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29 nov. 2021
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Assises du Commerce: comment les enseignes espèrent se faire entendre

Publié le
29 nov. 2021

Débutant le 1er décembre à Bercy, les Assisses du commerce constituent le rendez-vous incontournable de la fin d'année pour une filière qui sera réunie autour de tables rondes pendant trois semaines. Parmi tous ces acteurs (fédérations, marques, associations, municipalités…), les enseignes spécialisées sont impatientes de pouvoir présenter leurs revendications, que nous détaillent l'Alliance du Commerce et Procos.


C'est au ministère de l'économie, à Bercy, qu'auront lieu les ateliers des Assises. - Shutterstock


En premier lieu, l’heure est au rassemblement pour éviter d’aboutir à des débats stériles. "On ne doit pas opposer centre-ville et périphérie, magasins physiques et e-commerce. Avant que chacun exprime ses besoins, il faut d’abord faire comprendre aux pouvoirs publics et aux Français que le commerce est un secteur majeur pour la France, pourvoyeur d’emplois -davantage que le secteur industriel-, animateur des territoires et créateur de lien social, décrit Yohann Petiot, directeur général de l'Alliance du Commerce. En cinq ans, nous n’avons pas eu de stratégie politique ni de vrai texte dédié au commerce et à la distribution. Il est aujourd’hui nécessaire de définir un plan stratégique pour assurer la transformation du secteur à horizon 2030".

Car c’est bien du futur dont il est question, puisque ce pan d'activité, bousculé par la crise, subit des mutations depuis plusieurs années déjà. Le commerce sera assurément plus digital et plus responsable dans les années à venir, influencé par les nouvelles habitudes des consommateurs. "Mais pour cela, il faut qu’on lui donne les moyens d’aller vers un modèle plus agile et durable", soutient Yohann Petiot. Les enseignes ont pour cela besoin d’investir, et donc de dégager des fonds.

Subventions et coups de pouce fiscaux



"Le commerce est plus fragile qu’on ne le pense. Il ne faut pas faire la même bêtise qu’avec l’industrie par le passé. Pour réussir à se transformer, il est impératif que les enseignes investissent entre 3 et 6% de leur chiffre d’affaires annuel", souligne Emmanuel Le Roch, délégué général de la Fédération pour la promotion du commerce spécialisé (Procos), qui souhaitait la tenue de telles Assises depuis plus de trois ans.

Pour les aider, les chaînes de magasins demandent la création d’un dispositif d’investissement dédié aux outils logistiques et digitaux, par le biais de subventions, d’un amortissement fiscal, et/ou de crédit d’impôt. "Il n’y a pas que les PME qui ont besoin d’être soutenues. Il faut convaincre la BPI et les banques que même les plus gros acteurs ont besoin d’un accompagnement", ajoute Emmanuel Le Roch.


Pixabay


L’autre sujet majeur est celui des coûts supportés au quotidien par les enseignes. "Un modèle économique viable n’est possible que si les charges sont maîtrisées. Et pour cela il est nécessaire que l’on puisse avoir des magasins profitables, indique Yohann Petiot. Or les sujets des loyers et de la fiscalité sont à réévaluer".

L’Indice des Loyers Commerciaux (ILC), qui a augmenté de 2,6% en un an, est pointé du doigt comme actuellement "déconnecté de la réalité des chiffres d’affaires" générés par les marques. Procos et l’Alliance du Commerce souhaitent geler cet indicateur en 2022 afin de travailler à la révision de ses critères. La possibilité de réduire le dépôt de garantie, qui représente de la trésorerie immobilisée, est aussi avancée. Côté fiscalité, une modulation voire une suppression de la Tascom est notamment réclamée.

Concernant les points de vente, l’ouverture le dimanche sera sans doute mise sur la table. "Seulement 27% des communes de plus de 100.000 habitants autorisent l’ouverture des commerces 12 dimanches par an comme il est possible de le faire, a mesuré l’Alliance du Commerce. On ne demande pas une généralisation qui n’aurait pas de sens, mais une possibilité d’ouverture dominicale plus systématique aux périodes de flux importants". A savoir durant les soldes, en amont des fêtes et à la rentrée scolaire par exemple.

"Donner envie de travailler dans nos commerces"



Les forces vives du secteur sont aussi un sujet important, à l’heure ou les difficultés de recrutement saisissent les enseignes de mode (lire notre dossier). Le secteur du commerce est pourtant historiquement vecteur d'intégration pour les jeunes. "Il est important de trouver les clés pour leur donner envie de travailler dans nos commerces, à un moment où le rapport au travail se redéfinit", estime Emmanuel Le Roch. Un dispositif pérenne de soutien à l’alternance est souhaité, tout comme une simplification de l’accession aux dispositifs de formation des salariés déjà en poste. L’idée de la création d’une semaine du commerce soutenue par l’Etat, comme dans l’artisanat par exemple, est également soumise pour mettre en lumière les possibilités d’emploi du secteur.

Pour Yohann Petiot, l’objectif final est que ces discussions puissent "amener à des mesures applicables à court terme (sur le plan réglementaire), et soient en mesure d'inspirer le débat présidentiel pour de futures lois. Nous nous rendons à ces Assises avec optimisme et envie de dialoguer, mais l’évènement ne doit surtout pas être qu’un coup d’éclat !", espère-il, espérant qu’il puisse donc s’inscrire dans une stratégie d’action publique à long terme. Et Emmanuel Le Roch de conclure: "la capacité d’écoute sera primordiale, de même que la recherche de consensus". Rendez-vous en janvier pour une première restitution des travaux. 

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