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Les echos
Publié le
17 janv. 2011
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Arnaud Mulliez (Auchan) : «Je crois fortement que le commerce de demain sera multicanal»

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Les echos
Publié le
17 janv. 2011

Comment allez-vous célébrer les 50 ans d'Auchan?
Nous allons célébrer tout au long de cette année du cinquantenaire les générations Auchan, les générations d'actionnaires, de clients, de collaborateurs. En interne, nous allons par exemple installer dans chaque magasin une frise relatant les 50 moments-clefs de l'histoire du groupe. Nous allons aussi lancer une consultation interne pour relooker la signature de groupe Auchan. Il y aura également un concours entre les hypermarchés des 12 pays sur le plus beau plateau saisonnier. En matière de développement durable, chaque hypermarché plantera 50 arbres dans son environnement. Nous allons aussi lancer un appel à 50 projets pour demain à destination de la jeunesse par le biais des Fondations Auchan et Simply Market et proposer à chacun de nos collaborateurs de donner une heure à une association. Notre cinquantième anniversaire, c'est aussi et surtout l'occasion de s'appuyer sur notre histoire, sur 50 ans de commerce, d'innovation, de nous remémorer ce qui a fait notre succès tout en nous projetant vers l'avenir.

Mulliez, Auchan

En tant que président du conseil de surveillance d'Auchan France, mais aussi en tant que fils du fondateur Gérard Mulliez, quel phénomène vous a le plus frappé dans l'évolution de la distribution et de la consommation au cours des dernières années?
Je ne peux pas parler pour mon père. Je n'ai pas son recul. Mais je me souviens très bien du premier magasin de 600 m2, créé en 1961 à Roubaix, dans le quartier des Hauts Champs, que je fréquentais avec ma mère. L'évolution que je trouve la plus notable est celle du nombre de foyers en France. En 1968, on en comptait 15,8 millions. Il y en avait 25 millions en 2006. Avec une augmentation sensible du nombre de foyers monoparentaux. Cela a modifié les comportements en termes de consommation. Cela joue sur les logements, plus petits, comme par exemple sur les appareils électroménagers qui doivent être adaptés à une famille plus restreinte. Très concrètement, auparavant, on ne vendait que des rôtis de 1 kilo. Aujourd'hui, nous en proposons de 400 grammes. L'autre grande évolution est celle de la part de l'alimentation dans le budget. Sur la même période, nous sommes passés de 27% à 15%. C'est dû en partie aux politiques que nous avons conduites (magasins sur le modèle «Tout sous le même toit», prix discount... ), mais aussi à la hausse des dépenses contraintes. Le logement, la téléphonie, pèsent de plus en plus sur le pouvoir d'achat. De mon point de vue, le plus grand des problèmes actuels est le logement. Sinon, on sent un intérêt croissant des consommateurs pour le mieux-vivre, le développement durable, l'attention portée à la mobilité, au gain de temps. Autant de tendances auxquelles nous nous efforçons de répondre.

Pensez-vous que ces évolutions sociétales modifient les habitudes en matière de consommation ?
On nous demande chaque année de baisser les prix. On peut se demander si le consommateur ne va pas s'interroger demain sur la qualité intrinsèque des produits. En réaction à ces inquiétudes, on commence à observer le développement des produits bio ou équitables. Mais l'attitude du Français est schizophrène: il se lève le matin citoyen mais se couche le soir très consommateur, à la recherche du meilleur prix. Nous constatons une segmentation des consommateurs. 25% de la population a vraiment des difficultés quotidiennes pour vivre. C'est à eux que nous proposons des fruits et légumes à moins de 1 euros. Mais nous devons aussi satisfaire ceux qui ont moins de problèmes. Nous avons vu en 2010 qu'une partie de clients avait constaté avoir moins souffert de la crise que prévu et avait recommencé à consommer en recherchant des produits de proximité et de meilleure qualité. La difficulté est cependant que ce même consommateur fait des arbitrages. Il peut rechercher un premier prix sur certains produits tout en achetant un produit haut de gamme dans un autre rayon. Autre changement: le consommateur est de plus en plus informé. Il échange ses expériences avec d'autres à travers les réseaux sociaux, établit des comparaisons. Cela renforce la concurrence, mais la surinformation peut aussi freiner l'acte d'achat. Je pense que, dans cet ordre d'idées, il y a des petites bulles de rejet qui vont éclater.

