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18 janv. 2016
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Adidas : Kasper Rorsted, "Monsieur Parfait" du patronat allemand

Publié le
18 janv. 2016

Kasper Rorsted, bientôt 54 ans, physique avantageux, allemand et anglais impeccables - qui contrastera pour ce dernier avec celui plutôt hésitant de l’actuel patron d’Adidas Herbert Hainer - a une image de « Monsieur Parfait » dans le cénacle des grands patrons allemands.

Kasper Rorsted - Henkel


En 2008, il avait pris la tête de Henkel. Il était entré dans cette société en 2005 après une carrière dans l’informatique, chez Oracle puis Compaq, où il a occupé plusieurs postes de direction, et enfin Hewlett Packard, d’où il a été chassé par la patronne de l’époque, Carly Fiorina.

Il n’a pas été en manque d’offres d’emploi dans la phase qui a suivi et, des douze qui lui sont parvenues, il a choisi la seule qui ne provenait pas du secteur informatique : celle du fabricant de cosmétiques (Diadermine), de colles (Loctite) et de lessives (Le Chat) Henkel. « Il fallait que je recommence de zéro », a-t-il raconté plus tard.

Chez Henkel, il s’est attaché entre autres à tailler dans la jungle des centaines de marques du conglomérat et à poursuivre son internationalisation. Henkel réalise à présent plus de 85 % de son chiffre d’affaires hors d’Allemagne. Sous sa direction, le groupe de Düsseldorf a surtout fait passer la part des pays émergents dans ses activités de 34 % à 44 %. Sur son dernier trimestre, il annonçait d'ailleurs des profits records et de belles progressions sur ces marchés.

Autre point fort de son bail à la tête d'Henkel : sa politique de croissance externe. Il a procédé à plusieurs acquisitions, comme en France celle de Spotless, fabricant de l’Eau écarlate et du K2R. Mais sa stratégie de rachat d'entreprises parfois plus modestes, mais possédant des savoir-faire uniques ou complémentaires, a aussi été remarquée. Récompense de sa stratégie, le cours de l’action Henkel a été multiplié par quatre depuis 2009 alors que le chiffre d'affaires atteignait 16,428 milliards d'euros. Des performances repérées par les dirigeants et investisseurs outre-Rhin.

Atypique et moderne

Son physique juvénile (entretenu par la passion du sport de ce fan de football et ex-joueur de l’équipe nationale junior de handball de son pays) et son origine scandinave, volontiers synonyme en Allemagne de progressisme, lui ont vite attiré les qualificatifs de dirigeant atypique et moderne.

Ce père de quatre enfants y a contribué en se posant en défenseur des femmes dans les étages de direction, en positionnant Henkel comme marque « durable » ou encore en affirmant ne pas consulter ses courriels professionnels le week-end.

Il a aussi organisé Henkel pour aborder les questions de l'e-commerce et de la digitalisation des activités en interne. Un challenge de poids dans un groupe vieux de plus de 150 ans.

Tout atypique qu’il soit, il est bien ancré dans le gotha des dirigeants d’entreprise allemands, en tant que membre, aux côtés notamment de Herbert Hainer, du très sélect club de patrons amateurs de performance sportive extrême, les « Similauner ».

Pour l’hebdomadaire Die Zeit, sa marque de fabrique en tant que manager est le résultat d’un savant dosage entre les archétypes des cultures qui l’ont marqué : « le Danois facile d’accès », « l’Américain ambitieux » - il a étudié outre-Atlantique, entre autres à Harvard - et « l’Allemand discipliné ». « En revanche, la personne Rorsted est plus difficile à appréhender », notait l’auteur d’un long portrait de lui, assimilant son débit très rapide de paroles et ses phrases courtes et ciblées aux caractéristiques d’une « machine ».

Ce critère n'a pas effrayé le comité de supervision du groupe Adidas qui recherchait un profil pour prendre le relais de 15 années d'Herbert Hainer. Le nom de Kasper Rorsted comme prétendant au poste de numéro un chez le géant du sport-lifestyle avait circulé durant plusieurs mois avant sa nomination. Il arrive pour écrire une nouvelle page du groupe. Peut-être à un moment idéal, car chez Nike aussi se pose la question de la transmission des responsabilités à l'échelon le plus élevé.

Le Danois et son futur employeur ont au moins un point commun : le Bayern Munich, dont l’un est fan et l’autre partenaire historique. Il y a d’ailleurs fort à parier que Kasper Rorsted prendra la place de Herbert Hainer au conseil de surveillance du prestigieux club bavarois. Une conséquence agréable de sa nouvelle fonction pour celui qui, de son propre aveu, ne s’intéressait « qu’au football » quand il était gamin.

Olivier Guyot avec AFP

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