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9 mai 2015
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Anti-Fashion de Li Edelkoort : un air de nostalgie...

Publié le
9 mai 2015

Il y a quelques mois, la prêtresse néerlandaise de la mode, Li Edelkoort, brisait les tabous dans un manifeste, Anti-Fashion, qui a dérangé au fur et à mesure de sa propagation la planète mode. Evidemment, puisqu’elle la mettait face à sa réalité et ses responsabilités et, selon elle, son autodestruction.

Li Edelkoort - visuel edelkoort.com

Elle est revenue sur son analyse dans Libération Next ce week-end avec un propos ravageur qui, pour être documenté, étayé et convaincant, ne sera peut-être pas reçu à la hauteur de ce qu’il faudrait.
 
D’abord, qui est Li Edelkoort ? Une sorte de gourou de la mode là où Karl Lagerfeld par exemple est une icône. Une icône est une représentation. Un gourou est celui qui imprime la pensée des autres.

Li Edelkoort, via son bureau Trend Union, a joué ce rôle durant des décennies quand les agences de tendances imprimaient leur marque auprès des créateurs, des marques et des enseignes. L’époque n‘est pas révolue, certes. Mais la mode s’est fondue dans la masse via Internet, les réseaux sociaux et tutti quanti. En clair, les créateurs, qui créaient la mode, n’en sont aujourd’hui que des acteurs parmi d’autres.
 
Mais écoutons Li Edelkoort. « Aujourd’hui, la mode ne contient aucun message, elle n’a rien à dire. La Silicon Valley a produit la première génération de milliardaires en short et sweat-shirt, des gens qui n’ont jamais possédé le moindre costume. Pour beaucoup de gens, un tee-shirt net et un pantalon bien coupé représentent leur concession maximum au style », déclare-t-elle à Libération Next. Et d’insister : « Ce qui autrefois était appelé la mode n’existe plus », clame-t-elle.

Et, encore, de faire allusion aux défilés d’aujourd’hui : « L’invitation est splendide, papier couché, impression classique. L’enveloppe est manuscrite en un ultime témoignage de l’effort humain héroïque. Le défilé est expédié en quatorze minutes, additionnées de trente minutes d’attente et de quarante-cinq minutes pour le taxi qui vous conduit au prochain site. Des artistes ont transformé le podium en œuvre d’art conceptuelle. Cela coûte des centaines de milliers d’euros. Pour qui a vu un défilé Thierry Mugler, ces quatorze minutes ne peuvent faire l’affaire», explique-t-elle.
 
C’est oublier que la qualité des invitations, le temps d’attente avant et le temps de transfert après, n’étaient pas différents. Seule différence : la mode présentée…  Et Li Edelkoort d’insister dans Next : « Aux jeunes consommateurs, on enseigne que la mode est jetable, qu’un vêtement s’abandonne comme un préservatif avant de l’aimer, de l’apprécier, de s’y attacher. Cela détruit la culture de la mode. Si les jeunes décidaient d’un boycott général, ce serait ravageur. »
 
Mais l’auteur d’Anti-Fashion déclare aussi à la fin de l’interview de Next : « Il y a en ce moment en France un mouvement de prêt-à-porter d’une vitalité incroyable. Sur les traces d’Agnès b., les Français ont pris une direction intéressante. Entre luxe et volume, ils ne créent pas la mode, mais fabriquent de jolis vêtements destinés à des filles et garçons ayant un style inné. »

Et de citer A.P.C., Isabel Marant, Paul&Joe, Paule Ka, Maje, Vanessa Bruno, Sandro, The Kooples, Comptoir des Cotonniers, Zadig & Voltaire… « Tous font leur chemin humblement. Comme ils ne dépensent pas de sommes folles en budget publicitaire, ne lancent pas de parfums, on ne parle pas beaucoup d’eux ». Et d’insister : « La presse féminine ignore leurs produits… Ces marques savent cibler leur clientèle, utilisent des textiles intéressants et ne font pas tout fabriquer en Asie. »

Outre le fait que ces labels n'ont pas tous le même chemin et les mêmes ambitions, on est loin de Thierry Mugler... 

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