Pensez-vous qu'avec les évolutions sociologiques, le format hypermarché est toujours le format clef de la distribution ?
Chez Auchan, nous sommes persuadés que oui. Une récente enquête de Familles rurales conclut que les supermarchés sont moins chers que les hypermarchés, mais elle n'est pas représentative. Elle porte sur 35 produits, alors que dans nos hypermarchés, il y a parfois plus de 100.000 références. Nous avons la conviction que le grand format est pertinent parce qu'il permet, justement, de présenter toute la gamme des produits que recherchent les différents consommateurs: les premiers prix, les produits à marque de distributeur, les marques nationales, mais aussi les gammes plus pointues comme le bio, les produits locaux, que chaque magasin développe, ou même des produits qui se rapprochent du luxe. Nous avons besoin de place pour exprimer toute cette offre. Les hypers proposent une solution globale, une vision panoramique. C'est leur atout. L'hypermarché, c'est aussi le lien et la mixité sociale, l'endroit où l'on peut rencontrer d'autres gens. Les centres commerciaux sont, eux, devenus des centres de vie, avec un offre commerciale, mais aussi une offre culturelle. Et cela reste une valeur forte que n'a pas le e-commerce. Ceci dit, je crois fortement que le commerce de demain sera multicanal. Les consommateurs seront en permanence connectés. Ils pourront, avec les smartphones ou les tablettes, préparer leurs courses à tout moment, comparer les prix, rechercher les promotions. Une photo ou un scan permettra d'accéder à l'intégralité de la fiche produit. Il faut s'y préparer.

Avec le recul, estimez-vous que le modèle d'actionnariat familial d'Auchan a permis le développement auquel le groupe pouvait prétendre ?
Ce modèle, qui se traduit dans nos pratiques par le partage de l'avoir, du savoir ou du pouvoir, a fait ses preuves. Bien sûr, dans notre histoire, nous avons connu des échecs, notamment à l'étranger: la Thaïlande, le Mexique, les Etats-Unis, le Maroc ou, plus récemment, Dubaï. Nous avons eu aussi raison trop tôt sur le hard discount avec Miniper 1000 Hyper. Je regrette également la complexité de nos systèmes d'information. Mais cela ne remet pas en question notre philosophie qui est basée sur l'homme. Notre réussite en Russie est due à un pionnier, Jean Mailly. La Chine, c'est Christian Clerc-Batut. Le drive a été imaginé par un chef de secteur l'un de nos employés de Leers. Je ne suis absolument pas pour la croissance externe à tout prix. La croissance verticale est dangereuse. Elle épuise les pays qui sont le socle de votre activité et que l'on ponctionne pour aller ailleurs. Pour le reste, très tôt, Gérard Mulliez, qui est quelqu'un de très généreux, a voulu partager la réussite d'Auchan. Il a instauré la participation en 1968, l'intéressement en 1972 et l'actionnariat salarié en 1977. Aujourd'hui, Nous sommes restés propriétaires de notre entreprise. C'est une sécurité. Nous pouvons travailler sereinement sur le moyen et le long terme. Quand on est en Bourse, on peut commettre plus d'erreurs parce qu'on peut toujours les réparer en faisant appel au marché. Mais l'entreprise appartient aussi à ses salariés actionnaires, 137.000 personnes au total, qui détiennent 13% du capital. Nous avons toujours voulu partager le pouvoir et il y aura toujours cela chez Auchan: chez nous, chacun peut aussi accéder aux plus hautes fonctions. Chacun à son niveau dispose d'une autonomie qui le responsabilise et qui rend son métier intéressant. Nous voulons être une pépinière d'entrepreneurs. Je crois à la sentence de Napoléon: «L'art d'être tantôt très prudent et d'être tantôt très audacieux est l'art de la réussite».

N'avez-vous aucun regret et, vous qui le connaissez mieux que quiconque, qu'est-ce qui frappe le plus Gérard Mulliez dans l'évolution de la société ?
Mon regret, c'est que nous n'ayons pas pu, ou pas su prendre le temps, de mieux parler de nos métiers, de notre métier, trop souvent caricaturé. S'agissant de mon père, je ne veux pas parler à sa place, mais je sais qu'il est toujours soucieux du développement de la personne et est très frappé par la violence et l'anonymat qui règnent dans notre société.

Pensez-vous que Auchan a encore en France un potentiel de développement ?
Bien sûr. Particulièrement dans le grand ouest, en Bretagne et dans la région parisienne. Nous espérons d'ailleurs que la réforme en cours des règles de l'urbanisme commercial facilitera notre implantation dans ces zones. Et puis, il y a nos nouveaux métiers du e-commerce qui vont aussi se développer.
PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE BERTRAND

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