Oliviero Toscani

ROME, 26 sept 2007 (AFP) - "Il n'y a pas de photo-choc, il n'y a que la réalité qui choque", a déclaré mercredi 26 septembre le photographe italien Oliviero Toscani, dont l'image d'une jeune femme anorexique pour une campagne contre cette maladie a suscité une polémique en Italie.

• Pourquoi avoir choisi le thème de l'anorexie pour cette campagne parrainée par la marque de vêtements italiens "No-l-ita", après ceux du racisme et du sida pour les campagnes de Benetton ?

"En travaillant dans le milieu de la mode, on prend conscience du problème. C'est ce milieu qui pousse les femmes à se mettre au régime, à devenir maigre. [...] J'ai étudié cette maladie lorsque j'ai réalisé un court-métrage sur une jeune fille de seize ans souffrant d'anorexie qui a été présenté au festival du film de Locarno en 2006. Pour la photo, j'ai trouvé la française Isabelle Caro grâce à un casting. Elle n'est pas mannequin mais actrice".

• Certains spécialistes de cette maladie ont jugé cette photo néfaste craignant que les anorexiques ne prennent l'actrice pour modèle. Qu'en pensez-vous ?

"En voyant mon affiche, les filles atteintes d'anorexie devraient se dire qu'elles doivent arrêter de maigrir. Mon affiche ne représente aucun danger pour elles. [...] Lorsque l'on fait quelque chose d'extrême, il y a toujours des gens pour s'y opposer. Le résultat est là, tout le monde en parle. Il n'y a pas de photo-choc, il n'y a que la réalité qui choque".

• Est-ce que vous vous sentez particulièrement concerné par cette maladie ?

"Je ne suis ni choqué, ni touché par l'anorexie. Je suis un simple témoin de mon temps, un photographe, qui à la manière d'un reporter s'interroge sur des faits de société qui l'interpellent. Je ne suis pas un missionnaire mais un journaliste qui fait son travail. Aucune part des profits générés par cette publicité ne sera reversée aux associations qui luttent contre la maladie".

Un homme lit la Repubblica le 24 septembre à Rome Photo : Alberto Pizzoli/AFP