AFP
20 sept. 2010
Affaire Bettencourt: sous pression, L'Oréal rompt ses contrats avec Banier
AFP
20 sept. 2010
PARIS, 20 sept 2010 (AFP) - L'héritière de L'Oréal, Liliane Bettencourt continue de prendre ses distances avec François-Marie Banier, avec la rupture des contrats liant le groupe de cosmétiques au photographe, sous la pression conjuguée d'actionnaires, de syndicats et face aux risques pour l'image de la société.
![]() François-Marie Banier - Photo : Miguel Medina/AFP |
La société Héricy, créée en 1996 par M. Banier, était liée à L'Oréal jusqu'en 2011 et 2012 par un contrat et une convention qui lui garantissaient le versement chaque année de plus de 700.000 euros.
Le groupe a indiqué lundi à l'AFP qu'"il a été mis un terme à ces contrats car, à lui seul, le bruit médiatique qui s'est développé autour de François-Marie Banier rendait leur poursuite préjudiciable à L'Oréal".
Selon une source proche du dossier, cette rupture s'est déroulée "sans problème".
Dans un autre volet du dossier Bettencourt, M. Banier est soupçonné d'"abus de faiblesse" sur la première actionnaire du groupe à la suite d'une plainte de sa fille Françoise Bettencourt-Meyers.
Déjà cet été, l'héritière avait révoqué de son titre de légataire universel le photographe, qui devait toucher plus d'un milliard d'euros après son décès. "Liliane Bettencourt a estimé qu'elle avait déjà beaucoup donné à M. Banier", avait fait valoir l'avocat de la milliardaire.
Fin août encore, la direction de L'Oréal persistait à dire que l'affaire Bettencourt n'avait pas de conséquence sur "la marche de l'entreprise".
L'annonce de la fin des contrats a été faite aux représentants du personnel lors d'un comité central d'entreprise (CCE) de L'Oréal SA à Clichy (Hauts-de-Seine).
Sans doute l'un des éléments déclencheurs a été la plainte contre X pour abus de biens sociaux déposée début juillet à Paris par Michel Tiphineau, actionnaire du groupe, à propos de ces contrats signés en 2001 ou 2002.
Lors de la présentation des résultats semestriels le 26 août, le directeur général de L'Oréal, Jean-Paul Agon, avait encore assuré qu'il y avait "un vrai service donné par François-Marie Banier" à l'entreprise, et avait jugé la plainte de l'actionnaire "infondée".
M. Tiphineau doit être entendu mercredi à la brigade financière, alors qu'une enquête préliminaire est en cours, a indiqué son avocat, Me Frédérik Canoy, qui affirme défendre une soixantaine de petits actionnaires.
Pour Me Canoy, la rupture des contrats est "l'aveu qu'ils étaient fictifs et que le travail de M. Banier n'avait aucune réalité".
D'après lui, le premier contrat, conclu pour une durée de dix ans, portait sur du "conseil artistique" et le second, reconduit de trois ans en trois ans, sur la mise en valeur de L'Oréal lors des expositions du photographe.
Ces contrats ont été révélés par la presse cet été. "En existe-t-il d'autres?", se demande l'avocat.
Les actionnaires ne sont pas les seuls à s'interroger sur l'usage des fonds de L'Oréal. Les syndicats de la société avaient fait mettre à l'ordre du jour du CCE lundi une question sur les services réellement fournis par M. Banier.
"Il semble qu'il y ait eu une réelle prestation derrière - des livres d'art ou des expositions y compris à l'étranger où il citait L'Oréal - et on n'a rien à dire là-dessus", affirme Georges Liarokapis (CFE-CGC). Mais si L'Oréal n'avait pas rompu les contrats, ajoute-t-il, "on ne l'aurait pas compris" vu "l'affaire médiatique".
Le directeur des relations sociales de L'Oréal n'a pas précisé si des indemnités avaient ou non été versées à M. Banier à la suite de cette rupture.
Les syndicats ont profité de la réunion pour faire valoir leurs revendications salariales car, souligne la CGT, "il y a de l'argent".Par Anne-Pascale REBOUL
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