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26 févr. 2022
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A Milan les propositions de Versace, Tod's et Etro

Publié le
26 févr. 2022

Des manifestants anti-Poutine ont investi pour la première fois l’univers de la mode samedi soir, brandissant des banderoles pour protester contre l'invasion de l'Ukraine, à l'entrée d'un défilé Versace mettant à l’honneur le style royal.
 

Versace : Royal’n’roll, au milieu d'une manifestation anti-Poutine.


 
« Non à Poutine", "Coupez Swift à la Russie", "Pas de Swift pour la Russie", pouvait-on lire sur une série d'affiches, brandies à l'extérieur du lieu du show de Versace, dans l'ouest de Milan, alors que rédacteurs en chef, acheteurs et mannequins, parmi lesquels Gigi et Bella Hadid, sortaient du défilé, dans la nuit déjà fraîche.



Versace Fall/Winter 2022 collection - Versace


À l'intérieur, le message était royal’n’roll, les Valkyries de Versace défilant dans un glamour évoquant des femmes de pouvoir. Les bustiers constituaient les pièces clés de la collection, taillés de manière sculpturale et s’intégrant à plusieurs vêtements.
 
L'un d'entre eux composait le centre d'un tailleur en laine noire à épaulettes, tandis qu’un autre était tissé dans une mini robe queue-de-pie, et associé, comme beaucoup de looks, à des leggings en latex noir se terminant par des bottes à plateforme haute, dans le style du clip de la chanson « Pinball Wizard », d’Elton John.

D'autres ont été réduits à un denim minimaliste, agrémentant des pantalons banquier à rayures craie et des blousons d'aviateur à capuche dévoilant les épaules.
 
C’est d’une main de maître que Donatella a su jouer avec le volume, en présentant des manteaux en satin bleu cyan avec des revers en pointe, des vestes banquier trois tailles trop grandes combinées avec des micro-minijupes assorties, et d'énormes parkas en feutre noir terminées par de grandes manches rembourrées, dans un rouge acidulé.
 
"Des looks construits sur le contraste et la tension – à l’image d’un élastique tendu et sur le point de lâcher, avec une accumulation d'énergie. C’est un sentiment absolument irrésistible pour moi", a commenté Donatella Versace dans sa note de programme.
 
La créatrice n’a pas salué le public après le défilé, mis en scène sur un podium rouge écarlate, où tous les mannequins ont posé de façon spectaculaire dans un ultime tableau vivant.
 
C’était également le dernier défilé pour le PDG Jonathan Akeroyd, qui s’apprête à partir pour Londres, où il reprendra les rênes de Burberry à compter de la mi-mars.
 
"Donatella, Versace et Milan vont me manquer. J'ai appris à aimer l'Italie. Mais Burberry constitue un grand défi", a déclaré Akeroyd, qui a piloté la vente de Versace à Capri Holdings pour 1,9 milliard d'euros en 2018. S'il rencontre autant de succès dans son nouveau poste au Royaume-Uni, voilà qui devrait combler les actionnaires de Burberry.
 

Tod's : la beauté italienne


 
Le créateur Walter Chiapponi a intitulé la dernière collection de Tod's « Italian Beauty », et c'est exactement ce qu'il a présenté dans une collection et un défilé raffinés pour la marque fraîchement relancée.
 
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Tod's Fall/Winter 2022 collection in Milan - Tod's


od's a enregistré des chiffres solides l'année dernière, puisque les recettes ont augmenté de 40 % pour atteindre 884 millions d'euros. Et la performance sur le podium, dans le centre d'art contemporain PAC vendredi matin était également plus que convenable.
 
C'est aussi très intéressant de voir un défilé Tod's qui s'ouvre sur une proposition aussi précise, puisqu’intégralement composée de noir - de Gigi Hadid en manteau de cachemire ; blazer à profond décolleté sur pantalon en gabardine technique, fendu en bas pour cacher partiellement ses bottes de style masculin. Puis sa sœur Bella, dans une blouse impeccable, en jupe-culotte et chaussée de bottes de sécurité ; ou, mieux encore, Adut Akech dans une ravissante robe de cocktail en laine torsadée, porté sur une chemise blanche pour homme.
 
Des vêtements clairs et simples pour des femmes cultivées et créatives. Les mannequins défilent devant une série d'écrans plats diffusant des images de bâtiments italiens emblématiques, qui se décomposent électroniquement.
 
