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6 mars 2023
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A Paris, la mode est énergique chez Stella McCartney et Sacai, romantique chez Zimmermann et Dundas

Publié le
6 mars 2023

Deux filons ont caractérisé le huitième jour des défilés du prêt-à-porter féminin à Paris. D’un côté, un vestiaire quotidien et énergique, comme l’ont illustré les collections pour l’automne-hiver 2023/24 de Stella McCartney et Sacai. De l’autre, une veine plus romantique avec Zimmermann, et Dundas, où les filles jouaient au marin sexy.

La cavalière de Stella McCartney


 

Stella Mccartney, automne-hiver 2023/24 - © ImaxTree


Stella McCartney nous plonge dans l'univers équestre et elle le fait comme toujours, à sa manière, en mettant l’animal au centre de la scène. Sept superbes chevaux espagnols, guidés avec douceur et complicité par Jean-François Pignon, pionnier du dressage en liberté, trottent, tournoient, se dressent sur deux pattes et vont jusqu’à se rouler par terre sur la piste du manège de l’École militaire, aux côtés des mannequins.
 
Le défilé s'ouvre sur une série de vêtements taillés dans des tweeds et tartans à gros carreaux. L’allure est à la fois sobre et décontractée. Le gilet du costume trois pièces sert de top, les panneaux de la jupe du tailleur s’entrouvrent allègrement, le caban se porte juste avec une paire de cuissardes, le manteau privé de manches se transforme en robe bustier se mariant fort bien avec la bombe d'équitation, la veste à poches plaquées s’arrête tout net sous la poitrine dévoilant le nombril. Des amples pantalons à pinces aux maxi manteaux caressant le sol, tout est facile et confortable.

La créatrice, qui prône une éthique écologique depuis toujours, laisse de côté les classiques tenues équestres, pour mettre davantage en valeur l’animal. Le cheval se cabre sur des pull-overs jacquards, dans des robes, t-shirts et jupes en jersey. Sa gueule sert d’écusson ou s’imprime en format XXL sur des polos maxi portés en minirobe. Ici et là, apparaissent furtivement des gilets et vestes de hussard.
 
Enfin, des manteaux et vestes fourrées ainsi que de douillettes pièces en laine peignée reproduisent la robe blanche tachetée de certains chevaux, tandis qu’un tailleur est coupé dans un tapis de selle matelassé. Ce vêtement, comme les cuissardes et certains sacs sont tous produits dans des matériaux alternatifs au cuir créés à partir de champignons, pommes, grappes de vin, etc.
 
"Ma mère et mon père chevauchent tous les jours. On est tous des cavaliers dans la famille. Vivre en harmonie dans la nature avec les animaux… C’est de là que tout a commencé et est née Stella McCartney. Cette collection est centrée sur le thème équestre, les chevaux, la relation de confiance qui s’instaure entre les hommes et les animaux. Je voulais montrer cette relation avec un animal sauvage, c’est magique, c’est un don de la nature. Je voulais célébrer cette relation de confiance", explique Stella McCartney à la fin du défilé, en rappelant son engagement. "Avec ma marque, nous ne voulons tuer aucun animal, nous voulons sauver la planète", répète-t-elle.

Le classique réinventé de Sacai




Sacai, automne-hiver 2023/24 - © ImaxTree


Sacai revisite les classiques à grands coups de ciseaux et le résultat est époustouflant de modernité. Les typiques draps de laine noirs, tissus de banquier et autre flanelle grise sont taillés en grands pans rectangulaires et réassemblés pour fabriquer de longs manteaux, des jupes et des maxi robes aux lignes simples, ultra élégants. Ces typiques tissus masculins sont parfois mixés à d’autres matières, tout comme dans l’emblématique chemise blanche, où col, épaules ou manche en coton sont soudain substitués par du tulle transparent.
  
Les tailleurs-jupe sont mouvementés dans leur construction. Chitose Abe se révèle une fois de plus une virtuose couturière, superposant à l'infini le même tissu à l'horizontal ou en le pliant à la verticale pour un effet mille-feuille. Le même procédé est utilisé pour des blouses blanches, qui semblent ainsi volantées via de multiples stratifications. De larges plis redessinent des trenchs bicolores, tandis qu’ailleurs de fines fentes s’insèrent dans les plis de jupes, comme les coupures au scalpel des toiles du peintre Lucio Fontana.
 
