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30 sept. 2021
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A Paris, la douceur estivale de Chloé, l’esprit dark de Raf Simons

Publié le
30 sept. 2021

Deux écoles se sont opposées au quatrième jour de la Fashion Week de Paris. D’un côté, celle d’une approche aux vêtements plus naturelle et responsable avec Chloé en tête de file, portée par sa nouvelle directrice artistique Gabriela Hearst et, de l’autre, une mode plus conceptuelle et contemporaine, incarnée idéalement par Raf Simons.


Macramé et coquillages chez Chloe - © PixelFormula


Après la Brasserie Lipp et les pavés de Saint-Germain illuminés par les réverbères, l’hiver dernier, servant de décor pour filmer son premier défilé chez Chloé, Gabriela Hearst a choisi cette saison un autre lieu emblématique de la capitale: les bords de Seine, au port de la Tournelle, au pied de Notre-Dame. Avançant sur le quai, le long des eaux miroitantes au soleil, avec leur longues robes d’été frangées blanches et leurs bijoux coquillage, les mannequins semblaient prolonger l’été.

A la tête du style de la maison parisienne du groupe Richemont depuis décembre 2020, la créatrice Gabriela Hearst, originaire d'Uruguay et américaine d’adoption, poursuit pour le printemps-été 2022 sa démarche écoresponsable avec une collection luxueuse et décontractée, où grande part des pièces sont fabriquées à partir de matières recyclées, de chutes de tissus ou de surplus de la maison. L’utilisation de matériaux à faible impact représente jusqu'à 58% de cette garde-robe printemps-été 2022 contre 40% pour celle de l'automne-hiver 2021/22.

La styliste privilégie les silhouettes longues et amples. Les maxi robes en soie brute couleur crème, à effet texturé, sont frangées, tout comme les vestes et les pantalons. D’autres robes se referment sur le devant dans un entrelacs de lacets enfilés dans une farandole d’œillets métalliques. Tout se joue dans les détails, comme ces boutons en céramique émaillée à la main ou ces lacets-franges, récupérés de baskets, décorés de pierres et de pièces métalliques, qui créent du mouvement au bord d’un top.

Le patchwork s’invite dans de longues robes en cuir nappa ou dans des tuniques courtes décorées de patches multicolores en daim ou encore dans des mini-tuniques réalisées à la main au crochet à partir de minuscules napperons en forme de coquilles Saint-Jacques pour un effet mosaïque. Le macramé est également très présent à travers des tuniques et sacs-filets multicolores et ces exotiques tops-filets emprisonnant des coquillages à enfiler sur une robe plus sobre.


La dark lady de Raf Simons


Changement de registre chez Raf Simons, qui propose une soirée techno au Palais Brongniart. Sirène percutante, suivie d’un long silence. Les premiers mannequins déboulent dans l’obscurité dans des looks totalement noirs, des chaussures vernies à lacets (ou escarpins aussi pour les femmes) aux chaussettes s’arrêtant à mi-mollets, en passant par robes et tailleurs.

Ces derniers sont barrés d’inscriptions et graphismes inspirés des concerts métal du genre "transonizer" ou "echoboomer" dans des couleurs pétantes (jaune, rouge, vert). Pour le reste, la collection imaginée par le designer belge est dominée par le noir. Mais cette veine dark est subtilement traversée par une esthétique plus sage et bourgeoise, qui fait immanquablement penser à l’univers de Miuccia Prada, avec laquelle Raf Simons travaille maintenant depuis trois saisons.

Jupes plissées, robes mi-longues et chemises blanches pour jeunes filles de bonne famille renvoient à la griffe milanaise. Sans compter la série de robes sac à manches courtes, plutôt sobres, taillées dans des satins, soies et étoffes moirées à effet nylon, qui ne sont pas s’en rappeler la matière fétiche de Prada. A la place du triangle, qui s’affiche désormais dans toutes les pièces de la marque milanaise, on trouve ici bien en vue des étiquettes avec la signature de Raf Simons revue en style vintage.

Le styliste s’amuse aussi à pincer les coudes de chemises et pull-over avec de mini mains de squelette, pour donner un nouveau volume aux manches. La garde-robe est d’ailleurs toute construite autour des proportions extra-larges, chères à Raf Simons, à travers des volumes arrondis et ovales, qui enveloppent le corps. Des maxi blousons, aux grands chandails jacquards en passant par les chemises démesurées aux poignets géants, qui recouvrent totalement les mains.

Hommes et femmes portent invariablement les mêmes tenues mi-longues avec grandes vestes et ces robes-tuniques à bord franc se superposant à d’autres strates de tissus effilochés, comme si la doublure dépassait du vêtement. Les garçons troquent juste la jupe plissée pour une jupe pagne fendue sur le devant. Un mouchoir coloré doté d’une visière, posé sur la tête, complète le look.

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