Auteur :
Matthieu Guinebault
Matthieu Guinebault
Publié le
14 sept. 2012
14 sept. 2012
Accord Europe/Pakistan : professionnels et politiques réagissent
Auteur :
Matthieu Guinebault
Matthieu Guinebault
Publié le
14 sept. 2012
14 sept. 2012
Le Pakistan pourra jusqu’à fin 2013 exporter à droit nul vers l’Union européenne quelque 75 types de biens, incluant l’habillement, le lin, le cuir ou encore le textile. Un secteur qui représente déjà 60% des exportations pakistanaises vers l’U.E., et fait du pays le 5ème fournisseur de l’Europe. La mesure était combattue depuis de longs mois par les professionnels européens, insatisfaits aujourd'hui des mesures de protection ajoutées au texte.
Le Parlement Européen - Photo: AFP |
sur le site de l'institution (à partir de la page 289)
Ainsi, dans les domaines du textile, de l’habillement, de l’éthanol et du cuir, une clause stipule que l’Union pourra réintroduire des droits d’entrée si la hausse des importations excède 25%. En outre, l’Europe pourra mettre fin aux préférences si le Pakistan venait à restreindre ses exportations de matières premières dans des secteurs concernés par le nouveau règlement, notamment les peaux d’animaux.
Un autre levier porte sur les droits de l’homme, les aides pouvant être stoppées "si le Pakistan adopte des mesures propres à restreindre l’exercice des droits de l’homme et des droits du travailleur, l’égalité hommes-femmes et l’exercice des droits religieux, ou qu’il apporte un appui ou soutien à des organisations terroristes".
Le procédé n’a pas divisé que les professionnels européens. Il a également fait débat chez les élus. Le texte a néanmoins été adopté avec 342 voix pour, face à 97 voix contre. Le vote a connu 165 abstentions. "Une minorité significative des députés se sont abstenus lors du vote car, selon eux, la politique commercial de l’UE ne devrait pas être utilisée comme instrument d’aide humanitaire", indique un communiqué du Parlement européen.
Pour Michele Tronconi, président de la SMI (fédération italienne du textile et de la mode), ce vote est tout simplement scandaleux. "Le fait demeure que les institutions communautaires continuent de prouver qu’elles ploient facilement devant la "real-politique" des pays restés à l’écart de l’euro – parce qu’il est clair que les motifs d’ordre humanitaire ne sont qu’un prétexte – tandis que les gouvernements des pays qui paient la facture ne semblent pas en mesure de revendiquer des indemnisations pour soutenir leur économie réelle".
Une usine textile de Faisalabad - Aamir Qureshi/AFP |
Un point de vue partagé par la députée italienne Cristina Muscardini, vice-présidente de la commission du commerce international. "L’aide à des pays sinistrés ne doit pas entraîner la pénalisation d’une industrie manufacturière européenne déjà troublée, en particulier dans le textile".
"Un tel soutien est pervers et biaisé" a pour sa part réagi le député européen socialiste Henri Weber. "Car il revient à faire payer à quelques-uns en Europe – le secteur du textile au Portugal, en Espagne et en Italie – une solidarité avec le Pakistan que nous devrions assumer collectivement. Par ailleurs, en ne ciblant que quelques secteurs d’activités, nous n’aidons pas l’ensemble des Pakistanais".
Il n'y a pas qu'en Europe qu'une opposition au texte s'était forgée. Inquiets face aux effets d’une telle mesure sur leurs propres exportations vers l'Europe, l’Inde, le Bangladesh, l’Indonésie, le Brésil et l’Argentine avaient tenté de bloquer le texte devant l’OMC. En vain. La mesure sera désormais appliquée dès publication au journal officiel.
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