Les ensembles en tweed sont quant à eux effilés, tirés, effilochés, frangés. Autre idée originale, la créatrice japonaise dote certaines robes de longues bretelles externes. Fixées à une épaule, elles soulèvent les pans du vêtement sur un côté accentuant ainsi l’ouverture d’une fente. Elle y accroche aussi un sac en forme de poche amovible. La styliste surpique également d’un fin fil blanc des jupes plissées, des vestes et manteaux noirs, comme si elle traçait les coutures des vêtements à la craie. Mais elle laisse ensuite les fils se prolonger et flotter dans l’air comme les imperceptibles traces fluctuantes d'un vêtement inachevé.

La femme marin de Dundas


 

Dundas, automne-hiver 2023/24 - © ImaxTree


De retour sur les podiums parisiens, dont il était absent depuis juillet 2019, Peter Dundas a voulu faire les choses en grand choisissant de défiler sous les lambris de l’Opéra Garnier. Pour construire sa collection, le styliste est parti de ses origines norvégiennes et de ses souvenirs d’enfance au bord de l’océan Atlantique, avec sa famille travaillant dans la marine. C’est un vestiaire pour capitaine au long cours qu’il imagine.
 
Les mannequins s’avancent baignées dans une lumière rouge, la casquette vissée sur la tête, endossant de lourdes capotes en drap de laine bleu nuit à martingale, boutons dorés et revers rouges, de longues capes ou des cabans. Le maxi manteau est l’une des pièces phares de la collection, décliné en blanc, jaune ou gris, en vinyle, ou encore avec col fourré et boutonnage brandebourg ou en fourrure. Ce registre maritime prévoit aussi des chandails côtelés à grand zip et le classique pantalon de marin revu dans différentes matières, tandis que nœuds et cordelettes dorés décorent certaines robes.
 
Le styliste n’en oublie pas pour autant les minirobes fluctuantes, qui ont toujours fait son succès. En chiffon impalpable, en velours dévorés, ou en soie imprimée de motifs celtiques. Pour le soir, les tenues s’allongent et s’ouvrent dans le dos, descendant si bas, qu’elles laissent voir des dessous sexy.

Dentelles à foison chez Zimmermann


 

Zimmermann, automne-hiver 2023/24 - © ImaxTree

 
Zimmermann oscille entre passé et présent. La maison australienne, défilait pour la deuxième fois à Paris, lundi, au Petit Palais. Avec ses mosaïques aux airs antiques et son enfilade de colonnes, l’édifice 1900 au style baroque est l’écrin idéal pour accueillir cette collection romantique, où les robes d’époque ont la part belle, se déployant jusqu’à la cheville en corolle. Bordées de dentelles en relief ou en tissu de dentelle dévoré, ou encore réalisées en guipure, elles font penser à ces jolis napperons d’autrefois.
 
La dentelle, véritable passion de la créatrice australienne Nicky Zimmermann, est partout. Elle prolonge une tunique en lin, elle grimpe en fleurs dans les manches bouffantes d’une blouse, elle s’applique en volutes 3D sur du tulle dans robes et tops. Ce style d'époque est renforcé par des imprimés inspirés de toiles de la Renaissance ou des Impressionnistes. Des robes froufrous entièrement volantées et des corsages ou manches à immenses volants, ainsi que des vestes et manteau-peignoirs constitués de couettes en satin crème complètent ce vestiaire pour grandes occasions.
 
Parallèlement, la femme Zimmermann est bien ancrée dans son temps et n’hésite pas à troquer ses tenues précieuses pour des pièces plus quotidiennes qu’elle matche parfois entre elles. A l’image de ce perfecto enfilé sur une robe de cocktail glamour ou de ces corsages en guipure portés avec jeans ou double veste en denim. Elle s’habille aussi en combinaison en cuir de pilote ou dans des complets en tartan.

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