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AFP-Relaxnews
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22 juin 2020
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A Paris, sur le toit du parc des Expositions, l'agriculture urbaine se déconfine

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AFP-Relaxnews
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22 juin 2020

(AFP) - Dans le ciel de Paris, fraises, blettes et capucines se déconfinent malgré le vent, le Covid et la grêle. Lundi, le toit d'un des grands halls d'exposition de la porte de Versailles, ouvre la première phase de ce qui doit devenir en deux ans la plus grande ferme urbaine sur un toit en Europe.



Avec un retard de plus de deux mois lié à la crise sanitaire, plus d'une centaine de jardiniers amateurs, venant de Paris, d'Issy-les Moulineaux ou de Vanves, vont pouvoir découvrir le bac, réalisé en bois de châtaigner, qu'ils ont loué au grand air sur le toit du hall 6 de ParisExpo pour faire leurs propres plantations.

Chaque jardinière de 1,12 mètre carré est remplie d'un substrat de compost plus léger que la terre végétale, mis au point par l'école d'agronomie AgroParisTech, afin de ne pas trop peser sur la résistance du toit.

Mais la plus grande partie du site n'est pas accessible au public. Une vraie ferme productive hors sol, verticale, et en plein air, mêlant technologie et principes agro-écologiques.

Deux techniques sont utilisées, l'aéroponie et l'hydroponie. Dans le premier cas, des plants de blettes ou de fraises sortent de colonnes métalliques verticales. Leurs racines, nues dans le tube, sont aspergées toutes les 12 minutes par un liquide nutritif composé d'engrais minéraux et d'éléments organiques comme les algues.

Dans le second, des gouttières horizontales à hauteur d'homme, alignées en rangées, hébergent des plants de tomates qui grimpent sur des fils tendus. Leurs racines baignent dans le liquide en permanence.

"On ne va pas nourrir tout Paris"



Un ordinateur gère les fréquences et volumes d'aspersion des racines. Dans les bacs, la capucine attire les pucerons pour les détourner des fraisiers. La fleur de bourrache plaît aux insectes pollinisateurs, et des lâchers de mini-guêpes débarrassent les fraises de la mouche suzukii. Aucun pesticide chimique, mais les produits ne sont pas labellisés bio, en raison de l'absence de terre.

De quelque 4.000 m2 actuellement, la ferme devrait en couvrir 14.000 en 2022, explique Pascal Hardy, fondateur et président de Nature Urbaine et Agripolis, la société qui conçoit les équipements.

"Il est évident qu'on ne va pas nourrir tout Paris avec le toit du hall 6, mais la démarche est importante, c'est même une nécessité", ajoute Olivier Coutin, de la direction immobilière de Viparis, propriétaire du parc, qui a investi 3 millions d'euros pour verdir le lieu.

Dans un premier temps, outre le restaurant le Perchoir installé sur le toit, et dont le chef Jeremy Claudepierre va inscrire les fruits et légumes de la ferme sur sa carte, le principal débouché sera la société Serenest, qui gère les restaurants d'entreprises de Vinci, Boursorama, Orange ou celui de la Croix-Rouge, en pariant sur "95% de produits frais".

"On a déjà cueilli plusieurs centaines de barquettes de fraises pour nos restaurants, c'est un bon début", déclare à l'AFP Philippe Granatini, son PDG. "En restaurant d'entreprise, après la crise sanitaire, les gens veulent de plus en plus la qualité des produits et surtout la traçabilité du local", affirme-t-il.

"s'il n'y a pas trop de grêle"



Mais pour Nature Urbaine, le démarrage s'avère rude. Les ventes de légumes ne représentant qu'une petite moitié des revenus attendus, la société comptait surtout sur des prestations événementielles (location d'espaces, ateliers...) pour rentabiliser son exploitation. Le confinement a pour l'instant réduit à néant cette ambition.

Le climat s'est aussi mis de la partie. D'abord le vent, qui souffle tout le temps sur le toit et fragilise les végétaux. Puis la grêle, le soir du 3 juin. Résultat: les fraises tombées au sol, la moitié des plants de tomates dévastés, et les feuilles de blettes déchiquetées, pas vendables. Sans compter les altises (des petits coléoptères, NDLR) qui ont mangé la roquette.

"La première année d'exploitation va être très, très déficitaire", note M. Hardy, qui affirme néanmoins rester confiant dans son système "tout terrain".

"Les fermes urbaines verticales en intérieur sont beaucoup plus coûteuses en énergie et la plupart ne rentabilisent pas leurs investissements", constate-t-il, "alors que nous pensons y arriver en quelques années... s'il n'y a pas trop de grêle".
 

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