A Milan, Fendi réinvente le dandy

L’homme Fendi poursuit sa mue vers un monde toujours plus hybride-contemporain extrêmement sophistiqué. Comme l’a illustré la belle collection automne-hiver 2022-23 conçue par Silvia Fendi Venturini pour la maison de luxe romaine du groupe LVMH, dévoilée samedi, au deuxième jour de la Fashion Week de Milan. Emmenant son homme vers de nouveaux rivages, la styliste joue sur les contrastes: passé-futur, masculin-féminin, minimal-précieux.

Les projecteurs remontent lentement vers le plafond éclairant une rampe en acier étroite et surélevée, sur laquelle s’élancent les mannequins, plongés dans une brume épaisse qui rappelle une atmosphère londonienne. Avec leur manteau en laine et costume de flanelle aux coupes impeccables et leur attaché-case, ils semblent tout droit sortis de la City ou de quelques clubs huppés pour gentlemen.

Tout respire l’élégance et l’aisance. La palette est chic et discrète (beige, blanc, noir, gris, moka, lie de vin), déclinée dans de sobres ensembles monochromes, rechaussés d’un détail comme la fleur à la boutonnière ou ces chaussettes montantes brodées en fil d’Ecosse. Les manteaux sont longs et coupés dans de belles étoffes. Le costume bermuda en tweed pied-de-poule s’endosse ton sur ton avec le bob, la monture des lunettes et un manteau ample taillés dans la même matière.

Par petites touches, la garde-robe d’antan prend des libertés pour se fondre dans le paysage urbain contemporain, voire futuriste. Ainsi la veste classique s’ouvre sur tous les côtés se transformant en mini cape, ou bien elle se superpose au manteau pour un effet redingote. Un style rétro accentué par l’emploi de tissus masculins traditionnels comme le pied-de-poule ou les carreaux Vichy. Quant aux pièces en maille douce, elles sont fendues d’un triangle-cœur juste sous le col, au niveau du sternum.

La silhouette se féminise à travers des imprimés pop en 3D de perles et diamants, des pantalons refermés derrière par un long pan de tissu en forme de jupe, ou encore via des maxi tuniques ou robes-tricots. Mais aussi en adoucissant l’encolure, qui s’arrondit largement, privant vestes, manteaux et blousons de leur col traditionnel, en créant d’inattendus décolletés dénudant le cou et le haut des épaules.

Cette tendance à la féminisation est accentuée dans de nombreux looks à travers des accessoires, tels que les petits sacs à mains en bandoulière, dont sont équipés à peu près tous les mannequins, ou les bijoux, des boucles d’oreilles à ces cols roulés amovibles bordés d'un collier de perles. Le soir, Monsieur sort avec son très chic smoking queue de pie, sans oublier sa minaudière, qu’il tient au bout d’une fine chaîne dorée et ses mocassins bicolores Mary Jane avec bride horizontale dotée d’une montre. Pas très facile pour regarder l’heure, mais tellement fashion...

Force est de constater que l’accent est mis plus que jamais dans cette collection sur les accessoires précieux -et très spéciaux- (sacs, bijoux, chapeaux, lunettes, chaussettes). Mais aussi sur les logos, via une série de pièces couvertes du célèbre double FF, créé par Karl Lagerfeld en 1965, ou par le nouveau monogramme à motif de grosse chaîne O’Lock.

A Milan, Fendi réinvente le dandy

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