American Apparel : le fondateur écarté augmente sa participation

New York, 1 juil 2014 (AFP) - La bataille entre le groupe textile américain American Apparel et son fondateur écarté Dov Charney s'est intensifiée mardi, après l'augmentation de la participation de ce dernier, en catimini, dans le but de reprendre le contrôle.

Dov Charney a porté à près de 43% (42,98%) sa participation dans le capital de la société qu'il a fondée en 1989, selon un document boursier consulté mardi.

Jusqu'à son éviction sans ménagements le 19 juin par le conseil d'administration, il détenait 27% du capital.

Dov Charney s'est associé au fonds d'investissement américain Standard General, qui s'est engagé à lui accorder un prêt pour racheter 10% du capital d'American Apparel, dont une grande partie de la production est effectuée dans son usine de Californie (ouest des États-Unis). Cet accord, qui porte sur cinq ans, a été dévoilé au gendarme de la Bourse (SEC) le 27 juin, soit un jour avant qu'American Apparel adopte un plan anti-OPA destiné à bloquer les assauts de son fondateur.

Cette "pilule empoisonnée", le surnom donné aux Etats-Unis à ce type de dispositif, doit permettre pendant un an de "limiter la possibilité pour toute personne ou groupe, y compris Dov Charney, de prendre le contrôle de l'entreprise sans dédommager de manière appropriée tous les actionnaires", avait indiqué le groupe le 28 juin.

Le plan anti-OPA sera déclenché dès qu'un investisseur dépassera le seuil de 15% des actions ordinaires d'American Apparel ou, s'il en détient déjà au moins 15%, en achète 1% de plus.

Les "pilules empoisonnées" permettent de faire face à un franchissement de seuil par l'émission massive de nouvelles actions, de manière à diluer totalement la participation du repreneur potentiel, ce qui a un effet très dissuasif.

Dov Charney a convoqué une réunion extraordinaire du conseil d'administration pour le 25 septembre, afin d'augmenter le nombre de membres siégeant dans cette instance, selon les documents boursiers.

Le groupe textile a aussitôt rejeté cette demande "indécente", faisant valoir que son ex-président ne disposait plus des pouvoirs nécessaires pour le faire, selon des documents boursiers.

Les analystes prévoient une bataille longue. Dans la foulée des annonces, l'action a rebondi de 2% à 0,86 dollar dans les échanges électroniques suivant la clôture de Wall Street mardi, après une nouvelle séance désastreuse (-3,33%). Elle reste toutefois loin des 15 dollars atteints à son plus haut.

Le calvaire boursier d'American Apparel a fini par provoquer une rupture entre Dov Charney et le conseil d'administration, qui l'a remplacé par un triumvirat.

Depuis ses débuts à Montréal jusqu'à son installation à Los Angeles, American Apparel a connu une forte croissance, alimentée par des publicités souvent sulfureuses.

Mais ces dernières années, ses finances battent de l'aile: la marque a encore perdu l'an dernier 106,3 millions de dollars pour des ventes de 633,9 millions. Elle avait déjà été déficitaire de 37,3 millions en 2012 et de 39,3 millions en 2011.

Les frasques de son fondateur n'ont pas non plus aidé, selon la presse américaine. Dov Charney a notamment fait la Une des journaux à scandale pour son exhibitionnisme.