9 013
Fashion Jobs
Publicités
Traduit par
Clémentine Martin
Publié le
27 févr. 2023
Temps de lecture
6 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

A Milan, un tour chez Moschino, Del Core, Brunello Cucinelli et Armani - 10 Corso Como

Traduit par
Clémentine Martin
Publié le
27 févr. 2023

À Milan, les contrastes étaient de mise. Nombre de marques se sont aventurées en terrain inconnu, explorant de nouvelles facettes de leur ADN, comme Moschino, Del Core, Brunello Cucinelli et Armani - 10 Corso Como.


Moschino - Automne/hiver2023/2024 - Collection femme - Italie - Milan © ImaxTree - © ImaxTree


Aristo-punk chez Moschino


 
Difficile de trouver des punks plus élégants que ceux de Moschino. Les robes de bal côtoyaient des ras-de-cou cloutés, et des mannequins vêtues de crinolines portaient la crête avec panache.

Les clous oversize étaient omniprésents: une punkette drapée dans une robe en gaze noire digne de la Statue de la Liberté était hérissée de pointes de plus de 20 cm, rendant toute embrassade périlleuse.
 
Nimbant la collection d’une aura surréaliste, le designer Jeremy Scott s’est amusé comme un petit fou avec l’ADN humoristique de la maison. Des pièces délibérément exagérées et à l’espièglerie exacerbée, dont certaines restent tout à fait faciles à porter dans la vie réelle, comme les tailleurs en laine bouclée à coupe stricte et leurs mini-jupes à ourlets ondoyants. Des robes noires de cocktail à coupe fourreau, qui ne dépareraient pas dans un concert de Siouxsie and the Banshees, comportaient des manches en résille semi-transparente. Les mini-bombers et les robes-blazers, pour leur part, étaient résolument sexy.

Les bottes à boucles, les ceintures chaîne, les bracelets de force et les longues boucles d’oreilles “peace & love“ étaient légion. Toutes les mannequins étaient coiffées d’impressionnantes crêtes, témoignant du génie de Paul Hanlon, le coiffeur.
 
Et pour le soir, des robes de bal “strass’n’roll“, complétées par une infinité de médaillons en verre et une bonne dose supplémentaire de clous.
 
Le premier rang, avec Ashley Graham, J Balvin, Lana Condor et Mia Khalifa, était presque aussi impressionnant que le podium, où défilaient notamment Stella Maxwell, Adut Akech et Imaan Hamma. En résumé, un nouveau tour de force commercial de Jeremy Scott pour Moschino.



Del Core A/H23


La couture de Del Core, inspirée d'un voyage en Alaska


 
Voici ce que l’on appelle un véritable créateur. Daniel del Core crée: il ne se contente pas de suivre les tendances ou de donner son interprétation de l’atmosphère du moment. Non, il rêve des univers entiers qu’il transcrit via sa mode.
 
Cette saison, il s’est inspiré d’un trekking de deux semaines dans le parc national de Gate of the Arctic, en Alaska. Pas exactement les vacances glamour dont d’autres designers font l’étalage, et pourtant… Après tout, Daniel Roseberry de Schiaparelli passe bien ses vacances d’été dans des îles méconnues de la mer Baltique, tandis que John Rocha part pêcher dans le détroit de Bering. Oscar de la Renta, lui, avait aussi jeté son dévolu sur l’Alaska, où il aimait pêcher à la mouche. Mais revenons à notre défilé.
 
Le premier look présenté par Del Core montrait un tailleur en laine blanche à la coupe impeccable, surmonté de guêtres en nylon comme en utilisent les skieurs de randonnée pour empêcher la neige d’entrer dans leurs chaussures.
 
Sa signature consiste à rattacher des manches et des pantalons coupés avec des agrafes et des œillets. L’effet n’est pas toujours éminemment esthétique, mais ne manque jamais de surprendre. Passé maître dans l’art du drapé, il a imaginé une robe froncée à dos nu et un modèle froissé dont la matière rappelle de la neige séchée. Une troisième robe, pour sa part, évoquait du bois brûlé, tout comme les troncs d’arbres qui jalonnaient le podium, installé au musée du design de Triennale.
 
