A Paris, la boutique de vêtements de travail La Blouse de Lyon séduit les passionnés de mode

Auteur :

Dominique Muret

Publié le
16 déc. 2022

De la classique veste de travail en moleskine de coton à l’emblématique pantalon "largeot" en velours pour charpentiers, en passant par la jupe-culotte de gardian, la cape de berger, le vêtement de jardinier anglais ou encore la chemise d’artiste à col officier, La Blouse de Lyon offre une large gamme de vêtements de travail, séduisant de plus en plus de clients au-delà de son noyau dur d'artisans, compagnons et ouvriers. Depuis sa reprise en 2019, cette historique boutique est parvenue à maintenir une forte authenticité, tout en élargissant son audience vers une clientèle fashion plus pointue.

Située à deux pas de Barbès, au 21 rue Gérando, avec sa devanture bleu de Prusse typique du bleu de travail, on ne peut guère la rater. Ouverte en 1937, elle n’a jamais cessé de vendre des vêtements pour les travailleurs s’appuyant exclusivement sur des manufactures spécialisées. La Blouse de Lyon est ainsi le distributeur historique sur la capitale du fabricant français Le Laboureur, connu pour ses tenues traditionnelles de charpentier et vêtements à l’ancienne, entièrement produits en Bourgogne.

Après avoir géré un concept store de mode à Troyes, la styliste designer Gwendoline Van Opstal et son partenaire Nicolas Le Jeune, issu du commerce, reviennent sur Paris et se lancent dans l'aventure, en rachetant La Blouse de Lyon. Elle s'occupe du développement des produits, des projets spéciaux et de la communication. Lui de la gestion, des achats et des stocks. Tout en préservant l'âme des lieux, ils étoffent leur gamme en s'approvisionnant aussi à l'international, renouvelant en douceur cette adresse historique.   

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Le tandem propose ainsi à côté des pièces Le Laboureur celles du spécialiste allemand FHB, très appréciée aussi des compagnons. Pour les sabots de travail, il s’adresse au Suédois Troëntorp Clogs ou au Finlandais Talla. Les gants et tabliers en cuir pour jardinier sont fournis par le britannique Bradleys et les boîtes à outils Toyo Steel proviennent du Japon. Au rayon des accessoires, bretelles, ceintures, chaussettes, chapeaux, casquettes et bérets complètent la panoplie, sans oublier crayons, ciseaux et coutellerie.

"Nous ne voulons pas nous restreindre au vêtement de travail français. Nous essayons à chaque fois de proposer un modèle fabriqué dans l’Hexagone et son équivalent provenant d’une manufacture étrangère. L’objectif, c’est d’avoir un prix juste et un bon sourcing, toujours en lien avec un métier manuel. C’est une sélection de vêtements et accessoires utilitaires en lien avec le labeur liés plutôt à la terre. Nous tenons à préserver notre clientèle originale", nous explique Gwendoline Van Opstal. 

De fait, les prix ont été maintenus dans un positionnement accessible, avec les chemises écossaises de charpentier à 59 euros et celles camarguaises à pois gipsy à 85 euros. La classique salopette ou le pull de camionneur sont à 109 euros, la veste de berger en laine burel est à 165 euros. Le pantalon "largeot", avec sa forme légèrement arrondie permettant plus d’aisance dans les mouvements, va quant à lui de 69 à 135 euros.

Le duo a aussi développé une ligne propre, la Blouse de Lyon, afin de compléter l'offre et la moderniser. Il a par exemple développé pour le télétravail une ligne de chaussons et gilets mouton, qui se taille un franc succès. Tout comme le t-shirt-tricot de corps entièrement made in France, qui fait un tabac. "On revoit les basiques qu'on ne trouve pas sur le marché. Il y a une forte demande pour cette ligne, qui représente désormais 15 à 20% de nos ventes", souligne la jeune femme.

A l’origine s’adressant à une clientèle masculine, la Blouse de Lyon est devenue totalement mixte. Si elle continue de satisfaire différentes corporations d’ouvriers et artisans, elle attire aussi de plus en plus une nouvelle clientèle en quête d’authenticité et de valeurs, surfant aussi sur l'engouement pour le workwear et le style vintage. Comptant parmi ses clients Ines de la Fressange, l’adresse parisienne accueille aussi bien les nouvelles générations de cordonniers travaillant pour les maisons de luxe, que les néo-artisans, boulangers, cavistes et autres maraîchers tenant à soigner leur look, mais également une communauté hétéroclites de personnalités branchées entre artistes, architectes, photographes ou modeuses.

Et les affaires suivent, accélérées par le lancement du site marchand en 2021. "Chaque année, nous enregistrons une croissance des ventes entre 15 et 20%. Y compris pendant la période du Covid. Nous souhaitons développer notre site et surtout notre label en collaborant avec les marques que l’on distribue. Nous allons reproposer notamment une collab avec Le laboureur", glisse Gwendoline Van Opstal. Avec ses produits sourcés, au style intemporel et fabriqués pour résister à l’usure, La Blouse de Lyon correspond idéalement aux attentes du consommateur engagé d’aujourd’hui.