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25 févr. 2022
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1083 fait de Tissage de France un atelier de jeans

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25 févr. 2022

Début mars, l'atelier Tissage de France sortira ses premiers jeans. L'ex-Valrupt, repris en 2018 par la marque 1083, ne fournira plus seulement des tissus à la marque Made in France. Fort d'un effectif initial de 20 salariés, le nouvel atelier produira 100.000 jeans par an. Pour 1083, mais pas seulement: l'objectif est d'attirer les commandes de marques tiers, dont les demandes se feraient de plus en plus pressantes.


1083



"L'atelier est organisé pour être polyvalent", explique à FashionNetwork.com Thomas Huriez, le dirigeant de 1083. "Nous pouvons y fabriquer des jeans de différents niveaux de gamme, avec des basiques pour les marques souhaitant un produit made in France simple, ou des pièces plus élaborées, qualitatives et éco-concues. C'est très important car nous ne mettons jamais tous nos œufs dans le même panier: si la marque 1083 connaît des difficultés, ce fonctionnement apportera de la résilience à l'atelier".

Une logique qui se retrouve en effet dans le maillage progressivement établi par 1083. Installé à Rupt-sur-Moselle, Tissage de France est l'un des trois fournisseurs de tissus de l'entreprise, avec Les Tissages de Charlieu (Loire) et Coublanc Textiles (Saône-et-Loire). En allant sur la confection de produits finis, Tissage de France rejoint les ateliers 1083 de Romans, et les ateliers de Marseille, Brioude, Monceau-les-Mines, Bobigny ou Calais.

"Plus les Français achètent de jeans Made in France, plus nous devons augmenter le dispositif de confection", indique le dirigeant, qui rappelle que sur 88 millions de jeans vendus chaque année dans l'Hexagone, 100.000 sont fabriqués en France (la moitié venant de 1083). "On devrait être à 5%, mais on est à un pour mille", déplore Thomas Huriez. Pour lui, les initiatives tricolores trouveront leur salut dans une logique d'entraide. "C'est ce que font les italiens et les allemands. Se positionner les uns contre les autres alors que ce marché est si grand serait mortifère", insiste le responsable, qui évoque ainsi ses échanges bienveillants avec ses confrères d'autres initiatives, dont le Fashion3.

Si le positionnement de l'atelier s'inscrit parfaitement dans la stratégie de 1083, c'est bien la crise qui a donné le coup d'envoi du projet. "Nous avions de gros marchés dans l'événementiel, qui a freiné avec les confinements et précautions sanitaires", explique Thomas Huriez. "Nous étions mis en difficulté, et nous avons donc postulé dans le cadre du Plan de Relance pour diversifier notre activité". Le projet se développe ainsi avec Philippe Lemoine, président du groupe éponyme, et les équipes de Terre & Fils Investissement. Après l'acceptation du projet début 2021, les machines ont finalement été livrées en octobre dernier.

Des machines pour lesquelles 1083 a opté dès que possible pour l'automatisation. Les hauteurs des postes de travail peuvent eux être personnalisés électriquement. "C'est tout bête, mais quand vous passez 7-10h sur une table pour un produit demandant une grande précision, prendre en compte la taille de chaque couturière fait une grande différence", explique Thomas Huriez. Couturières qui, avant même la livraison des machines, ont pu rejoindre une "Ecole du Jean" en partenariat avec Pôle l'Emploi, le Greta (Éducation nationale) et le lycée technique de Thaon-les-Vosges.  


1083


A l'heure où l'approvisionnement en matières premières est chahuté, pour Thomas Huriez, le défi de 1083 porte surtout sur le volume de production. Pour augmenter ce dernier, outre séduire les consommateurs, il faut conquérir une nouvelle génération de travailleurs textiles. "Il n'y a jamais eu autant de couture à la maison qu'aujourd'hui: à nous donc de rendre ce métier plus attractif, à l'instar de ce qui s'est fait pour les cuisiniers", indique le responsable, qui croit pour cela à la puissance du "tourisme industriel".

Un frein conjoncturel inquiète cependant l'entreprise: celui de l'énergie. "Chauffer les usines, alimenter les machines en électricité et en gaz, tout cela pèse très lourd aujourd'hui dans l'équation économique de nos usines", souligne Thomas Huriez, dont l'inquiétude rejoint celle partagée par l'Union française des Industries Textiles (UIT) et par la confédération européenne du secteur (Euratex).

Mais dans quelles proportions ce nouvel atelier pourrait-il se développer ? Pour l'heure, ce sont 500 mètres qui sont utilisés sur un site de 20.000 mètres carrés. "Donc, même si on ne sait pas où cela va s'arrêter, on ne manque pas de place", souligne Thomas Huriez, qui indique que 1083 a réalisé 12 millions d'euros de chiffre d'affaires l'an passé, en hausse de 20%.


1083



Une croissance derrière laquelle se poursuivent les projets liés à la matière. Portée sur les fibres écologiques et recyclables, la marque officie principalement à partir de coton bio. Mais elle recourt aussi à un coton recyclé par ses propres soins via l'initiative "MonCoton", tandis que l'offre en lin repose sur le projet de relocalisation de filière Linpossible. En début d'année, 1083 a également lancé son premier jean de laine made in France, en partenariat avec le projet français de filière laine Tricolor.
 

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