Matthieu Guinebault
6 août 2015
Accord transpacifique : échec des discussions à Hawaï
Matthieu Guinebault
6 août 2015
Douze pays de la zone Pacifique, pesant 40 % du PIB mondial, poursuivent la tâche complexe de s’entendre sur les conditions d’un libre-échange. Un travail presque terminé, selon le secrétaire d’Etat américain John Kerry, qui parle d’un accord historique. Pourtant, la réunion tenue le 1er août à Hawaï n'aurait pas permis de trouver un accord. Les acteurs du textile et de l’habillement suivent le dossier de près.
Le Trans-Pacific Partnership (TPP) repose en fait sur l’adoption en 2005 du Trans-Pacific Strategic Economic Partnership Agreement entre la Nouvelle-Zélande, le Chili, Singapour et Bruneï. Ils étaient rejoints en 2010 par l’Australie, la Malaisie, le Pérou, le Vietnam et les Etats-Unis. Et ce sont ces derniers qui proposèrent de lancer les négociations du TPP, rejoints au passage par le Canada, le Japon, et le Mexique.
L’un des objectifs de cet accord est, pour les pays occidentaux, de se défaire de l’omniprésence des produits Made in China. L’ensemble des acteurs concernés y voient en outre une opportunité de renforcer leurs exportations, avec un avantage certain sur l’Empire du Milieu. En 2013, l’Office américain du commerce estimait à 10 milliards de dollars les biens textiles vendus aux pays du TPP. Des biens qui faisaient face à des taxes douanières pouvant atteindre 20 % de leur valeur.
Les Etats-Unis comptent en outre se rendre moins dépendants du Mexique. Dans le cadre des accords commerciaux régionaux actuels, la moitié des textiles Made in America sont envoyés au sud du Rio Grande, où ils sont transformés en vêtements, avant d’être réexpédiés vers les Etats-Unis. Un transit libre de droits de douane. Certains professionnels craignent que le TPP ne se fasse au détriment de ce business model sur lequel reposent 57 milliards de dollars de chiffre d’affaires et 1,5 million d'emplois.
L'Institut Peterson, qui prévoit une progression supplémentaire de 46 % des exportations d'ici à 2025 si l’accord est adopté, prédit ainsi sans surprise que les grands perdants seront le Mexique et la Chine. Le Vietnam pourrait pour sa part être le principal bénéficiaire du procédé, récupérant une part accrue des échanges. Et notamment dans le footwear, dont il a fait une de ses spécialités.
Selon les données du groupement Footwear Distributors and Retailers of America, la quasi-totalité des chaussures vendues aux Etats-Unis sont produites à l’étranger. Celles-ci doivent s’acquitter de taxes allant de 25 % et 35 % pour entrer sur le territoire américain.
Mais, avec des chaussures produites au sein du TPP pesant 400 millions de dollars en taxes d’importations sur l’année 2014, les projections se multiplient autour des conséquences de l’accord.
De même sur les investissements : le Vietnam fait état d’une hausse de 9,6 % des investissements étrangers depuis le début de l’année.
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