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Paul Kaplan
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20 mars 2019
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Au Bangladesh, la sécurité dans les usines serait de plus en plus contrôlée par les salariés

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Paul Kaplan
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20 mars 2019

Selon les syndicats, l'année dernière, les travailleurs des usines de confection du Bangladesh ont déposé un nombre record de plaintes concernant la sécurité - 662 -, démontrant que le mécanisme mis en place par les marques de mode européennes afin d'améliorer les conditions de travail s'est révélé efficace.


Les plaintes concernant la sécurité dans les usines du Bangladesh ont atteint un sommet en 2018 - Flickr


L'Accord on Fire and Building Safety in Bangladesh (Accord sur la sécurité incendie et la sécurité des bâtiments au Bangladesh) avait été ratifié par quelque 200 marques et syndicats internationaux en 2013, après la catastrophe du Rana Plaza, qui avait fait 1 138 morts et plus de 2 000 blessés dans l'effondrement d'une usine de confection, provoquant l'indignation générale face aux mauvaises conditions de travail dans l'industrie de la mode.

L'accord juridiquement contraignant, qui concerne près de 1 700 usines, regroupe des marques de vêtements et des détaillants d'une vingtaine de pays, comme le groupe britannique de supermarchés Tesco, le groupe de mode suédois H&M et le géant allemand Adidas.

L'Accord a reçu 1 152 plaintes depuis le début de son activité en 2014, dont un grand nombre concernaient des risques d'incendie et des risques structuraux, selon un rapport publié cette semaine. Plus de 100 usines ont été déclarées inéligibles pour approvisionner ses entreprises signataires.

« Par rapport à d'autres structures de traitement des plaintes, les propriétaires prennent les plaintes déposées dans le cadre de l'Accord un peu plus au sérieux », explique Amirul Haque Amin, président de la Fédération nationale des travailleurs de l'habillement, le plus grand syndicat du Bangladesh, à la Thomson Reuters Foundation. « Ils savent que les acheteurs ont leur voix au chapitre et que s'ils ne règlent pas le problème correctement, leur entreprise risque d'en subir les conséquences. »

Le Bangladesh, qui arrive en deuxième position derrière la Chine dans le classement des fournisseurs de produits textiles aux pays occidentaux, dépend de l'industrie du vêtement pour plus de 80 % de ses exportations et environ 4 millions d'emplois.

Si la catastrophe du Rana Plaza, l'un des pires accidents industriels de l'histoire, a incité les détaillants à prendre des mesures renforcées pour protéger les travailleurs, les militants affirment que les progrès sont trop lents.

L'Accord a traité environ un tiers des plaintes reçues, allant de la violence physique et du harcèlement sexuel aux heures supplémentaires obligatoires, en passant par le non-paiement des congés maternité. Un nombre équivalent de plaintes ne relève pas de sa juridiction.

L'Accord lutte pour prolonger son mandat au Bangladesh jusqu'en 2021, comme convenu par ses signataires, date à laquelle il sera remplacé par un organisme national de réglementation. L'an dernier, une Haute Cour avait ordonné la fin de l'Accord, à la suite d'une requête déposée par un fabricant de prêt-à-porter, une décision portée en appel devant la Cour suprême. Une audience doit avoir lieu le 7 avril.

« C'est une plateforme solide », estime Kalpona Akter, directrice du Bangladesh Center for Worker Solidarity, un autre syndicat de travailleurs. « D'après les cas que j'ai vus, je peux affirmer que chaque fois qu'une plainte est résolue par l'Accord, cela établit un précédent au sein de l'usine. »

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