Des vestes de petit garçon décontractées, des jupes-culottes longues à la coupe parfaite, des tricots épais : le tout constituant une belle garde-robe.  Le tout pimenté par quelques superbes looks sur des déclinaisons de cuir, des blazers ergonomiques en cuir de veau beige, aux bombers en peau lainée, aux coudes ornés de boutons cloutés, en passant par les pantalons ranchero lacés sur le côté.
 
"C'est mon hommage à Robert Mapplethorpe", sourit Chiapponi, qui portait un pantalon similaire.  Avant, on avait souvent l'impression que les prédécesseurs de Chiapponi étaient tenu de travailler le cuir, Tod's étant une marque de chaussures. Mais avec Walter, on sent que les looks en cuir sont travaillés avec amour.
 
Tout n'a pas fonctionné - les vestes en matelassé semblaient trop encombrantes, de même que les manteaux de trappeur , tout comme les manteaux de style trappeur. Mais dans l'ensemble, cette collection a été un beau succès.
 
Lors du grand final, les écrans ont soudainement montré des images de fans de la marque, formant des cœurs avec leurs mains : influenceurs, « It Girls », rédacteurs, et même la toujours très souriante Laura Brown, qui a perdu son poste de rédactrice en chef d'In Style US la semaine dernière.
 
"Je me suis inspiré de la confection napolitaine pour hommes et d’intellectuelles, assumant leur sensualité.
Je voulais quelque chose de strict, du noir, et je souhaitais donner la priorité à la forme. Dans ce moment difficile, l'idée était d'être sain et fort", a expliqué le designer.
 

Etro : Hippie chic au cœur d’un cloître



Il semble que l'entrée dans l’univers de LVMH illumine l'humeur d'Etro, puisque la maison a présenté sa collection la plus sexy depuis de nombreuses années, et paradoxalement, le défilé s’est déroulé dans le cloître d'une église baroque.


Etro Fall/Winter 2022 collection in Milan - Etro


Au cours des deux derniers siècles, cet espace a abrité le plus grand conservatoire de musique d'Italie, et c’est en ce lieu que Veronica Etro s’est fait remarquer avec cette collection. La créatrice a essayé toutes sortes d'idées osées, des robes de squaw coquines et suggestives en crochet, au style hipster hippie d'Ibiza, en passant par les tops brassières. Une bonne moitié des looks dévoilait amplement la peau… pour une collection d'hiver. Des justaucorps associés à des bottes de flibustiers ont su imposer définitivement ce souffle de liberté assumée.
 
Beaucoup de tissu caractéristique d'Etro - du cachemire coloré, mais porté façon bohème chic de haute qualité, et non comme une tenue bobo décontractée. Du motif cachemire sur des pantalons matelassés couleur mandarine, des pantalons en laine évasés et des minirobes de cocktail asymétriques à une manche. Des accessoires de fête par excellence, notamment des sacs bohèmes à franges, avec bretelles de pistolero, des sweats à capuche avec des cordons mexicains et des bottes imprimées lézard avec des bracelets de cheville en forme d'amulettes dorées.
 

Luisa Beccaria : un romantisme fragile




Malgré ce moment sombre de l'histoire, assister à la dernière présentation de Luisa Beccaria et à sa collection très picturale donnait le sentiment d’être à sa place.
 


Luisa Beccaria

 
"Romantique, féminin et fragile. Je crois que nous avons besoin de ces émotions, surtout en ce moment", a commenté Beccaria, qui a présenté ses collections dans la serre du LuBar, au cœur du musée d'histoire naturelle de Milan.
 
Une série de vêtements hyper chromatiques jouant souvent avec le même imprimé sous de multiples formes.
 
"Sarah Jessica Parker portait ce manteau dans « Sex and The City », et nous l'avons ressorti de nos archives", a expliqué la créatrice en montrant trois nouvelles versions. Un manteau en velours très fin ; une longue robe de soirée en mousseline et une robe de cocktail pour les soirées plus fraîches.
 
Luisa et sa fille Lucilla ont également dévoilé une charmante vidéo, tournée par Amaranta Medri et intitulée Ludic Mood. Elle est tournée dans l'atelier de l'artiste Sofia Cacciapaglia, dont l'espace de travail est constitué d'une série de murs élevés faits de boîtes en carton récupérées et peintes dans un style impressionniste. Un cadre parfait pour ce mélange de dentelle, de satin stretch, de velours dévoré et d'imprimés en trompe-l'œil de la créatrice sicilienne.
 
Luisa Beccaria a également créé des manteaux de soirée d’une grande délicatesse, confectionnés en peau lainée par Clementine Tivoli de Turin, et agrémentés de ses fleurs brodées. À l'instar de la collection, ils dégageaient un puissant sentiment d'optimisme luxueux.

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