Une biographie, un règlement de comptes, l’effet d'une nostalgie ? Difficile de dire ce qui a conduit Jean-Michel Hallez à écrire 40, boulevard Haussmann. Deux cent cinquante pages qui commencent par une plongée dans son enfance près de Lille, mais qui très vite nous font entrer dans les coulisses d’un grand magasin dans lequel il a été engagé dès 1963 comme secrétaire d’un acheteur.

Jean-Michel Hallez y a passé presque toute sa carrière grimpant les échelons au point de se retrouver en 1993 directeur général de l’ensemble des points de vente de l’enseigne boulevard Haussmann, et, à ce titre, membre du comité de direction des Galeries Lafayette. Poste qu'il a quitté sous la contrainte en 2006.

Manifestement, les pages les plus fortes évoquent la relation qui le lie au président du groupe, Georges Meyer, en poste depuis 1987. Une vraie aventure professionnelle humaine que vit alors Jean-Michel Hallez faite de rigueur et de considération. Georges Meyer est décédé en septembre 1998. Et la vie va progressivement basculer pour le directeur du magasin Haussmann.

D’une peinture du monde des grands magasins et des enjeux commerciaux, le livre entre ainsi très directement dans les arcanes d’une lutte de pouvoir au sein même de la famille héritière des fondateurs. Des faits bien connus de l’époque quand Philippe Lemoine et Philippe Houzé codirigeaient le groupe, puis quand le pouvoir est revenu à Phillipe Houzé, seul. Il y eut aussi le départ de la présidence du conseil de surveillance de Léone-Noëlle Meyer la femme de Georges Meyer, les dissensions sur la stratégie, l’entrée en lice des banques, Crédit Mutuel et BNP-Paribas.

L’hypothèque fut levée quand Noëlle Meyer décida de vendre ses parts. Ainsi était scellée la prise du pouvoir par Philippe Houzé. Celui-ci est présenté par Jean-Michel Hallez comme "un homme de terrain avec une longue expérience du commerce". Mais aussi comme un dirigeant assez froid et calculateur. Philippe Lemoine, trouve manifestement davantage grâce à ses yeux … sur le plan humain en tout cas.

Philippe Houzé avait cependant répondu par avance à ces critiques dans une interview aux Echos en 2005 en affirmant que la structure de codirection mise en place après le décès de Georges Meyer "posait plus de problèmes qu’elle n’en résolvait et qu’il n’était pas possible de continuer comme cela indéfiniment".
En tout cas, depuis ces événements, les Galeries Lafayette ont continué leur marche en avant…

De Jean-Michel Hallez, en collaboration avec Marie-Christine Daunis. 40, Boulevard Haussmann. Editions l'Harmattan, 258 pages