite de l'usine où les deux femmes s'enquièrent de la longévité du matériel, de la question des fournisseurs, du coût de la production, ou lors des tours de charme des repreneurs venus présenter aux représentants du personnel leurs projets.

Les salariés, poussés à choisir "entre la peste et le choléra", entendent sauver leur usine et lancent une pétition en faveur du repreneur qui trouve grâce à leurs yeux.

En face, les trois candidats oscillent entre opération de séduction des salariés et déstabilisation de la procédure, quitte à recourir à de basses manipulations, des pratiques fréquentes "quand il y a un intérêt fort" autour d'une entreprise, assure l'administrateur Laurence Lessertois.

Après des mois de procédure, le tribunal de Commerce de Paris choisit le projet que soutenaient salariés et mandataire. Mais alors que la décision est en cours de rédaction, un rebondissement survient et l'affaire est dépaysée à Bobigny où elle ne sera examinée que plus d'un mois plus tard.

Un délai qui "nous a foutus dans la merde", dira un salarié. Le tribunal de Bobigny désignera en effet un autre repreneur, Astrance.

"Six mois plus tard, il n'y a presque plus de travail et les salariés sont mis au chômage. Est-ce le signe de la fin tant redoutée de la production ?", conclut la réalisatrice sur des plans de l'usine vide, illustration du long effritement de l'industrie hexagonale et des deux millions d'emplois perdus en trente ans.
Par Anne-Sophie LABADIE

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