17 mars 2014
Alibaba: vers une introduction en bourse d'envergure au 3ème trimestre
17 mars 2014
Le géant chinois du commerce en ligne Alibaba est en train d'accélérer ses préparatifs pour une introduction en bourse. Il pourrait en effet prendre la suite du réseau social local Weibo, dont il était entré au capital l'an dernier à hauteur de 18 % environ. Le "Twitter chinois", a en effet dévoilé un projet d'entrée à la Bourse de New York, qui lui permettrait de lever 500 millions de dollars et d'accélérer sa croissance. Un test important pour Alibaba.
L'opération aurait toutefois une toute autre envergure, puisqu'Alibaba pourrait tenter selon les médias de lever au moins 15 milliards de dollars. Il rivaliserait ainsi avec le réseau social Facebook, jusqu'ici la plus grosse introduction en Bourse dans le secteur technologique à New York avec 16 milliards de dollars levés en mai 2012.
D'après des sources proches du dossier citées vendredi par le Wall Street Journal et le New York Times, Alibaba pourrait enregistrer un premier projet d'introduction auprès des autorités boursières américaines en avril, et faire ses premiers pas sur le marché au troisième trimestre. En parallèle, l’entreprise développerait sa marketplace américaine, sous le nom 11Main. Là encore un enjeu de taille pour le groupe, dont la valeur est estimée actuellement à quelque 112 milliards d’euros par Bloomberg.
Weibo dévoile sa stratégie
En attendant, Weibo annonce de son côté vouloir introduire des certificats de dépôt (American Deposit Shares, ADS) soit sur le New York Stock Exchange, soit sur la plateforme électronique Nasdaq, selon un document publié sur le site internet du gendarme boursier américain (SEC). Comme il est de coutume à ce stade de la procédure, la date de l'opération et ses modalités précises ne sont pas encore déterminées. Weibo se fixe toutefois l'objectif provisoire d'une levée de fonds de 500 millions de dollars.
La société veut en consacrer la moitié à rembourser des prêts consentis par son plus grand actionnaire, le géant chinois de l'internet Sina avec lequel il conservera toutefois des liens importants. Le reste des recettes servira à "investir dans le développement de nos technologies, infrastructures et produits, à étendre nos efforts de vente et de marketing", et pour éventuellement "acquérir des activités, produits, services ou technologies complémentaires" en plus de ceux dont Weibo dispose déjà.
"Phénomène culturel" en Chine
Weibo a été lancé en août 2009, avec un modèle de fonctionnement qui rappelle énormément celui de Twitter, alliant des services de microblogs et des fonctionnalités de networking.
Weibo permet comme son grand frère américain d'écrire des messages courts, en 140 caractères. A ceci près qu'il s'agit chez lui de caractères chinois. Le service a connu en quatre ans une forte croissance, devenant très populaire en Chine mais aussi parmi les communautés chinoises de 190 pays: il revendiquait au total 129,1 millions d'utilisateurs actifs mensuellement en décembre, dont 61,4 millions qui utilisaient ses services quotidiennement.
Rien que sur ce mois, plus de 2,8 milliards de messages ont été partagés sur ce réseau, dont 2,2 milliards incluant des images, 81,7 millions avec de courtes vidéos, et 21,5 millions avec de la musique. "Weibo est devenu un phénomène culturel en Chine" et "permet aux gens de se faire entendre publiquement et d'être exposés aux idées, aux cultures et aux expériences du vaste monde", affirme-t-il dans son document boursier.
Weibo a presque triplé son chiffre d'affaires l'an dernier, à 188 millions de dollars contre 66 millions en 2012. Il est déficitaire, mais sa perte nette a été ramenée en un an de 102 millions à 38 millions de dollars. A titre de comparaison, Twitter, entré en Bourse en novembre, a accusé l'an dernier une perte de 645 millions de dollars pour un chiffre d'affaires de 665 millions de dollars, et revendiquait 241 millions d'utilisateurs mensuels fin décembre.
Weibo rappelle avoir commencé à monétiser ses services seulement en 2012, avec des revenus provenant essentiellement de la publicité (79 % en 2013), et dans des proportions moindres de jeux et d'abonnements VIP payants. Comme Twitter au moment de son entrée en Bourse, Weibo prévient qu'il pourrait ne pas devenir ou rester rentable. Il souligne avoir "une histoire limitée sur un marché nouveau" et être confronté à "une forte concurrence".
Matthieu Guinebault avec AFP
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