Ses doudounes se détachaient nettement du reste, avec des brides, des coupes dévoilant les épaules pour le défilé et des imprimés représentant des feuilles ou des mousses de lichen.
 
“J’ai eu la chance de passer un moment dans la nature, en Alaska, où j’ai bivouaqué pendant deux semaines. J’ai exploré toutes les surfaces qui ont fini par inspirer cette collection. Je voulais représenter la texture d’un arbre, d’un lichen ou d’une mousse dans les vêtements de cette saison. Le défilé commençait avec des looks très purs, lentement contaminés“, sourit Daniel Del Core.



Brunello Cucinelli A/H23 - DR


Brunello Cucinelli et son style italo-britannique


 
Le mois de février a été chargé pour Brunello Cucinelli, qui a trouvé le temps de rendre une visite de courtoisie au roi Charles à Buckingham Palace avant de présenter sa dernière collection.
 
Très à cheval sur le protocole, il n’a pas souhaité divulguer le contenu de leur conversation, qui s’est apparemment centrée sur ses projets avec l’un de ses compatriotes, Federico Marchetti, avec qui il aimerait construire une filature textile durable avec des habitants de l’Himalaya.
 
“J’ai énormément de respect pour Sa Majesté. C’est une très bonne personne“, saluait Brunello lors de la présentation dans son showroom, à Milan, dans la cour intérieure d’un palais d’époque.
 
Le soir suivant, Brunello Cucinelli a invité 350 partenaires internationaux à dîner et à goûter ses mets favoris, des plats traditionnels de sa région natale, l’Ombrie.
 
Un vin délicieux était servi pendant la présentation, un Merlot de 2019 à la robe veloutée nommé le Montiano, provenant du domaine de la famille Cotarella dans la région de Tuscia, un terme à la mode pour désigner le territoire à cheval sur la Toscane, le Lazio et l’Ombrie. Étant donné la qualité de la boisson, on devine que les affaires ne vont pas trop mal chez Brunello Cucinelli.
 
L’esprit des manoirs anglais transparaissait dans la collection de la prochaine saison. Pour l’automne à venir, Brunello Cucinelli a proposé une nouvelle variation sur le thème des lignes épurées et des tonalités sobres qui lui sont chères, déclinées dans des looks d’hiver ou des tenues évoquant des escapades champêtres. La rencontre de Downton Abbey et de l’Ombrie du XXIe siècle, avec des finitions molletonnées, des rayures discrètes et des micro-motifs récurrents.
 
Les mannequins faisaient le tour de l’élégante cour vêtues de mini-jupes plissées, de pulls à col V, de cravates et de casquettes à visière incurvée, pendant qu’un trio jouait des morceaux de jazz italien en sourdine.
 

Armani 10 - Corso Como - DR


Armani 10 - Corso Como


 
Le meilleur pour la fin, a-t-on coutume de dire. L'empereur de la mode italienne a dévoilé Armani - 10 Corso Como, une collection dédiée au jean et présentée dans le principal concept store de Milan.
 
Tous les denims étaient bruts, créant un savant contraste avec des cols en cuir cognac, des passepoils et des liserés définissant des blazers, des trenchs, des pardessus et même une élégante pochette.
 
La présentation avait lieu à l’intérieur d’une merveilleuse installation artistique, Mobilia Essay de l’artiste italien Flavio Favelli. Cette construction de 20 mètres carrés se compose de vieilles armoires, de tables et de lits, avec quatre fauteuils tapissés de caoutchouc.
 
Le designer s’est radicalement éloigné des univers habituels d’Armani Jeans et Armani Casa.
 
La collection est déjà disponible en ligne et sera bientôt proposée dans certaines boutiques Armani à Milan, New York, Tokyo et Shanghai.
 

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com